Le retour progressif de la paix dans l’Est du pays stimule peu à peu les activités dans les aires protégées. Même si leur sécurité reste encore un grand défi à relever, certains sites redeviennent fréquentables.
Le problème de la conservation de la nature se pose avec acuité dans la partie orientale de République démocratique du Congo, théâtre régulier des conflits armés qui ne facilitent pas le développement des activités touristiques dans des sites pourtant riche en biodiversité. L’Ong Horizon nature a constaté, ces derniers mois, une timide reprise du tourisme dans les parcs de l’Est du pays. Chantal Shalukoma, sa coordonnatrice, a rassemblé, le 20 septembre, à Bukavu, des acteurs œuvrant dans le secteur de l’environnement, pour réfléchir sur les moyens de renforcer la promotion et la protection de la biodiversité, spécialement dans le parc national de Kahuzi Biega au Sud-Kivu. En dépit d’une relance timide des opérations touristiques, ce patrimoine mondial est toujours menacé, surtout par les exploitations minières et des groupes armés.
L’implication de la Banque mondiale
« Il faut poursuivre le plaidoyer de concert avec les organismes gouvernementaux et les sociétés minières du Sud-Kivu pour mieux protéger ce patrimoine commun », a déclaré Chantal Shalukoma. Un don de 14,6 millions de dollars de la Banque mondiale est prévu pour renforcer la protection de ces réserves naturelles. Selon le directeur des opérations de cette institution en RDC, Eustache Ouayoro, une mission de suivi est mise en place pour s’assurer que ces financements apporteront un plus dans le fonctionnement, prioritairement, des parcs des Virunga, dans le Nord-Kivu et de la Garamba, en Province Orientale. Les parcs de Maïko et de Kahuzi Biega au Sud-Kivu seront concernés, en second lieu. Le parc des Virunga devra bénéficier de 2,4 millions de dollars. Celui de la Garamba de 2,1 millions. Pour les responsables de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), cet argent va servir dans la construction des maisons d’éco-gardes, la scolarisation des enfants pygmées et d’autres actions de développement pour les populations riveraines des parcs nationaux ciblés. L’objectif principal est celui d’anéantir les activités des groupes armés et des milices afin d’augmenter l’attractivité des parcs. L’insécurité qui écume ces régions a sensiblement handicapé les activités touristiques. Elle a causé, au passage, d’énormes dégâts avec la disparition des rhinocéros blancs dans le parc de la Garamba et des okapis à Epulu. Le braconnage, favorisé par ce climat délétère, a contribué à la diminution d’espèces comme des éléphants de forêt, girafes, gorilles et chimpanzés à Kahuzi Biega, guépards et zèbres à Upemba ainsi que des bonobos à Salonga. En dépit de ces problèmes, la RDC figure toujours parmi les pays qui possèdent une biodiversité exceptionnelle. L’intérêt pour la promotion du tourisme reste entier dans ce pays qui compte encore près de 135 millions d’hectares de forêts, environ 11 000 espèces végétales, 480 espèces de mammifères, 1 090 espèces d’oiseaux, 1 600 espèces de poissons, 350 espèces de reptiles, 220 espèces d’amphibiens et plusieurs dizaines de milliers d’espèces d’insectes.