Dans leurs rapports économiques avec l’Afrique, les Chinois devancent largement les Etats-Unis et l’Allemagne qui tentent, à leur tour, de rattraper le temps perdu.
Le montant colossal de 200 milliards de dollars atteint par la Chine dans ses investissements en Afrique pousse les Etats-Unis et l’Allemagne à préparer une offensive économique sur le continent. Distancé par l’Empire du Milieu et d’autres pays émergents, Washington, première puissance mondiale, n’aura investi au total que quelques 50 milliards de dollars entre 2000 et 2013. C’est ce qu’ont constaté trois responsables américains, dont la secrétaire d’Etat au Commerce, Penny Pritzker, lors d’une tournée africaine, en mai, destinée à renforcer la présence des entreprises américainesl. A travers son agence USAID, Washington a programmé près de 1,2 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années dans afin d’améliorer la gouvernance et la promotion du développement social en RDC, en plus des 30 millions annoncés pour l’accompagnement du processus électoral.
Les Américains comptent sur la tenue, en août prochain, du premier forum d’affaires américano-africain pour renforcer les liens commerciaux et financiers avec l’Afrique. Des dizaines de chefs d’entreprises américaines sont invités à y prendre part surtout qu’elle aura lieu à la veille du sommet Etats-Unis-Afrique, qui sera marqué par la présence d’une cinquantaine de dirigeants africains. Les Etats-Unis s’apprêtent, par ailleurs, à renouveler un accord commercial préférentiel d’une durée de treize ans avec les pays africains, qui expire en 2015. Il s’agit du programme Africa Growth and Opportunity Act (AGOA), un régime de préférence commerciale accordé par les États-Unis aux pays du continent. Instauré par le Congrès américain en 2000, ce programme exempte de droits de douane plus de 70% de produits en provenance d’Afrique subsaharienne. Nombre d’observateurs constatent que les Etats Unis cherchent à gagner du terrain là où la Chine a noué d’étroites relations économiques par des investissements atteignant des dizaines de milliards de dollars et des appuis financiers importants.
L’Allemagne en « courtier honnête » de l’Afrique
L’Allemagne, à son tour, ne veut pas être absente sur le continent. La deuxième puissance économique en Europe a toujours depuis longtemps à miser sur le potentiel de l’Afrique. Désormais, Berlin tente de rattraper son retard en matière de coopération économique avec le continent par rapport à la Chine, aux Etats Unis, à la France, et même certains pays émergents comme l’Inde, le Brésil et la Corée du Sud. Les entreprises allemandes visent les classes moyennes émergentes africaines qui ont plus besoin de biens et de services. En République démocratique du Congo, les apports financiers allemands viennent à compte- gouttes, à l’instar comme de l’octroi de bourses aux étudiants pour des formations au Bénin, ou encore à travers le soutien à la construction de routes dans l’Est et le centre du pays, notamment le tronçon long de 100 kilomètres entre Lubutu et Yumbi dans la province du Maniema. Dans ce même projet, deux bacs réhabilités qui traversent les rivières Lowa et Lubutu ont été remis officiellement fin janvier aux autorités locales. Déjà, le géant industriel allemand Siemens estime, en effet, qu’un «point de basculement» démographique devrait se produire en 2035 en Afrique, lorsque plus de la moitié de la population vivra dans les villes. D’après cette entreprise, il va s’observer une explosion de la demande pour l’énergie, l’eau, le transport et les soins de santé. «La hausse de la consommation en Afrique va créer plus de demande pour les produits locaux, suscitant un cycle de renforcement de la croissance interne », avance Sabine Dall’Omo, directrice financière de la filiale de Siemens basée en Afrique du Sud. Même la chancelière Angela Merkel, dans une déclaration en mars, a évoqué l’attitude «courtier honnête» que son pays veut adopter au niveau des transactions sur les matières premières du continent. Ceci dans le but d’aider l’Afrique à mieux profiter de ses ressources. Les échanges commerciaux germano-africains sont de 60 milliards de dollars en 2013, bien loin derrière la Chine qui a dépassé la barre de 200 milliards de dollars. Et sur les 9 milliards d’euros d’investissements allemands en Afrique, 8 milliards sont concentrés en Afrique du Sud, en Algérie et au Nigeria. D’après le Fonds monétaire international (FMI), l’Afrique subsaharienne devrait enregistrer une croissance économique de 5,4% en 2014, ce qui en fera la deuxième plus importante région en terme de croissance après l’Asie.