Ils s’estiment être gardiens du style « authentique ». Ces artistes de la musique traditionnelle se retrouvent face à un défi de financement de leurs orchestres.
S’il est vrai que les groupes musicaux pullulent à Kinshasa, une catégorie, au bord de la faillite, fait de la résistance : les formations folkloriques. Ces groupes, qui se veulent une vitrine des différentes cultures traditionnelles congolaises, font face à un défi : le financement. Au rez-de-chaussée de l’immeuble « Ve Ve Center », sur la place Victoire, quelques orchestres folkloriques ont fait de ce lieu, qui abrite aussi un studio d’enregistrement, leur siège de répétition. « Mon groupe a été créé en février 2001, à l’initiative de Jean-Paul Nemoyato, l’actuel ministre de l’Economie et Commerce. Mais son fonctionnement et son financement dépendent de toute personne de bonne volonté, qui aime la musique traditionnelle, en général, et celle de la culture Babowa, en particulier », a déclaré Labe Ekasa, président du groupe folklorique « Babowa ».
Pour garantir la survie de son groupe, composé de vingt-deux musiciens, il faut chercher, à tout prix, le financement ailleurs. « Nous demandons du soutien auprès de toute personne qui veut relever la musique traditionnelle, sans distinction des provinces », a-t-il insisté. Pourtant, ces musiciens pensent être parmi ceux-là qui conservent encore les valeurs musicales traditionnelles, face à la montée en puissance de la musique moderne. « Nous évoluons à Kinshasa comme des ambassadeurs de nos cultures respectives. Nous pensons, à juste titre, que l’existence de tous ces groupes permet de sauver une musique qui tend à disparaître au profit des styles modernes », estime un autre musicien.
Nous évoluons à Kinshasa comme des ambassadeurs de nos cultures respectives. Nous pensons, à juste titre, que l’existence de ces groupes permet de sauver une musique qui tend à disparaître
Musicien folklorique
La plupart de ces orchestres saisissent des manifestations publiques, à caractère essentiellement politique, pour essayer de se faire de l’argent. Ils estiment ne pas être trop sollicités par des sponsors classiques. « Je fais la musique folklorique par la passion de ma culture. Il est extrêmement difficile de tenir le coup dans ce métier. Nous n’avons pas des mécènes encore moins de producteurs. Nous trouvons un revenu de façon aléatoire », a confié un autre.
Ces recettes sont réalisées à travers des spectacles occasionnels que les groupes livrent, selon des circonstances. « Nous plaçons nos paniers devant des politiciens. En avançant vers eux en dansant, nous leur demandons de contribuer. Il nous arrive de gagner quelque chose mais parfois, non », réagit un danseur, en marge d’un spectacle livré le 14 août, à la Foire internationale de Kinshasa.
Si chez ceux qui font une autre forme de musique, la dédicace de certains noms des personnalités serait une portion congrue, pour trouver des moyens, cette astuce ne semble pas encore bien marcher chez des musiciens folkloriques. « Quand on nous invite à une manifestation, nous constatons, souvent, un manque de considération dans le traitement. Les organisateurs peuvent proposer un montant élevé pour nos collègues de la musique moderne, peu importe l’artiste », constate Djodjo Bangala, président intérimaire du groupe « Kpou Mayo Ambitiri ».
Le constat n’est pas le même au siège de l’orchestre folklorique BasoKin, (‘‘Basongye’’ de Kinshasa). Son leader, M’putu Ebondo alias Mi-Amor, qui a fêté ses 31 ans de carrière, le 15 août dernier, essaye de faire exception à la règle. Son groupe livre des concerts et se fait de l’argent. Il est régulièrement invité pour animer des manisfestations organisées par des membres de la communauté Songye. . Il en est de même pour l’orchestre « Bayuda du Congo ».