FÉLIX Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, a instruit Rubins Mikindo Muhima, le ministre d’État et ministre des Hydrocarbures ; Eustache Muhanzi Mubembe, le ministre d’État, ministre des Ressources hydrauliques et de l’Électricité ; ainsi que José Sele Yalaghuli, le ministre des Finances ; de « finaliser dans les plus brefs délais tous les aspects de ce dossier, notamment juridiques et les autorisations nécessaires à la valorisation du gaz naturel des concessions se trouvant dans l’on-shore du bassin de la côte atlantique actuellement exploité par la société Perenco Rep. Pour le président de la République, la valorisation du gaz congolais est essentiel pour le développement du pays, a fait savoir David Jolino Diwanpovesa Makelele Ma-Musingi, le porte-parole du gouvernement, à l’issue du 44è Conseil des ministres.
Gros plan sur le secteur
Le secteur pétrolier et gazier de la République démocratique du Congo est mal noté : 84è place sur 89 pays évalués dans le cadre de l’Indice de gouvernance des ressources naturelles/RGI 2017. Les défavorables conditions générales de gouvernance et l’absence de transparence dans la gestion des revenus sont à l’origine de ce mauvais résultat. À côté du secteur minier plus ou moins bien développé, les ressources pétrolières et gazières de la RDC restent grandement sous-exploitées.
Le secteur gazier de la RDC est un des plus faibles au monde de par son impact local et le partage des revenus qu’il génère. Pour nombre de spécialistes, il semble plutôt étrange que la RDC n’ait jamais vraiment développé d’industrie gazière ou ne semble même jamais intéressée à en développer une, malgré ses réserves éventuelles. Est-ce par manque de volonté politique ou par manque de vision économique ? C’est vrai que la production du gaz peut apporter d’énormes revenus au pays, sans oublier la production de l’électricité pour alimenter les ménages et l’industrie.
Perenco Rep, le producteur franco-britannique de pétrole avait récemment annoncé un projet de vente de l’énergie électrique aux industries du Grand Katanga. La compagnie pétrolière avait à cet effet précisé qu’elle va engager 250 millions de dollars pour transformer le gaz produit lors de l’extraction du pétrole brut au large de Muanda en énergie électrique. D’après Yvonne Mbala, la directrice de Perenco, le projet consiste à produire l’électricité en appui aux centrales hydroélectriques d’Inga. « Le gaz à exploiter proviendra de 4 zones dont la Perenco détient des permis d’exploitation (trois permis pour la côte et un permis pour l’espace maritime).
Le projet est prévu d’être opérationnel d’ici 2021. La centrale aura une capacité de 200 MW. Perenco vise les mines du Katanga mais aussi les cimenteries dans la province du Kongo-Central ainsi que des ménages et autres entités intéressées. À Muanda, la compagnie pétrolière utilise le gaz pour alimenter les générateurs de la centrale de Kinkazi et fournit de l’électricité à quelque 70 villages. Dans les zones pétrolières exploitées par Perenco, il y a des réserves estimées à 20 milliards de m3 (offshore) et 10 milliards en on-shore. Pendant l’exploitation du pétrole à Muanda, le gaz est brûlé par torchère.
Concernant l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu (65 milliards Nm3), le Rwanda l’exploite déjà et produit de l’électricité à travers Kivu Watt. En RDC, Kivu Lake Energy Corporation (KLEC) s’est positionnée, tout comme Engineering Procurement & Project Management (EPPM) pour l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu en vue de la production de l’électricité.
Selon les experts, l’exploitation du gaz naturel représente une opportunité phénoménale pour l’Afrique. Elle peut devenir un moteur essentiel pour la croissance économique et, plus largement, pour le développement social, ainsi qu’un atout majeur pour la croissance de l’emploi local et le développement de l’infrastructure. La demande globale de gaz naturel liquéfié devrait doubler dans le monde en 2040.
À cette échéance, elle devrait atteindre 700 millions de tonnes, selon les prévisions de Shell dans ses perspectives annuelles du marché. Malgré les difficultés actuelles sur le marché, le GNL continuera à jouer un rôle important dans un système énergétique à faible teneur en carbone. L’Asie continuera à jouer le rôle de principal acteur de la demande au cours des prochaines années, générant ainsi plus de la moitié de la demande. Et l’Afrique jouera un rôle non négligeable dans l’approvisionnement du marché global grâce à la mise en production de projets phares en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et en Afrique de l’Est. La demande mondiale de GNL a augmenté de 12,5 % pour atteindre 359 millions de tonnes l’année dernière.
Industrie du gaz
Selon la réglementation en vigueur en RDC, l’importation et la commercialisation du gaz est un acte générateur de recettes relevant du ministère des Ressources hydrauliques et de l’Électricité, tandis que la certification des réserves gazières, l’octroi de permis de recherche et de production sont du ressort du ministère des Hydrocarbures.
En 2014, dans le cadre du forum économique I-PAD, Miguel Azevedo, alors directeur général de Citibank pour l’Afrique subsaharienne, avait proposé aux autorités de la RDC de se pencher sur les grandes perspectives du développement de l’industrie du gaz et du pétrole plutôt que de considérer toujours l’industrie minière comme moteur du développement du pays.
Il n’y a pas que Perenco qui se propose d’exploiter le gaz naturel. La Minière de Bakwanga (MIBA) ainsi que des sociétés privées sont intéressées par l’exploitation du gaz naturel. Depuis 2018, par exemple, Coete Gaz vulgarise l’utilisation du gaz liquéfié ainsi que sa distribution dans des bonbonnes à des fins domestiques, comme substitut au bois de chauffe et au charbon de bois. Coete Gaz prévoit également l’implantation des terminaux gaziers. Groupe Promo Congo a aussi un projet d’électrification de la ville de Kinshasa, moins dépendante de la centrale hydroélectrique d’Inga. Le projet consiste à l’installation de quatre centrales thermiques modernes à gaz, de puissance unitaire de 100 MW. Le coût d’une centrale : 137 millions de dollars avec un délai de réalisation d’une centrale de moins d’une année. Pour sa part, Cornestone Group, spécialisée dans le BTP, développe un projet d’installation dans les immeubles, à titre résidentiel ou commercial, d’un réseau de gaz, à l’instar de l’électricité (SNEL) ou de l’eau (REGIDESO).