Le gouvernement congolais et ses partenaires au développement ont analysé, la semaine dernière à Kinshasa, une somme de résultats et d’indicateurs produite par plusieurs ministères afin d’évaluer les progrès enregistrés depuis une dizaine d’années vers l’amélioration des conditions de vie de la population. En dépit de la mise en œuvre de plusieurs mécanismes, le résultat est décevant. Le pays ne pourra pas atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en 2015.
Au cours de la deuxième revue annuelle du Document de stratégie et de croissance pour la réduction de la pauvreté-Deuxième génération (DSCRP II) et du programme d’action du gouvernement, les participants à ces importantes assises ont tout simplement constaté que les performances attendues, de l’application des pistes de travail développées par ces deux outils, n’ont pas été atteintes. 63 % de la population vit avec moins de 1 dollar par jour. Comme en juillet 2013, lors de la tenue des travaux de la 1ère revue annuelle de ces instruments, il a été à nouveau noté que « la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté, mis en place par le gouvernement congolais depuis 2001, n’a pas donné les résultats attendus ».
Le bien-être de la population, au centre de toute action
Pour parvenir à cette affirmation, l’examen a porté sur des données chiffrées recueillies dans divers secteurs de la vie et présentées, pour la circonstance, par les ministres de tutelle : santé, éducation, agriculture et développement rural, infrastructures et travaux publics, mines, énergie, hydrocarbures, environnement, transports et communication. De nouvelles recommandations ont ainsi ponctué ce moment de réflexion qui a permis de renforcer les orientations à imprégner à la formulation des budgets nationaux à venir. L’amélioration des conditions de vie de la population doit rester au centre de toutes les préoccupations. Au cours de ces échanges, qui réunissent dans un même cadre de concertation le gouvernement congolais, les acteurs sociaux, le secteur privé ainsi que les partenaires techniques et financiers, il est question de « mesurer les progrès et les résultats obtenus, au bénéfice de la population, en matière de développement humain durable, de création d’emplois, de réduction de la pauvreté, et de renforcement de la croissance ». En cette année 2014, un accent particulier a été mis sur l’analyse des dynamiques socio-économiques qui ont été développées par rapport aux recommandations et engagements de 2013.
Le social a été, ces derniers mois, au cœur des préoccupations, car 466,5 milliards de francs congolais ont été engagés dans des actions en faveur de l’éducation, de l’accès à l’eau, de l’électricité en milieu rural et du logement décent.
Célestin Vunabandi, ministre congolais du Plan
Ces derniers travaux de Kinshasa ont permis d’étayer certaines assertions et de formuler des défis. Si le gouvernement est revenu sur l’embellie constatée dans la croissance macro-économique, le taux devant passer de 8,5 % en 2013 à 8,8 % fin 2014, il a été néanmoins reconnu que le pays ne pourra pas satisfaire aux attentes, quand, en 2015, les Nations Unies vont mener une évaluation générale de la mise en œuvre, de par le monde, des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Dans la lutte contre la pauvreté, le ministre du Plan, Célestin Vunabandi, a noté qu’il y a « quelques progrès, mais qui restent encore limités pour atteindre la cible de 40 % en 2015 ». Il a aussi indiqué que cette « pauvreté touche de plus en plus les jeunes et les femmes, et favorise le chômage et l’exclusion ». Concernant le secteur de l’eau et de l’assainissement, « aucune évolution notable » n’a été constatée, et, « entre 1995 et 2010, moins de 50 % de la population avait accès à l’eau potable ».
Embellie partagée concernant l’éducation
Si des divergences ont apparu, sur l’interprétation des données entre les partenaires techniques et financiers et le gouvernement, par exemple sur « le taux de mortalité maternelle et infantile », qui, pour les premiers, « reste très élevé », et, pour le second, a connu « des progrès », il s’est dégagé une concordance de vues dans les acquis du secteur de l’éducation. A ce propos, les deux parties ont retenu que « la République démocratique du Congo a enregistré des résultats encourageants ». Il en est de même en ce qui concerne la santé ainsi que la parité et le genre. Pour revenir à l’éducation, le ministre du plan a mis en exergue des facteurs ayant favorisé cette performance, notamment la gratuité au niveau de l’école primaire dans le secteur public, la promotion de la scolarisation des filles, la construction de nouvelles écoles par le gouvernement. Cependant, il a souligné des défis, encore tenaces dans ce domaine, notamment la qualité de l’enseignement, l’amélioration des conditions de vie des enseignants, la réduction du taux de déperdition. Par ailleurs, l’embellie constatée dans ce secteur, n’est pas totalement acceptée par certains acteurs nationaux, qui estiment qu’au bout du cursus scolaire et/ou académique, les programmes de l’enseignement se démontrent inadaptés aux réalités professionnelles congolaises. A ce propos, le chercheur José Mangalu Mobe a récemment déclaré qu’« actuellement, on observe que les profils des jeunes, qui sortent de l’université ou du système de l’enseignement, de façon générale, ne rencontrent pas la préoccupation des employeurs ». Sur un autre créneau, les partenaires techniques et financiers ont tenu à rappeler au gouvernement congolais son rôle de « leadership dans la coordination de l’aide au développement. Cela implique la création d’un cadre national de concertation consensuel et un fonctionnement optimal des groupes thématiques ». Un défi majeur est revenu dans maintes interventions des participants. Il s’agit de la répartition équitable du revenu national. Au cours de cette deuxième revue annuelle du DSCRP-II et du programme d’action du gouvernement, cette dimension a été soulevée plusieurs fois, essentiellement pour souligner que « les fruits de la croissance ne sont pas encore perçus par les populations congolaises ». Pour le gouvernement, « le social a été, ces derniers mois, au cœur des préoccupations.