Ce produit est en déroute en République démocratique du Congo. De 120. 000 à 8. 000 tonnes par an, la chute semble brutale. Les conséquences sont incalculables pour les paysans qui dépendent de cette filière. Pourtant, en Afrique, la tendance est en hausse.
La visite de l’ambassadeur de France en RDC, Luc Hallade, chez les producteurs de café du Sud-Kivu est significative. La promotion des actions du café passe par des soutiens à tous les niveaux. Un renforcement des techniques culturales en faveur de ces caféiculteurs, regroupés dans l’Association de promotion des actions café pour un développement intégral (Sopacdi), va augmenter la production du café à Cheya, une localité située à 15 kilomètres de la cité de Minova. Le diplomate français veut soutenir les actions menées dans cette station de traitement du café organique. L’objectif est d’obtenir une meilleure rétribution, un meilleur revenu et de trouver des acheteurs. Il y a aussi un besoin en formation et en expertise nécessaire pour améliorer la production locale.
Mais la baisse des cours du café a découragé de nombreux paysans qui, depuis un temps, privilégient la fraude dans l’exportation de ce produit. Sur 73.000 tonnes d’exportation, l’Etat ne recense officiellement que 8. 000 tonnes, un énorme gâchis pour le trésor public. Lors du récent forum organisé à Goma, le ministre provincial de l’agriculture, Cyril Nzanzu, a reconnu que le café générait, à l’époque, près de 235 millions de dollars par an, pour le compte du trésor public. Il constituait alors le principal produit d’exportation agricole du pays. « Depuis 2010, la production a chuté de près de 70% et les exportations ont baissé de 90% », a-t-il déploré.
Depuis, le pays ne sait plus se relever dans cette filière, faute d’un plan stratégique de relance de production. Selon plusieurs études de l’Office international du café (OIC), le Congo ne pourra se relever de cette chute que s’il surmonte certains obstacles majeurs tels que la fraude, le non paiement des frais de prestation sur les exportations des produits agricoles, les multiples taxes illégales et la baisse des cours mondial du café (de 1500 à 370 dollars). A cela, il faut joindre la difficulté d’accès au financement et aux crédits de campagne. Il y a également d’autres freins liés aux bactéries qui infectent les plantations, telle que la trachéopmycose, à la base de la maladie du café qui a ravagé des plantations entières à l’Equateur et dans le reste du pays où on peut retrouver des plantations du café.
Reprise timide
Malgré ce tableau sombre, la commercialisation du café dans les provinces du Nord et Sud-Kivu reprend. Des agronomes sur place confirment une réelle volonté de relance dans le secteur. La vulgarisation et l’encadrement agricoles demeurent, selon eux, les meilleures techniques pour atteindre une bonne structuration des producteurs au sein des organisations. Le climat des affaires actuel dans le secteur du café au Congo constitue aussi un autre frein au développement des exportations. Des multiples taxes formelles et informelles font fuir les investisseurs. Eastern Congo Initiative (ECI), un des programmes financés par la coopération britannique, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, a créé un cadre de concertation pour réguler les taxes dans la filière café.
Pour redynamiser son exportation, il y a une nécessité d’améliorer la compétitivité des acteurs et développer les partenariats public-privé.
Au niveau de l’Afrique, l’on ressent un léger repositionnement des pays producteurs sur l’échiquier continental. Cela, grâce aux initiatives entreprises par l’Ethiopie et l’Ouganda dont la production a baissé de 25 à 12%. Dans l’augmentation de production constatée chez les pays producteurs des cafés robusta et arabica, l’on note une moyenne croissante de 2,5% et des exportations qui tournent autour de 12 millions de sacs de 60 kilos.
Mais l’Organisation internationale du café note toujours un déficit de 22 millions de sacs. Ce qui est énorme. D’où, un appel regain du dynamisme pour tous les acteurs de la filière : « si la relance est effective, la demande du café africain va reprendre », a affirmé un responsable de l’OIC. Sur le plan mondial, l’Ethiopie avec ses 8 millions des sacs (60kg) produits est la 4ème productrice de l’arabica, derrière le Brésil, l’Indonésie et le Vietnam. Par contre, l’Ouganda occupe la 2ème place mondiale, pour le café robusta. Le secret de cette relance réside dans le rajeunissement du verger, technique recommandée pour d’autres pays africains.