Figurant à la 47e place sur 52 dans le rapport 2014 de la fondation Mo Ibrahim, la République démocratique du Congo peine toujours à traduire son gros potentiel en opportunité de développement.
La Fondation Mo Ibrahim, du nom du multimilliardaire anglo-soudanais qui a travaillé pour plusieurs entreprises de télécommunications avant de fonder Celtel, revendu en 2005, promeut la bonne gouvernance en Afrique. Depuis quelques années, elle publie un rapport pour montrer les progrès réalisés par les pays du continent dans leur gouvernance et suggère des recommandations à ceux qui marquent le pas. D’autre part, le prix Mo Ibrahim pour le leadership d’excellence en Afrique récompense, par un paiement initial de 5 millions de dollars et un paiement annuel à vie d’un montant de 200 000 dollars, des chefs d’État ayant exceptionnellement amélioré la sécurité, la santé, l’éducation, le développement économique, les droits politiques dans leurs pays et transféré démocratiquement le pouvoir à leurs successeurs. L’édition 2014 a livré son verdict, le 29 septembre. De façon générale, l’Afrique affiche un progrès estimé à 51 % sur les questions de sécurité et l’état de droit, la participation et les droits de l’homme, le développement économique durable et le développement humain. L’Afrique australe vient en tête avec 62,5 %, tandis que l’Afrique centrale tire la tendance vers le bas avec 40 %. L’Afrique de l’Est affiche 47 %, celles de l’Ouest et du Nord respectivement 53 % et 47 %. Dans la note générale, Maurice arrive en tête avec 81,7 %. Viennent ensuite le Cap Vert (76,6 %), le Botswana (76, 2 %), l’Afrique du Sud (73,3 %) la Namibie (74 %), les Seychelles (73,2 %), le Ghana (69,9 %), le Lesotho (69 %).
La plus faible performance est réalisée par la Somalie (8,5 %), précédée par la Centrafrique (26 %), l’érythrée, le Tchad, la Guinée-Bissau et la République démocratique du Congo qui occupe la 47e position avec 34,1 %. Par rapport à l’année dernière, le pays gagne, tout de même, quatre places. Sur ces cinq dernières années, la plus grande avancée est à l’actif de la Côte d’Ivoire avec un indice de progression de 7,9 %.
Elle est suivie par la Guinée-équatoriale avec 6,5 %, le Sénégal, le Rwanda, Sao Tomé, le Kenya avec 4 %. Les régressions les plus spectaculaires viennent des pays qui ont connu les plus grandes agitations socio-économiques comme l’égypte (-8 %), la Libye (-8 %), le Mali (-5%), la Guinée- Bissau (-6 %). Au Congo, le progrès n’a été que de 0,8 % au cours des cinq dernières années. Sur le plan de la sécurité et de l’état de droit, les procédures judiciaires, les sanctions, le transfert du pouvoir, le droit de propriété, les experts recommandent encore plus d’efforts aux pays africains.
Critique et contestation de l’indice Mo Ibrahim
La critique la plus virulente est venue de l’Observatoire du code éthique professionnelle (OCEP), organisme étatique qui dépend du ministère de la Fonction publique pour la promotion de l’éthique et la lutte contre la corruption qui, dans un communiqué, dit ne pas apprécier cette cotation de la Fondation Mo Ibrahim. Selon le communiqué, la grille de délibération de cet indice pèche par un manque d’objectivité par rapport à l’évolution socio-politico-économique actuelle de la RDC. La Fondation Mo Ibrahim note la persistance de la corruption individuelle et institutionnelle ainsi que des détournements en RDC. Par contre, la sécurité individuelle et nationale a fait des progrès avec la réforme en cours de l’armée et des services de sécurité. Les traditionnelles zones d’instabilité sont en passe de se stabiliser et cela aura forcément un effet positif sur la gouvernance des années à venir. Depuis deux ans, le Prix Mo Ibrahim pour le leadership d’excellence en Afrique qui récompense, chaque année, d’anciens chefs d’État ayant respecté l’alternance et amélioré la gouvernance n’a pas été attribué faute de candidat. En raison de l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le Soudan a été exclu du classement Mo Ibrahim, en attendant des nouvelles données.