La nation arc-en-ciel vient de délier les cordons de la bourse avec un montant de 150 millions de dollars, au titre de participation au capital de cette banque de développement commune.
Cette annonce a été faite, fin juillet, par Jacob Zuma, le président sud-africain, qui concrétisait une promesse de son pays de verser une première contribution de 150 millions de dollars pour le compte des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). A en croire Zuma qui intervenait au cours d’un débat sur le budget de la présidence, « cette somme fait partie du calendrier des acomptes sur lesquels tous les membres de la banque se sont entendus ». Interrogé sur l’origine des fonds qui seront versés à titre de contribution au capital de la banque, il a précisé que les contributions de capitaux proviendront du fisc, affirmant qu’elles « sont similaires à celles apportées aux autres institutions multilatérales telles que la Banque africaine de développement et la Banque mondiale. » La banque de développement des Brics veut notamment être une alternative à la Banque mondiale, mais aussi au Fonds monétaire international (FMI). La capitalisation de cette institution a été fixée, dans un premier temps, à 10 milliards de dollars de liquidité sur sept ans, équitablement répartis entre les pays fondateurs et 40 milliards de dollars de garanties. Cette somme sera progressivement portée à 100 milliards de dollars et la banque pourra commencer les activités de prêt à partir de 2016.
La Chine a été choisie pour la domiciliation du siège de la banque qui sera ouvert à Shanghai. L’institution financière dispose également d’un pool de réserve de change. L’Inde va présider les opérations de la banque pour les cinq premières années, avant de céder la place au Brésil puis à la Russie. La Chine, qui détient la plus grande réserve de change du monde, fournira la plus grande partie de la monnaie d’urgence du pool avec une injection de 41 milliards de dollars. Le Brésil, l’Inde et la Russie devraient contribuer pour 18 milliards de dollars chacun, et l’Afrique du Sud, 5 milliards de dollars. La nouvelle banque est à même de soutenir un Etat au bord de la faillite ou confronté à une crise de change. Elle va servir à financer des infrastructures et sera moins regardante sur les conditions de prêts de la Banque mondiale. Elle est appelée à attirer les Etats les plus fragiles. Son fonds de réserve est perçu comme un outil aux mains de pays souvent malmenés par le roi dollar. Ce nouvel établissement va constituer, surtout, un instrument de puissance pour les pays émergents, sous-représentés dans les institutions internationales.
La réforme du Fonds monétaire international (FMI), qui devrait leur donner plus de voix dans les assemblées des institutions de Bretton Woods, est toujours bloquée par le Congrès américain. Pékin apporte la contribution essentielle à hauteur de 40 %. C’est dans la ville brésilienne de Fortaleza que les cinq grands pays émergents se sont retrouvés, mi-juillet, pour finaliser le lancement de la banque et le fonds de réserve.