Cette entreprise étatique, qui règne en monopole dans ce secteur, ne cesse de revoir à la hausse le coût de la consommation de l’énergie électrique. La surprise de ses abonnés est désagréable.
«Pour la consommation de l’électricité du mois de juin, nous avons payé une facture de 25. 000 francs. En juillet, contre toute attente, la facture est arrivée à 31. 450 francs. L’on se demande en quoi se justifie cette forte augmentation », se désole un abonné dans un quartier de la commune de Ngaliema. En l’espace d’un mois, il est obligé de débourser 6.500 francs supplémentaires. « Il y a deux ans, les factures avoisinaient les 10. 000 francs. Aujourd’hui, nous sommes obligés de payer, trois fois plus, alors que rien n’a changé, en ce qui concerne la qualité des services. Au contraire, elle se dégrade au fil des jours. En plus, nous n’avons pas des appareils de grande consommation. Seuls, un poste téléviseur, un réchaud à une plaque et quelques ampoules, utilisés d’ailleurs à l’improviste, ne peuvent pas consommer autant d’énergie », indique ce client de la Snel. Il commence à penser qu’il lui sera désormais difficile d’honorer ses factures, malgré sa bonne foi. Depuis 2012, la Société nationale d’électricité a revu à la hausse le prix de ses services. Sa facturation forfaitaire a triplé. La Société civile de Kinshasa (SOCIKIN) dénonce une facturation « exorbitante, par rapport au pouvoir d’achat » de la population. Elle appelle, ainsi, à une facturation « réelle et objective à la consommation ».
Les limites d’un système
Cette objectivité est rendue difficile, si pas impossible, avec le système de facturation forfaitaire, utilisé par cette entreprise. Les compteurs, qui déterminent avec précision la consommation d’électricité, ne sont pratiquement plus utilisés dans plusieurs ménages. Le projet d’installation des compteurs à prépaiement, dans toutes les communes de la capitale, n’a pas donné des suites favorables. Expérimentés depuis 2009 dans certains quartiers de la ville, dont la Cité verte, la cité Maman Mobutu, et quelques quartiers de la Gombe, ce système moderne permettrait non seulement de mettre fin à la facturation forfaitaire, mais également de favoriser une économie d’énergie. L’échec de son déploiement fait perdurer la facturation forfaitaire qui, pourtant, démontre des limites. Selon un agent de la SNEL, cette facturation est établie sur base de la consommation globale d’énergie, indiquée au niveau de la cabine. Dans ce cas, dans un réseau, il y a ceux qui supportent financièrement la charge des autres. « Certains consomment plus et payent moins. D’autres consomment moins et payent plus », indique un abonné.
Payer sans consommer
Faire payer chacun ce qu’il a réellement consommé n’est jamais évident, sans compteur. En attendant, le prix de la consommation continue à grimper, sans pour autant être suivi de l’amélioration de la fourniture de l’énergie qui reste un grand problème dans la capitale. Les coupures intempestives, le délestage et autres difficultés de cette société, qui continue à assurer le monopole dans un secteur qui attend toujours l’effectivité de sa libéralisation, ne trouvent pas des vraies solutions. Certains quartiers de la ville restent, pendant des semaines, voire des mois, dans le noir. Malgré cela, les factures arrivent chez ces non-consommateurs de l’énergie électrique. Pour un ancien cadre de cette entreprise, la surfacturation ne profite pas à la société. Beaucoup d’abonnés ne parviennent plus à honorer leurs factures. Certains se contentent de corrompre les agents de recouvrement ou à utiliser des raccordements frauduleux. Cela nuit à la rentabilité d’une entreprise qui gagnerait plus, estime-t-il, en appliquant un prix accessible à toutes les bourses.
INFO BOX
- Une ligne d’environ 400 MW couvre la ville de Kinshasa sur un besoin en énergie de 800 MW.
- Cette ligne a été construite en 1972, pour une population de 2 millions d’habitants
- Seulement 9% de la population congolaise a accès à l’électricité, l’un des taux les plus bas de toute l’Afrique.