MARDI 22 septembre. C’était l’ouverture du 15è conclave sur le partenariat du Projet Inde-Afrique autour du thème : « Nouvelles dimensions du partenariat Inde-Afrique dans l’ordre mondial post- Covid ». Organisé d’habitude à New Delhi en Inde, cette année, à la suite de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, la Confédération de l’industrie indienne et EXIM Bank qui en sont les organisateurs, ont convié les participants à intervenir aux débats par visioconférence. À l’ouverture du conclave, Piyush Goyal, le ministre indien du Commerce et de l’Industrie, a planté le décor : « Les investisseurs indiens peuvent rentabiliser en Afrique en accédant au marché unifié créé par la ZLECAf et en créant des chaînes d’approvisionnement entre l’Inde et l’Afrique. »
Pour le gouvernement indien, l’Inde et l’Afrique pourraient stimuler leur partenariat commercial en créant des chaînes de valeur Inde-Afrique dans plusieurs secteurs dont le textile, l’agro-industrie, les produits pharmaceutiques, l’automobile et le numérique. Deuxième partenaire commercial de l’Afrique derrière la Chine, l’Inde va miser sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour accélérer sa montée en puissance à l’échelle régionale. New Delhi veut prendre davantage de positions dans toute l’Afrique et prévoit, pour ce faire, un positionnement stratégique dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine dont la mise en œuvre est prévue le 1er janvier 2021.
Depuis l’année dernière, l’Inde prépare le terrain. Avec 54 milliards de dollars d’investissements cumulés ces deux dernières décennies, l’Inde est le cinquième investisseur étranger en Afrique, selon les chiffres de Banque africaine de développement (BAD). Ses secteurs de prédilection sont aussi bien les hydrocarbures que les mines, le textile et la finance. Sur le plan commercial, l’Inde est le deuxième partenaire du continent.
La présentation du PM
Les échanges, qui s’intensifient, sont passés à 66,7 milliards de dollars en 2019-2020, contre 57,7 milliards de dollars en 2010-2011, selon les données officielles indiennes qui signalent une hausse des exportations dans les deux sens. D’ici 2025, ces échanges commerciaux devraient atteindre les 100 milliards de dollars, selon l’ambition de New Delhi qui voit en la ZLECAf le moyen idéal pour y parvenir. Lors de cette session inaugurale, à partir de son bureau de travail, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre de la République démocratique du Congo, a pris la parole pendant environ 8 minutes pour s’adresser aux participants. « C’est pour moi un honneur et un grand plaisir de prendre part à ce 15è conclave numérique qui est organisé conjointement par la Confédération de l’industrie indienne et EXIM Bank en ce moment crucial où les économies de nos pays respectifs sont encore sous le choc de la Covid-19 », a déclaré Sylvestre Ilunga Ilunkamba.
Assis devant son écran, il a déclaré : « Face à la propagation de cette pandémie, le confinement strict s’est imposé dans bon nombre de pays comme l’une des mesures importantes de protection de la population. Mais avec l’évolution de la situation, cette mesure s’est opérée au détriment de la conduite normale de nos activités de production et des échanges internationaux. » En Afrique, a-t-il poursuivi, la mesure de confinement strict s’est butée particulièrement à l’importante taille du secteur informel ainsi qu’à la précarité de la plupart des emplois et à l’insuffisance du filet de protection sociale. Malgré cela, selon des estimations des institutions financières internationales, la croissance économique en Afrique subsaharienne passera de 2,4 % en 2019 à une fourchette entre -2,1 % et -5,1 % en 2020, constituant ainsi la première récession en Afrique subsaharienne depuis 25 ans.
Face à un tel tableau, il s’agit rien de moins que de réfléchir : « Il est vrai que le nouvel environnement de la pandémie de Covid-19 a accentué l’interdépendance de différentes parties du monde, et de telle sorte qu’aucune région ne peut logiquement prétendre aujourd’hui surmonter seule les effets de cette crise sanitaire inédite. C’est pourquoi je salue chaleureusement l’initiative des organisateurs de l’événement de ce jour de nous réunir en une plateforme virtuelle pour réfléchir sur les nouvelles dimensions du partenariat Inde-Afrique dans l’ordre mondial post-Covid. »
Et Sylvestre Ilunga Ilunkamba soutiendra : « En plus de la santé qui constitue évidemment une préoccupation prédominante du moment, il me paraît urgent d’échanger nos idées tout autant pour l’avancement de l’agriculture africaine que pour la résolution des problèmes posés à chacun de nos pays par l’insuffisance des infrastructures de qualité, la faible exploitation des ressources énergétiques renouvelables et l’absence d’une industrie manufacturière diversifiée. » À vrai dire : « L’Afrique détient un avantage comparatif qu’elle entend volontiers mettre au service d’un partenariat commercial et financier mutuellement avantageux avec l’Inde. L’Afrique dispose non seulement des ressources naturelles variées à même d’être transformées pour le bien-être de ses populations mais aussi une main-d’œuvre jeune prompte à apprendre et à entreprendre au contact des pratiques et des techniques innovantes. »
Les opportunités
Dans la recherche du nouvel ordre mondial post-Covid et dans le cadre du partenariat Inde-Afrique, Sylvestre Ilunga Ilunkamba propose : « Au-delà de la valorisation de notre capital humain, nos pays offrent aux partenaires indiens des opportunités d’affaires et d’investissements dans les secteurs clés repris dans l’agenda de ce conclave. Le point crucial à résoudre est celui des modalités de financement au sujet desquelles nous sommes conviés à réfléchir dans le nouveau contexte de crise sanitaire. »
Pour cela, des mécanismes novateurs s’imposent aussi bien aux institutions publiques qu’au secteur privé : « En République démocratique du Congo, la diversification de l’économie figure parmi nos priorités de développement. Les actions à entreprendre nécessitent de redynamiser l’agriculture vivrière, industrielle et pérenne, la pêche et l’élevage ; de consolider notre base industrielle en favorisant une plus large transformation locale des produits agricoles et miniers ; d’implanter des parcs agro-industriels et des Zones économiques spéciales ; de développer et rentabiliser le tourisme ; et surtout d’accroître l’implication économique des acteurs nationaux par l’élargissement de la classe moyenne à travers des contrats de sous-traitance en faveur des PME et PMI. »
En toile de fond : « Nous avons l’objectif de l’amélioration des infrastructures de base et l’aménagement du territoire national grâce à la mise en œuvre d’une politique cohérente des investissements continue en infrastructures de base et communautaires. Il s’agit notamment des transports et communications, des routes, des rails, des voies fluviales et lacustres, des ports et aéroports. Le recours aux sources innovantes, notamment le partenariat public-privé s’avère crucial ici. »