Commerces, chantiers de BTP, agriculture, industrie, recherche pétrolière, mines…, aucun secteur stratégique ne leur échappe. Et ce, d’autant que leur présence a été réactivée au début des années 2000 et consolidée avec l’accord de partenariat stratégique Congo-Chine conclu en juin 2006 et renouvelé en mars 2013 lors de la visite du président chinois au Congo. À la clef, onze accords signés assortis de prêts bonifiés, voire sans intérêt, et de dons conséquents. De quoi financer de multiples projets congolais, qui profitent, en retour, aux entreprises chinoises.
La filière BTP à la faveur de nombre d’entreprises
C’est dans la filière BTP que celles-ci sont particulièrement actives au Congo. Et pour cause. Le gouvernement congolais a inscrit à son programme d’investissements publics, et dans le cadre de la municipalisation accélérée, la réalisation de nombreuses infrastructures économiques, administratives et sociales de base. Barrages hydroélectriques, lignes de transport d’énergie, routes, ports, infrastructures aéroportuaires, logements, hôpitaux, écoles, édifices publics, complexes sportifs, usines de production d’eau, systèmes d’assainissement… : les sociétés chinoises sont, de loin, les grands gagnants des appels d’offres lancés par la Délégation générale des grands travaux.
Parmi la quinzaine d’entreprises de BTP de l’empire du Milieu présentes au Congo, certaines ont remporté des marchés tous azimuts, comme la China National Machinery Equipment import and export Corporation – CMEC – (transport d’électricité associé au barrage de Liouesso, usine d’eau de Djiri, logements à Brazzaville, route Okoyo-Lékéty), ou la Weihai International Economic Technical Cooperative – Wietc – (2e module et autres équipements de l’aéroport Maya Maya et logements à Brazzaville). Ou encore la China Road & Bridge Corporation – CRBC – (route Mambili-Ouesso, voieries urbaines, institut professionnel de technologie d’Oyo, adduction d’eau potable à Sibiti, etc.).
D’autres interviennent en priorité dans le bâtiment comme Beijing Construction Engineering Group, CEEDI, Dawa Engineering, China Geo Engineering Corporation International, Beijing Construction Engineering Group, ainsi que Zhengwei technique Congo, Sino Hydro et China Stade Corporation and Equipement Company, qui ont raflé les marchés de construction du grand complexe sportif de Kintélé.
Outre la CRBC, les projets routiers phares du pays sont revenus à la China State Construction & Engineering Corporation, numéro un du BTP chinois (route Dolisie-Brazzaville) et à Sino-Hydro (tronçon Ketta-Biessi, dans la Sangha). Récemment implantée au Congo, la China Gezhouba Groupe Company, pour sa part, construit la centrale hydroélectrique de Liouesso, tandis que la China Jiangsu réalise le palais présidentiel à Sibiti et le 2e module de l’aérogare de Pointe-Noire, après avoir construit l’aérogare de l’aéroport d’Ollombo.
Au-delà des nouvelles technologies, l’impérative prospection des matières premières
Dans les nouvelles technologies de l’information, ce sont les sociétés Huawei Technologies (3e équipementier mondial des télécommunications) et CMEC qui ont raflé le marché de construction du réseau national de fibre optique entre Pointe-Noire, Brazzaville et Ouesso. Loin de se limiter au BTP, la Chine est présente dans d’autres secteurs. Et pour cause. La recherche de matières premières (bois, pétrole, ressources minières) et de débouchés, tant pour ses entreprises que pour ses produits, est indispensable pour son développement. D’ailleurs, nombre de leurs sociétés installées au Congo importent de Chine les matières premières, les intrants et une partie de la main-d’oeuvre – cadres et ouvriers – nécessaires à l’exécution des travaux.
Dans la filière bois, les entreprises chinoises caracolent en tête des superficies concédées, avec quelque 3,182 millions d’hectares de concessions réparties entre la Sino Congo Forêts, établie dans la Lékoumou et le Kouilou ; la société d’exploitation forestière Yuang Dong, implantée dans la Sangha ; la Congo Deija Wood Industry (Cuvette Ouest) ; Thanry Congo, filiale du groupe Vicwood (Likouala) ; et Wang Sam Resources and Trading Congo (Cuvette).
Présente dans l’exploration pétrolière, avec China Congo Wing Wah Petrochimical et China National Offshore Oil Corporation, la Chine a également mis pied dans le secteur minier. Or, polymétaux, diamant, fer, uranium, potasse, grès, carrières et autres…, tout l’intéresse. Une bonne vingtaine de sociétés sont ainsi en phase de recherche et d’exploration dans plusieurs départements du pays. Parmi elles figurent Lulu, Luyan des Mines, Congo Yuan Wang Investment Million Well Congo, Sino Congo, China National Group Gerald, China Ghezouba Group. Et bien d’autres. Mais le projet d’envergure, et le plus avancé, reste le projet potasse de Mengo, avec Evergreen Industries qui contrôle Mag Minerals Potasses Congo. Il est vrai que les besoins en potasse (engrais) de la Chine sont énormes, notamment pour l’agriculture.
Usines, commerce de détail et zones économiques spéciales
Outre deux cimenteries – la Société nouvelle des ciments du Congo à Loutété (Bouenza) et Forspak à Dolisie (Niari) -, les Chinois ont également investi dans une usine de matériaux de construction (briques, carreaux et tuiles) à Makoua, une unité de fer à béton à Djiri et de panneaux solaires à Oyo.