LES CONVULSIONS du pays qui ont été manifestées lors des élections de décembre 2018 sont toujours là. Depuis 2016, les Congolais jugent sévèrement, jamais comme auparavant, leurs dirigeants politiques. Si pour nombre de Congolais, il est encore trop tôt pour juger Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, et le gouvernement de coalition FCC/CACH que dirige Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, une minorité pense que la période de grâce est terminée.
À l’issue des consultations qu’il avait menées pour former son cabinet (gouvernement), Sylvestre Ilunga en est arrivé à une conclusion, qui est, du reste, sa vision : « le redressement national à partir de la base ». Tenant compte de tout ce qui précède et sous l’impulsion du président de la République, sur base du programme convenu entre le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (CACH), le 1ER Ministre et chef du gouvernement a bâti son action sur 15 piliers-clés. Le premier pilier, c’est la pacification du pays et la promotion de la réconciliation, de la cohésion et de l’unité nationales. Le deuxième pilier, c’est le renforcement de l’autorité de l’État, la promotion de l’État de droit et de la démocratie. Le troisième pilier, c’est la redynamisation de la diplomatie et la réhabilitation de l’image de marque du pays. Le quatrième pilier, c’est la lutte contre la corruption et les crimes économiques. Le cinquième pilier, c’est l’amélioration de la gouvernance dans la gestion des ressources naturelles, des entreprises du portefeuille et des finances de l’État. Le sixième pilier, c’est l’amélioration du climat des affaires et promotion de l’entrepreneuriat et de la classe moyenne. Le septième pilier, c’est la diversification de l’économie et la création des conditions d’une croissance inclusive.
Le huitième pilier, c’est la modernisation des infrastructures de base et de l’aménagement du territoire national. Le neuvième pilier, c’est la promotion et le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le dixième pilier, c’est la lutte contre le changement climatique et la création des conditions d’un développement durable. Le onzième pilier, c’est l’amélioration des conditions sociales avec comme principaux axes l’éducation comme clé du changement et principal ascenseur social et l’accès aux soins de santé pour tous, ainsi que l’assurance d’une couverture de santé universelle.
Le douzième pilier, c’est le développement du secteur de l’eau et de l’électricité. Le treizième pilier, c’est la lutte contre la pauvreté et la marginalisation sociale. Le quatorzième pilier, c’est l’autonomisation de la femme et la promotion de la jeunesse. Et le quinzième pilier, c’est la promotion de la culture, des arts, des sports et des centres des loisirs.
« Ces quinze piliers découlent de l’examen sans complaisance de la situation qui prévaut dans les principaux secteurs de la vie nationale. Leur réalisation va nécessiter la mise en œuvre d’un certain nombre d’actions aux plans politique, sécuritaire et de la défense, économique et financier, reconstruction, et socio-culturel », avait insisté en septembre 2019 Sylvestre Ilunga Ilunkamba du haut de la tribune de l’Assemblée nationale lors de la présentation de son programme. Et de souligner : « Certaines de ces actions constituent des exigences immédiates, et d’autres relèvent de la nécessité de transformer structurellement notre société ainsi que notre économie. »
Exigences immédiates
Au tournant de l’An II du cabinet Ilunga, disons-le, la situation n’a pas changé radicalement. Certes, les deux têtes de l’exécutif, le président de la République et le 1ER Ministre montrent des signes positifs de leur volonté de voir le pays aller de l’avant. Dans l’immédiat, l’exécutif était attendu sur deux défis majeurs au moins : le rétablissement de la paix et de la sécurité, ainsi que la relance de l’économie (les piliers 1, 4, 5, 6 et 7).
Sur le premier, il faut donner plus de « vigueur » à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour le retour de la paix et la stabilité dans l’Est du pays. La relance de l’activité économique et le développement durable dans le riche Nord-Kivu et le Sud-Kivu sont à ce prix-là. Sur le second, le nouveau président de la République et le 1ER Ministre n’auront pas de répit si les chefs d’entreprise ne retrouvent pas le moral, ni si le pouvoir d’achat des Congolais ne se reprend pas, ni si les emplois ne sont pas créés…
Apparemment, la survenance de la pandémie de Covid-19 a donné un coup d’arrêt à l’ambition du gouvernement d’avoir la main haute sur le secteur économico-financier du pays. Il s’agit notamment de lutter contre la corruption et les crimes économiques ; améliorer la gouvernance dans la gestion des ressources naturelles, des entreprises du portefeuille et des finances de l’État, ainsi que le climat des affaires ; promouvoir l’entrepreneuriat et la classe moyenne. Bref, il s’agit de diversifier l’économie, créer les conditions d’une croissance inclusive et moderniser les infrastructures de base et l’aménagement du territoire national.
C’est dire que la crise sanitaire déclarée dans le pays en mars dernier, six mois seulement après l’investiture du cabinet Ilunga, est à l’origine de la conjoncture économique du moment défavorable : baisse des recettes publiques, inflation, hausse des prix sur le marché… Une telle situation ne laisse pas les mains libres au 1ER Ministre pour conduire son action gouvernementale. D’où le sentiment qu’ont certains, que Sylvestre Ilunga n’est pas assez présent. Là, c’est un autre débat…
Le programme défini sur le quinquennat (2019-2023) de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, en tant que 1ER Ministre et chef du gouvernement, est un plan d’action résolument économique et social promettant une amélioration des conditions de vie des Congolais, dont plus de 70 % vivent avec moins d’un dollar par jour malgré les importantes ressources minières dont regorge la République démocratique du Congo.
Selon des observateurs, la première exigence économique en 2019 était de « consolider les bons résultats de fin 2017 et 2018, maintenir la stabilité macroéconomique et accélérer le train de réformes en vue de libérer la croissance à des niveaux compatibles avec la réduction rapide de la pauvreté, après quasiment cinq années marquée par une situation économico-financière catastrophique.
Les mêmes observateurs pensent que les gouvernements qui se sont succédé depuis 2012 ont eu tort de placer la barre très haut. Augustin Matata Ponyo (2012-2016) avait une seule obsession : porter le taux de croissance économique annuel à deux chiffres, le consolider de façon durable en vue de hisser dans un délai raisonnable la RDC au rang des pays à revenu intermédiaire et de préparer les conditions pour l’émergence du pays vers 2030.
Avec Samy Badibanga Ntita et Bruno Tshibala Nzenzhe, ce fut l’intermède politique avant les élections. En septembre 2019, les mêmes observateurs étaient sceptiques, étant donné que les programmes gouvernementaux dans ce pays se ressemblent. Mais ils ont voulu donner la chance à Sylvestre Ilunga Ilunkamba.