L’importance, la signification et l’avenir de la vie privée est un sujet qui ne manque pas d’intérêt. Que Sera la «vie privée» dans dix ans ? Sera-t-elle différente de ce que nous connaissons aujourd’hui ? Est-ce vrai que nous devrions laisser aux compagnies privées qui offrent des services basées sur Internet décider de ce droit si précieux ?
La vie privée est sacrée.
Il y a quelques semaines, ceux qui utilisent les services de Google (Gmail, Youtube, Google Play), ont tous remarqué qu’il leur fallait désormais un seul mot de passe pour tous les comptes pourtant associés à différents services.
Si pour ceux qui se désolaient de devoir retenir différents mots de passe c’est un soulagement, pour les autres qui avaient pris le temps de lire les règles de confidentialité de chacun des services avant d’y souscrire, ils savaient que ces services avaient chacun des règles différentes les unes des autres.
Pour le dire simplement, celui qui vole ou a accès de façon frauduleuse à votre mot de passe sous Gmail, le service de messagerie de Google, peut également avoir accès a votre carte de crédit, celle avec laquelle vous souscrivez à tous vos achats sur Google Play et par ricochet, pirater votre téléphone android et avoir accès à tous vos contacts téléphoniques. Whatapps, l’application de communication téléphonique gratuite en ligne, utilise aussi votre liste de contact de Google plus. Tout est donc ficelé, y compris votre intimité.
Juriste de formation, je sais que la loi évolue, mais je ne peux pas m’y faire dans ce contexte. je pense que c’est un risque énorme que de penser que parce qu’ils nous offrent des services, les intermédiaires d’Internet doivent également décider de nos droits humains. Quand je vois comment notre vie privée y est abordée, je ne peux que m’inquiéter tant il est vrai que la vie privée est sacrée.
Il ne s’agit pas que de services mais de nos droits.
Ce que j’ai appris ces dernières années sur le droit à la vie privée sur Internet a beaucoup fait évoluer mes connaissances sur le sujet. Beaucoup de lois doivent être revues à la lumière de ce que nous savons sur l’internet. Mais aussi, deux nouveaux droits ont émergé qui sont complètement nouveau pour moi. Ils intègrent les nouvelles dimensions que l’Internet ajoute à notre vie : le droit de la responsabilité qui inclut le droit à l’oubli et le droit à la vie privée dès la conception. Les usagers des services basés sur Internet doivent être en mesure de dire : je poste/je rends mes données disponibles sur le net aujourd’hui, mais demain, je ne veux pas qu’ils soient visibles, je donne mon consentement à deux personnes et non pas à la terre entière.
La chose qui m’a le plus surpris, c’est l’effort pour mettre en œuvre les droits à la vie privée depuis la conception des technologies, du matériel, des applications et autres outils Internet et la façon dont cet effort est considéré par les différentes parties prenantes.
Le corps principal de ceux qui sont impliqués dans la protection des données au sein de l’Union Européenne ont déjà beaucoup réfléchi à ce sujet. Ils font en sorte que les deux droits nouvellement définis fassent partie de leur arsenal juridique. Alors qu’ils sont encore à l’étude aux États- Unies ou les régulateurs estiment que cela n’a pas vraiment beaucoup de sens, parce que de nombreux aspects de la vie privée sont déjà comptabilisés dans l’utilisation des technologies existantes. On peut deviner l’orientation sexuelle d’utilisateur juste en parcourant la liste de ses amis sur Facebook, ou en lisant messages sur le mur de B son BBM. La dichotomie entre surveillance, le contrôle et la protection de la vie privée est un faux débat et ne devrait pas être un problème, toujours d’après une certaine opinion américaine.
Mais une troisième voix aussi a retenu mon attention. Elle pense qu’il est possible d’opérationnaliser les deux droits, cela ne devrait pas seulement se baser sur la technologie, parce qu’il y a des aspects de la loi et d’autres questions à prendre en considération.
Ainsi dans le cadre du droit à l’oubli, un adulte pourrait effacer toute sa présence sur Internet des années avant son accession à l’âge adulte. La solution technologique à ce droit pourrait être des mises à jour Internet auto destructeur. Vous posteriez quelque chose sur Facebook avec une durée de vie bien déterminée. Une fois le délai butoir dépassé, l’information ne sera plus disponible nulle part. Mais vous conviendrez avec moi, qu’il faudra un encadrement de la loi pour éviter tous les abus.