Des statistiques révèlent de plus en plus que le paludisme tue plus que la plupart des maladies même les plus redoutées telles le Sida. Rien qu’en ce premier trimestre 2014, un survol de nombreuses contrées de la RDC montre que différentes catégories de la population sont victimes de cetle endémie. Au sud-Kivu dans le camp de déplacés de Mapimo, localité située à 50 kilomètres de Shabunda, 800 familles sont frappés par la malaria aiguë. Ces personnes ont fui les exactions des miliciens Raïa Mutomboki, proviennent des villages du groupement Banimea. Le président du Comité permanent de paix de Mapimo, Lupaka Bosalana, qui s’est exprimé à la radio onusienne vendredi 21 mars dernier, a affirmé que plusieurs déplacés malades de diarrhée et de paludisme ont été enregistrés dans les structures sanitaires de cette localité du Sud-Kivu.
Entretemps au Katanga, plus de 360 personnes sur 311 800 cas de paludisme enregistrés sont mortes de paludisme en janvier et février, selon un rapport de Ocha, un organisme humanitaire onusien. Ces chiffres contenus dans leur bulletin d’information qui cite l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et publié mercredi 19 mars indique que les zones les plus touchées par la maladie sont celles où on a enregistré un important mouvement de populations ainsi que les zones riveraines des cours d’eau.
Depuis octobre 2013, note l’agence humanitaire, plusieurs structures de santé dans les zones de santé de Kilwa, Mitwaba, Mufunga et Pweto n’ont pas fonctionné correctement à cause de l’insécurité provoquée par les incursions des miliciens Maï-Maï. Ocha rappelle que l’année passée, le Katanga a enregistré plus de 1,4 millions de cas suspects de paludisme. Deux mille six cent dix-huit personnes sont mortes de cette maladie.
Au Kasaï Occidental, on a dénombré 485 personnes décédées du paludisme depuis le début de l’année. Près de 190 000 cas ont été notifiés, selon les statistiques publiées jeudi 13 mars à Kananga au cours de la réunion de coordination provinciale de cette maladie avec ses partenaires. Les districts sanitaires de Tshikapa et les zones de santé qui longent le rail sont des coins favorables à cette endémie. C’est le même cas pour huit enfants de 0 à 5 ans qui sont morts, mardi 4 mars, des suites de l’anémie due au paludisme dans l’aire de santé de Yolombo, située à plus de 1014 km à l’Est de Mbandaka (Equateur), d’après l’infirmier titulaire. L’administrateur du territoire d’Ikela, Jean-Pierre Lombo Bekanga a indiqué que ce paludisme aigue ne touche que les enfants de moins de 5 ans et il a été déclaré depuis début janvier dernier.
Des dons, des financements annoncés mais rien ne change
36 millions des livres sterling soit plus de 59 millions usd, c’est la somme annoncée par l’Agence britannique de coopération et développement (DFID) à travers son exécutant l’Association de santé familiale (ASF) pour financer un des multiples projets de lutte contre le paludisme en RD Congo. Lancé le mercredi 8 janvier dernier à Kinshasa, les mêmes objectifs sont visés notamment pour augmenter de la disponibilité et de l’accessibilité des antipaludéens de qualité dans les pharmacies privées dans ce pays où presque le tiers des décès sont causés par cette maladie. Selon Nestor Ankiba, administrateur délégué de l’ASF, «Ce projet va consister à rendre disponibles et accessibles les antipaludiques dans les pharmacies du secteur privé, de sorte que la population congolaise qui s’adresse à ce secteur à 70 % ait accès aux médicaments de bonne qualité». Ce qui est grave est que cette association confirme que 2% seulement des médicaments contre le paludisme présents sur le marché sont de bonne qualité. Alors que le ministère de la santé a monté depuis des années un projet dénommée Programme national de lutte contre le paludisme, en sigle PNLP avec l’objectif de renforcer les capacités dans la gestion et l’utilisation des données, éléments très capital lors de prise des décisions.
En dépit de la distribution très médiatisée des millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée sur une bonne partie du pays, le paludisme reste l’une de principales causes de mortalité en RDC. Finalement, quelle est la politique sanitaire mise en œuvre dans le pays ?