Territoire riche en minerais de grande importance, Walikale présente une figure de famille pauvre. En dix ans de boom minier dominé par l’exploitation illicite de minerais, ce territoire très célèbre, synonyme de la cassitérite appelé aussi familièrement « cassi », ne compte que quelques réalisations sociales peu visibles. Le récent rapport d’enquête publié courant janvier par la Commission épiscopale pour les ressources naturelles (CERN) de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) indique qu’il n’y a « rien de concret et de durable qui a été fait durant toutes ces années d’exploitation de la cassitérite ». Sauf quelques réalisations à compter par le bout de doigts. A ce propos, le rapport cite la réalisation de la route Walikale-Musenge, Osokari-Obaye sur fonds propres du territoire avec l’aide des cantonniers manuels. La route de l’Action Agro Allemande (AAA, ONG allemande spécialisée dans la construction des routes de desserte agricole à l’Est de la RD Congo) qui part de Walikale à Kashebere dans le secteur de Wanyanga sur environ 105 km. La construction d’une école primaire Elenge et un hôpital à Itebero par la Caritas du diocèse de Goma en 2011. Une autre école primaire Lowa à Walikale-Centre par le gouvernement provincial du Nord-Kivu en 2009. Vu son importance dans le commerce et transport de minerais, le gouvernement provincial l’a doté d’un aérodrome propre à l’aéronautique civile mais arrêté par manque d’appui financier. Ce qui aurait mis fin à l’utilisation de la grande artère du territoire comme aérodrome où se posent plusieurs petits porteurs LET 110 qui transportent les minerais vers Goma. A côté de ces quelques réalisations, pas grand-chose qui refléterait l’image que l’on devait avoir de ce riche territoire devenu célèbre par l’exploitation non-stop de la cassitérite, de l’or, du diamant, de wolframite ou du pyrochlore. Avec cette liste peu exhaustive de réalisations effectuées à Walikale, certaines personnes estiment non sans raison que les minerais de Walikale ont financé des constructions dans les villes de Goma (une des plaques tournantes de vente de la cassitérite à l’Est), Bukavu, Kisangani, Kinshasa et ailleurs. Ceci, pour la bonne et simple raison que les mines de Walikale sont ouvertes à tout le monde. N’ayant pas su profiter de l’exploitation de ses minerais, certains observateurs estiment que les habitants de Walikale auraient tiré profit de l’agriculture qui offre encore plusieurs opportunités. Avant la ruée vers les minerais de Walikale, c’est-à-dire peu l’avènement de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), la population de Walikale vivait essentiellement de l’agriculture. « Plus ou moins 25% de la population de cette population se retrouvait employée dans l’exploitation des minerais », remarque le rapport. Mais, avec l’AFDL, il y a eu retournement de la situation qui a amené la population à changer et à se convertir en exploitants miniers ». Ils sont passés de 25 à 85%. Chiffre que donne l’administration du territoire de Walikale. La pisciculture, autre activité aussi répandue dans ce territoire de Walikale-Centre, allait contribuer au développement de Walikale. Ce qui n’est pas toujours le cas. Déjà, à l’époque, les statistiques indiquaient qu’ « une famille sur deux possédait un étang piscicole. La culture maraîchère y était très développée et exercée par les femmes avant l’exploitation des minerais ». Mais, avec la fermeture de certains sites d’exploitation, le même rapport signale que « ces activités reprennent timidement dans le territoire. Chose qui réjouit les tenants de l’agriculture d’abord. Ceux-là pensent que l’exploitation des minerais n’a rien apporté à Walikale. « L’agriculture aurait transformé le quotidien de la population de Walikale. La population de Walikale connue pour sa production agricole, a été découragée par l’impossibilité d’évacuer les produits tirés des champs à cause de l’insécurité entretenue par des groupes armés, mais aussi par le délabrement des routes de Walikale-Centre vers Masisi et vers Hombo-Bukavu », se défendent-ils.