Le projet de création d’une institution bancaire par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), grâce à un partenariat avec l’opérateur téléphonique Vodacom, se précise, avec la construction d’un immeuble devant l’abriter et la sensibilisation des fidèles.
Afin de se doter de moyens adéquats pour son action socio-économique, l’Eglise catholique a conclu un marché avec Vodacom. Il consiste en la mise à circulation de cartes Sim spéciales dont les bénéfices de la vente seront reversés aux catholiques pour constituer le capital de la banque en gestation. Le rôle de l’Eglise catholique dans cet accord est celui d’intermédiaire et de grossiste pour écouler les puces auprès des fidèles moyennant une commission. Le marché est lucratif et attire beaucoup d’expatriés, notamment des Libanais qui ouvrent des points de vente exclusifs des produits Vodacom. L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo, avait précisé que ce contrat va permettre à la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) de bénéficier d’un pourcentage sur les communications qui seront réalisées avec des cartes Sim vendues aux fidèles. La voix et l’image des évêques catholiques ont été utilisées dans la publicité annonçant ce projet, au point de heurter parfois certaines consciences qui voyaient l’Eglise catholique, association sans but lucratif, membre société civile, entrer dans la logique du profit. Critiques vite balayées d’un revers de la main par un prêtre économiste, enseignant de l’université. « Ceux qui émettent pareille critique oublient que l’Eglise catholique romaine est propriétaire d’une des plus puissantes banques du monde, d’œuvres pontificales missionnaires, dont les bénéfices et les profits soutiennent les actions d’évangélisation et de charité à travers la planète», indique-t-il. La CENCO, dont les besoins d’actions caritatives et sociales s’accroissent, entend se doter d’un outil de financement efficace, inspiré de l’exemple du Vatican. Mais pour le moment, aucune information ne filtre sur le capital attendu de la future banque, le début effectif de ses activités, son positionnement sur le marché congolais et sa couverture nationale. Seules, ont été fournies, des indications sur la sensibilisation des catholiques et leur implication dans l’achat des cartes Sim ainsi que l’état d’avancement satisfaisant des travaux du bâtiment devant abriter le siège national de cette banque, un immeuble de trois niveaux, dans la commune de la Gombe.
Faible taux de bancarisation en RDC
Ces dix dernières années, le secteur bancaire en RDC est en plein essor, avec une vingtaine d’institutions et une centaine d’établissements de microfinance qui ne couvrent encore que 4,5 % de la population, soit 3 millions de comptes, selon la Banque centrale du Congo (BCC). Pour le gouverneur de cette institution financière, « ce taux pourra être porté à 20, 25 % d’ici deux à trois ans, à condition que la banque de proximité, que la microfinance et le Mobile Banking tournent à plein régime ». Le manque de culture bancaire d’une majorité de la population se justifie, entre autres, par la modicité des salaires, rendant difficile l’épargne. Il y a aussi la concentration des banques et de leurs succursales dans les grandes villes et leur absence dans les milieux ruraux, le recul et la baisse des activités des caisses d’épargne, la disparition des services financiers de la poste. Le taux de bancarisation en RDC était de 4,7% fin 2012.