Les exportations officielles de café en RDC sont estimées à 8 000 tonnes seulement sur une production annuelle d’environ 73 000 tonnes. Cette hausse exponentielle des exportations frauduleuses est à la base de la situation peu reluisante que traverse cette filière de l’économie nationale, malgré la volonté du gouvernement d’augmenter sa production. S’appuyant sur ce constat, des experts tirent la sonnette d’alarme sur l’absence certaine du pays au prochain marché international du café, si aucun effort n’est fait par le gouvernement. Pour Albert Kabongo Kazambu, directeur général de l’Office national du café (ONC), ces efforts devront viser à mettre un terme à la fraude dans l’exportation des produits agricoles. Insérer, dans la loi créant l’ONC, une disposition contraignante pour réprimer l’exportation frauduleuse des produits agricoles serait selon lui, la bonne dose qui peut être administrée par les autorités en vue d’annihiler le phénomène. Cela constituerait, à l’en croire, le premier pas à poser. Deuxième élément dans la mise en place d’un mécanisme de contrôle plus rigoureux des opérateurs économiques de la filière. Dans ce plaidoyer, le directeur général de l’ONC a relevé que certains membres de la Fédération des entreprises congolaises (FEC) basés dans les provinces de l’Est du pays (Nord-Kivu, Sud-Kivu et province Orientale) et à l’Ouest (Bas-Congo, Equateur et Kinshasa), ne n’acquittent pas de leurs obligations vis-à-vis de l’Etat par le paiement des frais de prestation sur les produits agricoles d’exportation comme le prescrit la loi créant l’ONC. Ce rappel des troupes pour la lutte contre la fraude dans la filière café ne date pas d’aujourd’hui. Au mois de mars de l’année dernière, la FEC, section de Beni, au Nord-Kivu, a solennellement exhorté le gouvernement à combattre la fraude dans l’exportation du café. « La fraude a atteint ici un niveau très élevé. Le café, à état brut, quitte notre pays pour les pays voisins en violation de la loi en la matière. Nos usines menacent de fermer et de réduire leur personnel. Là, il y aura du chômage dans le pays et ça risque d’accroître l’insécurité dans la région », avait en substance, déclaré en son temps, le président du Comité d’exportateurs du café, Guylain Maliona. Cet homme d’affaires avait également demandé au gouvernement, de faciliter la création d’emplois et d’éviter que les entreprises tombent en faillite à Beni et ses environs. A l’époque, les services de sécurité avaient promis de mener des contrôles, avec les officiers de police judiciaire de l’ONC.
Produire 120 000 tonnes de café d’ici 2015
Dans sa volonté de relancer la filière café, le gouvernement a affiché sa détermination à produire 120 000 tonnes de café d’ici 2015 et d’en exporter 100 000. Cela grâce à la mise en place du Programme national de relance de la filière café. Cette volonté remonte à l’année 2012. Réunis à Kinshasa, des experts avaient validé le document de stratégie nationale pour la relance de la filière. Ce document fut ensuite soumis au gouvernement pour approbation. Mais, selon les analystes, la relance de cette filière requiert, notamment, la décapitalisation tant du secteur agricole que de la filière, ainsi que la reconstruction rapide des routes de desserte agricole qui sont, pour la plupart, dans un état de délabrement très avancé. En RDC, note-t-on, le café, qui fait vivre 4,5 millions de personnes, se classe premier parmi les principaux produits agricoles d’exportation, avec la création d’un revenu annuel d’environ 250 millions de dollars.