Pour recouvrer les factures impayées, l’entreprise ne se contente plus d’enlever les compteurs de ses abonnés indélicats pour les contraindre à se mettre en ordre. Mais comme cela ne suffit pas, elle a décidé de déterrer les tuyaux d’alimentation.
Certaines communes de Kinshasa connaissent de sérieux problèmes de fourniture d’eau potable. Malgré cette situation, la Régie de distribution d’eau (Régideso) n’hésite pas à recouvrer des factures auprès des abonnés qui, pour la plupart, ne bénéficient pas pleinement des services de cette société. Dans une note adressée le 24 septembre aux abonnés de la commune de Bandalungwa, la direction commerciale de cette entreprise leur a demandé de s’acquitter de leurs dettes, sous peine de voir leur raccordement déterré. Les impayés, ajoute le directeur commercial, Emmanuel Tembeni, empêche la Régideso de rendre un service de qualité et favorise la pollution de son réseau de distribution. Depuis le 1er octobre, les services techniques ont ainsi procédé au déterrement des raccordements dans certains quartiers de Bandalungwa. « Nous comprenons les préoccupations de la Régideso, mais à chaque fois qu’ils déterrent les tuyaux, nous sommes condamnés à en acheter de neufs quand il faut rouvrir la ligne, alors que ceux qu’ils ont saisis nous appartiennent », regrette une abonnée. La détérioration de la qualité des services de la Régideso n’est pas uniquement liée aux dettes des abonnés. La conduite de certains de ses agents laisse à désirer. Tout se passe au moment où ils passent d’une maison à l’autre pour prélever le niveau de consommation du précieux liquide. A en croire certains abonnés, les agents de la Régideso préfèrent revoir à la baisse le niveau d’eau consommée contre un bakchich. « Lorsqu’ils arrivent, ils me demandent souvent de faire un geste à leur égard pour que je ne me retrouve pas avec une facture salée à la fin du mois. Si je leur réponds que je n’ai rien, ils gonflent le montant de la facture », déclare une autre abonnée.
Tuyauterie défectueuse
Mégalopole d’environ 10 millions d’habitants, Kinshasa continue à consommer une eau non potable dans plusieurs de ses communes. Cela, en dépit des « travaux de renforcement des capacités » des usines de traitement d’eau de Ngaliema, de Ndjili et de la Lukaya. Quelques quartiers comme Télécoms, dans la commune de Ngaliema, sont de temps en temps privés de cette denrée pendant plusieurs mois. La tuyauterie de la Régideso est défectueuse dans beaucoup de communes et laisse ainsi s’écouler d’incalculables mètres cubes d’eau. Dans la seule commune de Ngaliema, des dizaines de fuites d’eau sont signalées régulièrement. Les tuyaux de Kinsuka Pêcheur, au niveau de Carigrès, sont de temps en temps percés. Ce qui fait perdre à l’eau sa pureté à cause, notamment, des déchets qui s’introduisent dans les parties percées. A cause de ces fuites, les habitants de certains quartiers n’ont plus suffisamment d’eau pour leurs besoins quotidiens.
Solution pour la partie Est
Depuis 2008, la Régideso avait annoncé le lancement de l’opération spéciale branchements sociaux et alimentation en eau potable. Il s’agissait d’un projet financé par la Banque mondiale à hauteur de 20, 3 millions de dollars. Le projet consistait non seulement à renforcer la capacité de production et de traitement d’eau potable, mais aussi de réhabiliter tout le réseau de distribution et de connecter toutes les maisons de Kinshasa au réseau Régideso. Il a commencé par le renforcement des capacités de l’usine de traitement d’eau de Ndjili, construite pour desservir notamment les communes de Ndjili, Kimbanseke et de Masina. Le directeur provincial de la Régideso à Kinshasa, Gervais Ntariba, avait souligné sur les ondes d’une radio locale qu’un autre volet de ce projet a consisté à renforcer les capacités de l’entreprise en ce qui concerne le transport de l’eau jusque dans les trois communes. « Nous avons commencé à exécuter ces travaux avec la réhabilitation du lot 1, qui comprend 165 km de canalisation pour le réseau secondaire. Il sera suivi du lot 2, qui compte 18 km de grande canalisation », avait-il expliqué. Mais ce projet ne concerne que les communes de l’Est de la ville et ces travaux vont s’étendre jusqu’à la fin de l’année en cours. D’autres travaux de réhabilitation sont à signaler à l’Ouest de la ville où la Coopération japonaise (JICA) avait achevé, depuis avril, les travaux de rénovation de l’usine de traitement d’eau de Ngaliema, desservant le centre de la ville. Exécutés pendant 14 mois, ils avaient coûté près de 22 millions de dollars. Mais plusieurs sites de l’Ouest connaissent encore des problèmes de fourniture en eau. La direction provinciale de l’usine affirme aussi que si les travaux de la partie Est touchent à leur fin, la Régideso pourra chercher le financement pour s’attaquer aux problèmes qui se posent à l’Ouest.