Avec à leur tête Mary Robinson, l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU dans la région des Grands Lacs, Boubacar Diara, envoyé spécial de l’Union africaine (UA), Koen Vervacke, envoyé spécial de l’Union européenne (UE), Russ Feingold, envoyé spécial des Etats-Unis, ainsi que Martin Kobler, représentant du secrétaire général de l’ONU en RDC, ont rencontré, le 3 juin, le président Joseph Kabila et le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda.
Cela, après la 7ème réunion du Comité d’appui technique (CAT) du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre d’Addis Abeba tenue à Goma du 21 au 23 mai. Ils ont rendu compte des recommandations issues de la 7ème réunion du CAT et passé en revue les six engagements de la RDC contenus dans l’Accord-cadre.
Les assises de Goma avaient mis un accent sur le renforcement du mécanisme de vérification des frontières, le renforcement de la coopération bilatérale et multilatérale, ainsi que la mise en œuvre des projets rapides d’intégration économique. Les envoyés spéciaux ont également rencontré le Haut représentant du chef de l’Etat au Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre (MNS), le lieutenant-général Denis Kalume Numbi et l’équipe de la Coordination du MNS pilotée par François Mwamba. Mary Robinson a reconnu les progrès réalisés par la RDC par rapport à ses engagements. Elle a salué le vote de la loi d’amnistie en faveur des rebelles du M23, même si, a-t-elle insisté « tous ne sont pas amnistiables ». Les envoyés spéciaux, qui s’étaient réunis à Bujumbura, au Burundi, et le chef de la Monusco ont demandé la « reddition complète de tous les combattants et hauts gradés des rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) dans les prochains jours au risque de subir des attaques de l’armée congolaise et de la Brigade d’intervention de la Monusco ». Après la défaite du M23, la Monusco avait fait de l’éradication des FDLR sa priorité pour 2014. Les envoyés spéciaux ont noté, par ailleur, des avancées dans un des secteurs des engagements de la RDC. Il s’agit de celui lié à la réconciliation, à la tolérance et à la démocratie.
Pour le coordonnateur national du MNS, « les envoyés spéciaux ont bien noté que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est en place et travaille. Le calendrier des élections municipales, urbaines et locales a été publié, les concertations nationales ont été organisées et un gouvernement répondant aux critères définis par le chef de l’Etat va se mettre en place ». Le renouvellement du mandat du Mécanisme national a été salué. « Cela témoigne de l’engagement du président de la République, de son Haut représentant au Mécanisme régional de suivi et des membres du MNS », a déclaré Mary Robinson. Au niveau régional, Mary Robinson a annoncé la tenue, en septembre prochain, de la rencontre des chefs d’Etat. Il y sera question d’évaluer le plan d’action régional et les plans d’action nationaux. Mais de nombreux observateurs de la région des Grands Lacs s’interrogent sur l’approche de ces envoyés spéciaux quant à leur perception des engagements au niveau régional et relèvent qu’un accent est mis plus sur certains engagements alors qu’il est question de les faire tous respecter par les Etats signataires. « Les hauts diplomates insistent plus sur le sort des ex-rebelles du M23 (retour au pays), le retour des réfugiés congolais et l’intégration économique régionale, mais moins sur les ingérences militaires et la coopération judiciaire qui font pourtant partie des engagements signés par les Etats », souligne un analyste.
Allusion faite aux poursuites judiciaires lancées par la RDC contre certains ex-rebelles du M23 réfugiés au Rwanda. Réponse de Mary Robinson : « les envoyés spéciaux entendent aider le processus engagé avec le Rwanda. C’est important d’aller de l’avant ». La RDC attend des envoyés spéciaux qui sillonnent les pays signataires de l’Accord-cadre qu’ils s’impliquent pour pousser le Rwanda et l’Ouganda à respecter leurs engagements pour le retour définitif de la paix, de la stabilité et du développement en RDC et dans la région des Grands Lacs, insiste un membre du MNS.
Réunion de Bruxelles sur le milliard de la Banque mondiale
Sur le plan économique, les envoyés spéciaux ont annoncé la tenue, en juillet prochain, à Bruxelles, d’une réunion importante organisée par les Nations unies et la Banque mondiale. Il s’agit de la troisième réunion après celles d’Addis- Abeba et de Washington. Il sera question de ficeler l’ensemble des projets en rapport avec le milliard de dollars annoncé par le Président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim en mai 2013 lors de sa visite à Goma en compagnie de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU. Ce financement, selon Jim Yong Kim, devrait aider les pays de la région à améliorer les services de santé et d’éducation, à accroitre les échanges transfrontaliers et financer des projets hydroélectriques. Plus d’une année après cette annonce, tout est encore au niveau des étapes de décision. Ce qui fait dire au coordonnateur du MNS que la RDC doit préparer cette rencontre avec sérieux et célérité.