KINSHASA, (AFP) – Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont l’une des plus importantes missions dans le monde est déployée en République démocratique du Congo, a ramené en 2012 près d’un millier de jeunes Congolais à leurs familles dont ils avaient été séparés par la guerre.
Depuis 20 ans, les différentes guerres, affrontements et attaques menés par des groupes armés en RDC ont entraîné, selon le Haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR), le déplacement de 2,5 millions de civils, principales victimes des violences.
En novembre dernier, 350 enfants ont été perdus ou séparés de leurs familles dans la panique provoquée par les combats qui ont marqué l’entrée des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu (Est), selon le CICR.
“La mère était au champ, le père en ville, la grande soeur gardait le nourrisson dans son dos, les combats ont fait partir tout le monde dans tous les sens”, explique Albert Mbuyi, l’un des assistants du CICR en charge de réunifier les familles.
Signalés par les organisations humanitaires ou par les habitants, ces enfants âgés de quelques mois à 17 ans sont d’abord regroupés, confiés à des ONG locales. Des informations sont recueillies sur leur lieu d’origine. Les plus jeunes, s’ils ne peuvent dire d’où ils viennent, sont photographiés et leurs portraits affichés dans des lieux de passage comme les camps, les centres de santé ou de distribution de nourriture.
Toutes ces informations alimentent une base de données et, peu à peu, les employés du CICR retracent les itinéraires, les fuites, les refuges, les parcours chaotiques des uns et des autres. “En moyenne, il faut trois mois pour retrouver une famille et réunifier l’enfant avec ses proches”, explique M. Mbuyi.
En 2012, 940 enfants ont ainsi été remis à leurs familles, 270 ont été recueillis seuls ou sortis de groupes armés et une centaine ont été confiés aux Sociétés nationales de la Croix-Rouge des pays voisins pour les remettre à leurs familles qui les cherchaient, explique Annick Bouvier, chargée de la communication du CICR en RDC.
Quatre mois après la chute de Goma près de la moitié des enfants perdus avaient retrouvé leurs familles, les autres sont entre les mains d’organisations caritatives ou confiés à des familles d’accueil, précise-t-elle.
Une tournée de retrouvailles
L’étendue de la RDC, grande comme près de quatre fois la France et aux infrastructures délabrées, ne favorise pas les recherches.
Début mars, 67 enfants ont été embarqués dans un avion qui pendant deux jours a parcouru les principales villes de l’Est du pays, rendant des enfants à leurs parents parfois à des centaines de kilomètres de l’endroit où ils avaient été récupérés.
Kananga, Kamina, Lubumbashi, Kongolo, Mbuji Mayi… A chaque escale un volontaire de la Croix-Rouge locale, parfois dans un gros véhicule 4X4 orné d’une Croix Rouge, a transporté des enfants et les a rendus à leurs familles.
Pour aider aux retrouvailles et compenser l’arrivée d’une nouvelle bouche à nourrir, un “kit” accompagne l’enfant, explique Veronika Hinz, coordinatrice des “rétablissements de liens familiaux” au CICR. Cette aide permet de nourrir la famille pendant un mois.
Pour les plus âgés, qui ont parfois été enrôlés dans les groupes armés et ont servi de porteurs, de guerriers ou pire d’esclaves sexuels, des outils ou divers matériels sont prévus. Ils pourront installer ainsi un petit commerce leur permettant de s’intégrer plus facilement dans la société locale.
“Nous sommes particulièrement attentifs à cette intégration, car un enfant qui ne l’est pas est facilement recruté comme soldat”, explique Mme Hinz. Trois mois plus tard une visite est organisée pour s’assurer que les liens ont été repris et que les mauvais souvenirs s’estompent.
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