COHYDRO : chapelet de revendications

Elue fin juin, la nouvelle délégation syndicale de cette entreprise pétrolière nationale a été installée début juillet en présence de cadres et agents de l’entreprise. Elle promet de combattre les maux qui rongent le fonctionnement de la société. 

Siège administratif de l’entreprise Cohydro à Kinshasa. (Photo BEF)
Siège administratif de l’entreprise Cohydro à Kinshasa. (Photo BEF)

Les travailleurs de la Congolaise des Hydrocarbures ont décidé de secouer le cocotier pour conjurer la misère qui les frappe. Ils l’ont dit, début juillet, à l’occasion de la cérémonie de vulgarisation de la convention collective d’entreprise révisée et de l’installation de la nouvelle délégation syndicale.  Pour y parvenir, ils ont exposé un chapelet de revendications à travers leurs nouveaux délégués syndicaux. Au total, c’est une vingtaine de problèmes que Etienne Emangu, président de la délégation syndicale a énumérés. Parmi ceux-ci, il y a le non-paiement des arriérés de différence de salaires lié à la non application de l’entièreté du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) depuis avril 2008. A COHYDRO, on est convaincu que le refus de payer des arriérés constitue « une violation flagrante de l’ordonnance présidentielle portant sur le SMIG ». Il pousse les agents à recourir régulièrement au système d’emprunt à des taux usuraires, communément appelé « banque Lambert » qui les lie depuis plusieurs années. Les travailleurs réclament aussi la régularisation du barème salarial qui doit être adapté au taux du jour, étant donné que toutes les transactions financières effectuées par l’entreprise se font en monnaie forte et au taux du jour. Ils estiment qu’ils sont mal payés et révèlent qu’un chef de service au Fonds de promotion industrielle (FPI), à l’Institut national de sécurité sociale (INSS) et à Cobil, une société pétrolière d’économie mixte gagne le triple de la rémunération de son collègue à COHYDRO.

Par ailleurs, la qualité de soins de santé offerts aux agents n’est ni adaptée ni à la hauteur d’une entreprise pétrolière nationale. Les agents dont les soins de santé nécessitent une expertise à l’étranger ne sont pas pris en charge ou, s’ils le sont, se voient débiter du montant dépensé, en violation du code du travail. Sur ce chapitre, ils indiquent que les remboursements des frais de santé engagés par les agents avec leurs modiques salaires posent problème. Les agents de l’intérieur du pays sont abandonnés à eux-mêmes, la COHYDRO n’ayant signé aucune convention médicale avec les formations hospitalières de la place. Certaines formations médicales n’acceptent plus les agents de la société, faute de paiement des factures. Les frais funéraires sont insignifiants, obligeant les familles des agents décédés à faire « le nsinsani », une forme de cotisation d’urgence pour enterrer les morts. D’autres sont obligés de vendre des lopins de terre pour ce faire.

Ils fustigent les promotions fantaisistes en grade qui ne tiennent pas compte de la réglementation. Ils trouvent inconcevable qu’un agent ne puisse évoluer dans sa ligne de carrière et ce, pendant dix, voire vingt ans de services rendus. Au lendemain de la clôture de l’année scolaire, ils pensent à la modicité des frais scolaires. A ce sujet, ils rappellent que la société vient de perdre un million de dollars à l’occasion d’un marché non conclu avec un fournisseur sud-africain et que ce montant pouvait servir au paiement de l’indemnité scolaire à raison de mille dollars par agent pendant deux ans. D’autres problèmes ont été soulevés. Il s’agit notamment des formations à l’extérieur du pays qui ne sont pas équitables car ce sont les mêmes agents qui en bénéficient, des cas de contentieux administratifs qui se trouvent pendants devant l’Inspection du travail ou les Cours et tribunaux.

La nouvelle délégation syndicale a levé l’option de transformer pendant son mandat les dossiers énumérés en « objectifs ». Afin d’assurer l’avenir de l’entreprise, les employés ont formulé quelques recommandations parmi, lesquelles la maintenance permanente des trois unités de la flotte fluviale, l’approvisionnement régulier des stations de Kinshasa et de l’intérieur en produits pétroliers, le suivi des contrats d’association dans l’explo-production, signés avec Surestream, Energulf, Eni etc, ainsi que le recouvrement des sommes versées à certains fournisseurs indélicats des produits pétroliers.

Aux travailleurs, il a été recommandé de veiller à la sauvegarde des intérêts de la société vis-à-vis de la clientèle.

Administrateur directeur général adjoint de la société, Liliane Ilunga Kayumba a promis de convoquer, dans un bref délai, la partie syndicale à une rencontre destinée à arrêter le chronogramme des activités.

La convention collective qui régissait les relations de travail, a été conclue en 2002. Plus de douze ans après, la société ayant subi de multiples mutations, consécutives notamment à sa transformation en entreprise publique en société commerciale et la promulgation du nouveau code du travail, devait s’adapter aux nouvelles réalités créées. La révisitation a concerné vingt articles sur les soixante-quinze que comptait l’ancien texte.

INFO BOX

  • Système d’emprunt à des taux usuraires.
  • Promotions fantaisistes en grade.
  • Le « nsinsani » pour enterrer les morts