Après deux campagnes agricoles (2012-2013 et 2013-2014) infructueuses pour près de 56 millions de dollars, le gouvernement tente une nouvelle approche basée sur le développement des fermes commerciales, le soutien aux fermiers et le développement des coopératives.
Pour l’Exécutif, l’enjeu est clair : lutter efficacement contre l’insécurité alimentaire en stimulant en même temps la croissance économique afin d’accélérer, ainsi, le développement social. En novembre 2013, Kinshasa a accueilli un forum dénommé «Business Meeting pour le financement du Plan national d’investissement agricole ». A cette occasion, le Premier ministre, Matata Ponyo annonçait la couleur en déclarant : « L’agriculture, doit pouvoir, d’ici cinq ans, propulser la RDC dans la sphère des économies émergentes ». Il ajoutait : « Les actions déployées cette année(2013) doivent permettre au secteur agricole de réaliser un taux de croissance d’au moins 9 % en 2014 pour garantir un taux de croissance à deux chiffres pour l’ensemble de l’économie congolaise d’ici 2015. »
Le parc agro-industriel pilote de Bukanga-Lonzo
Pour y parvenir, le gouvernement a annoncé la mise en place de pôles d’entreprises agricoles sous forme de parcs agro-industriels. L’approche gouvernementale repose sur trois piliers : le développement des fermes commerciales, l’appui aux petits fermiers vivant dans la périphérie des sites sélectionnés ; le développement des coopératives agricoles à haute intensité de capital, technologie et main d’œuvre. La mise en œuvre des parcs agro-industriels (PAI) a déjà commencé avec l’inauguration de celui de Bukanga-Lonzo, un site de 70000 hectares situé à Kenge, dans le Bandundu, à 250 kilomètres de Kinshasa. Pour le conseiller principal du Premier ministre en charge de l’agriculture et du développement rural, John M. Ulimwengu, « un parc agro-industriel est un carrefour, un paquet minimum de services aux entreprises, une concentration d’infrastructures de production intégrant les équipements et technologies appropriés pour soutenir l’ensemble de la chaîne de valeurs de l’activité agricole en respectant les standards internationaux. Le parc intègre toutes les infrastructures de base, y compris une alimentation adéquate en eau, en électricité ainsi que des services de télécommunication.» Les parcs agro-industriels seront gérés par la Société des parcs agro-industriels (SOPAGRI) qui est en train d’être implantée comme entreprise dans le cadre d’un partenariat public privé. Son but est de « fournir les services, les équipements, les intrants agricoles et l’appui institutionnel au secteur agricole en RDC ». Le gouvernement conservera la majorité des actions, jusqu’à ce qu’un investisseur d’ancrage soit identifié pour qu’il prenne en charge la gestion des installations du parc agro-industriel pilote et conduise le plan d’expansion d’autres parcs agro-industriels à travers le pays. Les investissements d’accompagnement prévus comprendront l’énergie, les transports, le logement, l’eau, les centres de formation agricole, les écoles, les centres de santé et les infrastructures communautaires. Pour le gouvernement, « l’initiative des parcs agro-industriels fait partie de la stratégie de développement rural intégré. Considérant les investissements associés à cette initiative, une implantation réussie des parcs agro-industriels à travers le pays fournira des services sociaux et des opportunités économiques le long de la chaîne de valeur agricole aux personnes vivant dans les zones rurales.» Objectif, permettre la réduction du niveau de pauvreté et l’exode rural.
Des facilités accordées aux investisseurs
Pour accélérer la mise en place et le démarrage des parcs agro-industriels, le gouvernement précise qu’à l’exception des frais administratifs, les intrants importés exclusivement pour les activités agricoles seront exonérés des droits et taxes à l’importation, tout comme les produits agricoles qui seront aussi exonérés des droits et taxes à l’exportation. Les redevances et les honoraires perçus pour les services rendus par les agences aux postes frontaliers ne peuvent pas dépasser 0,25 % de la valeur des exportations. En plus, les concessions bâties et non-bâties utilisées exclusivement pour l’agriculture seront exonérées de l’impôt foncier. Tous les véhicules utilisés exclusivement pour l’agriculture seront exemptés de taxes. L’initiative de parcs agro-industriels a pour ambition de créer une dynamique de croissance durable et de limiter la vulnérabilité d’une économie dépendante des ressources naturelles et des fluctuations du marché international. La RDC est toujours présentée comme un mauvais élève dans les différents rapports de l’Ong Transparency International sur la corruption. Le défi selon certains spécialistes consiste donc à mettre l’accent sur la bonne gouvernance et à appliquer des politiques anti-corruption dans le secteur agricole.