Budget de l’éducation, gratuité de l’école, salaires et formation des enseignants, manuels scolaires, qualité de l’enseignement, frais de scolarité, échecs à l’examen d’État, scolarité des filles, construction d’écoles, Plan intérimaire de l’éducation… Maker Mwangu Famba, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel depuis 2007, évoque, dans un entretien avec Business et Finances, les réalités de ce ministère fondamental pour le développement du pays. Il aborde tout à la fois les difficultés rencontrées et les progrès réalisés dans la formation des jeunes. Sans nier les problèmes réels qui se posent, le ministre voit l’avenir avec optimisme et refuse de considérer, d’emblée, que la qualité de l’enseignement primaire et secondaire est aujourd’hui médiocre. Interview
Business et Finances : La rentrée scolaire 2014-2015 a été assez mouvementée, les enseignants ayant estimé, entre autres, que leurs salaires étaient dérisoires. Ce problème a-t-il été résolu ?
Maker Mwangu Famba : L’année scolaire a démarré normalement. Nous n’avons pas eu de problème avec les enseignants parce qu’il y a une pratique que nous avons instituée. En juillet ou août, chaque année, nous avons des échanges – pas seulement le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, mais aussi ceux du Budget, des Finances, de la Fonction publique et parfois de l’Emploi – avec les syndicalistes de notre ministère. On s’entend sur la date de la rentrée scolaire, on voit s’il y a des augmentations à faire. Cette année nous nous sommes entendus avec les enseignants sur une allocation additionnelle de 5 milliards de francs pour les salaires. L’enveloppe est passée de 35 à 40 milliards. Cela nous a permis d’avoir une augmentation de 10 000 francs, voire plus. Les enseignants eux-mêmes ont décidé, avec le concours du gouvernement, d’allouer une somme d’environ 200 millions de francs à leur mutuelle de santé. Donc, la rentrée scolaire n’a connu aucun problème.
Le budget de votre ministère représente 16 % de celui de l’État. Est-ce suffisant par rapport aux défis à relever ?
C’est déjà un gros effort du gouvernement. N’oublions pas que dans les années 1990, le budget du ministère tournait autour de 2 à 3 % et c’est cela qui nous amène tous les problèmes que nous avons, avec le passif que nous traînons. Pendant une vingtaine d’années, on ne payait plus les enseignants, il n’y avait plus de frais de fonctionnement pour les écoles et pour en construire. C’est cela qui avait poussé les communautés, les parents, à s’organiser autour des écoles, à prendre en charge leur fonctionnement. Depuis un certain temps, les choses sont en train de changer, le budget est consistant. Est-ce pour autant que nous avons résolu tous nos problèmes ? Non. C’est, par exemple, le fait que beaucoup d’enseignants qui travaillent dans le secteur public ne sont pas payés. Le gouvernement a pris l’option de construire des écoles à travers toute la République. Une première cohorte de 500 écoles est presque finie, nous démarrons la suivante en janvier 2015. Nous avons encore des problèmes pour la formation des enseignants, la distribution de manuels scolaires au niveau du secondaire… Mais les problèmes sont encore énormes.
Vous parlez de la construction d’écoles à travers le pays. Quels sont les critères sur lesquels vous vous basez pour le faire ?
Ce sont les communautés de base qui définissent elles-mêmes leurs besoins, qu’avalisent les autorités provinciales. A notre niveau, nous dépêchons sur place nos collaborateurs qui travaillent avec les communautés en question pour évaluer les besoins. Je précise que ces écoles doivent, avant tout, être publiques pour bénéficier du financement. Le deuxième critère c’est l’éloignement des voies de communication. Quand nous travaillons avec nos partenaires, ils ne veulent pas aller au-delà de huit kilomètres de la voie principale. Pour nous, ce n’est pas le plus important. Ce qui nous intéresse c’est le nombre d’élèves. Il y a beaucoup d’autres critères. J’aimerais néanmoins rappeler que le premier programme de ce genre dans ce pays date des années 1945-50. C’est la première fois que le gouvernement s’y attèle en ne se limitant pas aux grands centres, mais en allant aussi dans les villages.
Même dans les coins les plus reculés ?
Nous allons partout. Les conditions dans lesquelles ces écoles se construisent sont émouvantes. Je prends l’exemple de Kalehe, dans le Sud-Kivu. Il n’y a pas de voie d’accès, l’école est construite sur une colline. Il fallait voir comment les communautés s’étaient organisées pour transporter les sacs de ciment, les barres de fer à dos d’homme ! Les écoles sont construites de la même manière partout. Dans certaines localités, il n’y a pas de véhicule. Et ce sont les habitants eux-mêmes qui trouvent des solutions.
Vous parlez de « partenaires techniques et financiers ». Ce sont eux qui financent la construction de ces écoles ?
Ce projet est à 100 % financé par le gouvernement. Il est même devenu un modèle. Même les partenaires qui viennent financer la construction d’infrastructures le considèrent comme tel et veulent s’en inspirer. Le président de la République avait, à un certain moment, demandé qu’il y ait des normes pour la construction de ces écoles. Nous les avons maintenant. Ensuite, il a demandé qu’on construise le même type d’écoles partout et qu’on aille aussi dans les campagnes pour garder les enfants dans leur milieu afin d’éviter l’exode intellectuel et d’apporter une éducation de qualité.
Vous parlez d’enseignement de qualité au moment où la plupart des Congolais pensent que l’enseignement primaire et secondaire dans ce pays est médiocre. N’avez-vous jamais fait ce constat ?
C’est trop fort ! Je prends un postulat : quand nous étions nous aussi à l’école, nos parents disaient toujours que notre enseignement était de mauvaise qualité. C’est toujours comme cela et on a toujours l’impression que la formation qu’on a eue soi-même est la meilleure, qu’on était soi-même le meilleur par rapport aux autres. Il est vrai que nous avons des problèmes au niveau de la qualité, nous ne le contestons pas. Nous avons contacté nos amis de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour qu’ils puissent évaluer notre enseignement sur le plan qualitatif. Ils nous ont étonnés en découvrant que la République démocratique du Congo est dans la première catégorie des pays africains qui ont réussi en la matière. Nous avons des problèmes, certes, mais notre enseignement n’est pas médiocre.
De quand date cette évaluation de la Francophonie ?
La première remonte à 2010. Ils nous avaient fait certaines recommandations, notamment l’utilisation de manuels dans nos écoles. Depuis, nous avons distribué des manuels, avant de demander une nouvelle évaluation cette année. Ils ont noté quelques améliorations, en constatant toutefois des bonds en avant dans des provinces comme le Kasaï-Occidental et le Katanga. Nos problèmes sont des défis que nous sommes en train de relever en confiant notre évaluation à des organismes extérieurs à notre système.
La baisse de la qualité de l’enseignement n’est-elle pas due au fait que les enseignants sont mal rémunérés, mais également à la pauvreté des parents ?
Je crois que c’est le niveau de vie général qu’il faut améliorer et je ne pense pas que ce soit lié directement à la qualité de l’enseignement. Mais quand nous voyons pendant combien de temps les communautés ont pris en charge l’école, nous constatons que c’est maintenant que, petit à petit, nous reprenons la main. Les communautés ne s’occupent plus du fonctionnement des écoles ni des salaires des enseignants. Aujourd’hui, le salaire d’un enseignant n’est pas loin du salaire moyen de tout fonctionnaire. Nous faisons néanmoins des efforts afin que, à côté du salaire, certains besoins primaires soient satisfaits. C’est pour cette raison que nous avons mis en place la Mutuelle de santé des enseignants, prise en charge par eux-mêmes. Avec leurs salaires modiques, ils cotisent. Et ils bénéficient d’une subvention de l’État, qui apporte une quotité substantielle. Cela permet une prise en charge totale des soins de santé. Nous avons commencé à Kinshasa, nous sommes maintenant à Lubumbashi. Le président de la République a demandé qu’on aille à Mbandaka, et puis à Kisangani. Cela va se concrétiser dans deux ou trois mois.
Pensez-vous que les enseignants du primaire et du secondaire sont bien formés et aptes à former à leur tour les élèves ?
Quand vous parlez de la qualité, je reconnais que nous avons un problème au niveau de la formation initiale. Nous lançons des grandes réformes au niveau de ce que nous appelons les humanités pédagogiques. Nous sommes en train de revisiter les programmes. Mais c’est long. En attendant, nous mettons en place un dispositif pour assurer la formation continue des enseignants afin qu’ils s’améliorent, tout en continuant à enseigner. Nous construisons, à travers le pays, des centres de formation à cet effet.
Dans le système scolaire congolais, il arrive que des élèves, même des petits enfants, soient renvoyés de l’école parce que leurs parents ne se sont pas acquittés, dans les délais, des frais de scolarité. Ne trouvez-vous pas cela choquant ?
Ce n’est ni acceptable ni normal. C’est pourquoi nous avons donné des instructions pour que les élèves ne soient plus mêlés aux problèmes financiers. L’élève va l’école pour apprendre. Nous sommes suivis parce que nous avons constaté que les taux de rétention s’améliorent considérablement. Nous voulons que chacun comprenne que les problèmes de frais concernent les parents et l’école. L’enfant doit suivre les enseignements sans aucun problème. Là où cela n’est pas respecté, nous prenons des sanctions. Notre volonté c’est de voir ces problèmes réglés entre les établissements scolaires et les comités de parents, dans le cadre d’un dialogue permanent.
Quel est votre regard sur ce qui se passe dans les écoles privées où les responsables sont intransigeants, font payer des frais de scolarité toujours plus élevés ? N’y a-t-il pas abus ? Et pourtant, c’est vous qui les agréez !
Bien sûr, il y a des abus que nous condamnons. Mais nous demandons toujours aux parents de réagir, de nous aider à les aider. Le promoteur d’une école privée ne peut pas fixer les frais scolaires sans le concours des parents, parce qu’il doit présenter son budget. Il doit y avoir concertation. Lors des assemblées générales, un gestionnaire de nos écoles doit être là pour faire une sorte d’arbitrage et voir si ce qui est décidé par les parents convient à tout le monde, car il ne faut pas que ce soit l’affaire de quelques parents. Il faut tenir compte du pouvoir d’achat de chacun.
L’enseignement, dans les écoles, est dispensé en français. Mais j’ai constaté que les élèves ne maîtrisent pas cette langue et qu’ils la parlent très mal. Faut-il, dans ces conditions, continuer à privilégier l’enseignement en français ou, au contraire, combiner le français avec les langues nationales ?
La meilleure solution c’est combiner. Avec le concours de nos amis de l’OIF, nous avons lancé un programme dénommé Élan-Afrique. Le Congo est parmi les pays pilotes. Nous sommes en train de voir comment, durant les trois premières années du primaire, les enseignements peuvent être donnés en langues nationales. L’expérience pilote vient de commencer à Kisangani. C’est vraiment impressionnant de trouver les élèves en train de réciter l’alphabet en swahili ! Ils le font de A à Z et inversement. Nous voulons étendre cette expérience à d’autres provinces pour le tshiluba, le kikongo et le lingala. Nous commencerons bientôt, sinon en septembre 2015 au plus tard. Et nous sommes allés encore plus loin.
C’est-à-dire ?
Nous avons instauré des cours de lecture et d’écriture comme des matières à part entière, à l’instar des mathématiques et du français. C’est pour permettre aux élèves de lire et d’écrire. Cela peut contribuer à l’amélioration de la maîtrise du français, qui est la langue d’enseignement. Parce que, s’ils ne le maîtrisent pas, ils auront du mal à comprendre certaines notions.
Vous parlez de lecture, alors qu’il n’y a pas de bibliothèques dans les écoles !
Dans les frais que les parents payent, il y a une quotité qui oblige chaque chef d’établissement à créer ne serait-ce qu’une petite bibliothèque. Certaines écoles le font déjà. Mais nous devons insister pour qu’il en soit ainsi dans toutes les écoles, en attendant d’avoir des bibliothèques communautaires, publiques, municipales…
Comment expliquez-vous le fait que, dans quelques écoles, il arrive que des promotions entières échouent à l’examen d’État ? Est-ce une question d’ignorance de la part de ces candidats ou, tout simplement, des difficultés liées à une connaissance sommaire de la langue d’enseignement ?
La publication des résultats de l’examen d’État tient compte de beaucoup de paramètres. On prend par exemple en compte les points obtenus par l’élève dans son école. On fait une moyenne avec les points de l’école et ceux obtenus à l’examen d’État. Il est également tenu compte du comportement et de la moyenne de la salle de classe. Ces cas nous interpellent tous. Souvent ce sont les matières d’option qui ne permettent pas à certaines écoles d’obtenir des bons résultats.
Quelle est la place de la jeune fille congolaise dans le système d’enseignement ? Est-elle l’égale du garçon à tout point de vue ?
Au niveau primaire, les données sont bonnes. C’est au secondaire qu’il y a des soucis. Si je prends l’exemple de Kinshasa, on a plus de filles que de garçons à l’école primaire. A Lubumbashi c’est presque la même chose. Dans certains coins du pays, il y a aussi beaucoup plus de filles que de garçons à ce niveau. Mais, quand vous allez dans le secondaire, les données changent complètement, à l’avantage du garçon. Nous avons beaucoup d’efforts à faire pour le passage de la jeune fille du primaire au secondaire et, surtout, pour sa rétention à l’école. C’est pourquoi nous avons pris un certain nombre de mesures dont nous allons mesurer l’impact.
Lesquelles par exemple ?
Il y a le problème des filles-mères. Elles sont refusées dans certaines écoles pour des questions de « moralité ». Ce n’est pas possible ! Si les « garçons-pères » sont acceptés, pourquoi alors rejeter les filles-mères ? Il faudrait qu’elles soient également acceptées. Cela nous permettrait de récupérer un certain nombre de filles qui sont découragées.
Quelles sont, d’après vous, les raisons qui expliquent le peu de présence des filles dans l’enseignement secondaire ? Est-ce une forme d’exclusion ?
Il n’y a pas d’exclusion.
C’est donc culturel…
Dans certaines régions du continent, oui. Ici ce n’est pas très évident. Le grand problème qui empêche certains parents congolais d’envoyer leurs grandes filles à l’école c’est surtout, en grande partie, les frais scolaires. À cause d’un pouvoir d’achat faible, ils font le choix entre les garçons et les filles et tranchent en faveur des premiers. Parfois c’est lié à la nature même de la jeune fille, qui doit aller dans des écoles situées assez loin du domicile des parents. Les distances à parcourir atteignent en général plus ou moins dix kilomètres. Dans ces conditions, les parents préfèrent garder la fille à la maison. Je crois, malgré tout, que cette tendance est en train d’être inversée. Le nombre de jeunes filles dans l’enseignement secondaire ne cesse d’augmenter. Nous devons encourager cela et prendre des initiatives afin que la jeune fille reste à l’école le plus longtemps possible.
De quelle manière ?
Avec certains de nos partenaires, nous avons amorcé quelques projets. Il y en a qui accordent des bourses d’études à certaines élèves afin qu’elles restent à l’école. Nous allons faire une évaluation pour voir si cela a donné de bons résultats.
Où en êtes-vous avec l’école gratuite ?
Pour le moment, nous nous sommes arrêtés au niveau de la cinquième primaire. Nous avons fait faire une étude pour savoir si nous pouvons aller jusqu’à la sixième. Mais aussi comment, avant la fin de l’année, l’étendre à Kinshasa et à Lubumbashi, qui sont encore mises à l’écart compte tenu de certaines de leurs spécificités. Je vous ai dit que Kinshasa a déjà atteint la parité filles-garçons à l’école primaire. C’est pour dire que les réalités de ces deux villes ne sont pas les mêmes qu’ailleurs. La mise en œuvre de cette mesure a vraiment profité au système scolaire parce que le nombre d’élèves a sensiblement augmenté dans les écoles. Au cours de l’année scolaire 2012-2013, nous avons même eu un taux d’admission de 133 % ! L’école a vraiment récupéré les enfants qui avaient déjà dépassé l’âge d’entrer à l’école primaire. L’âge légal c’est six ans, mais nous avons admis des enfants de dix ans. C’est une bonne chose.
Est-ce que les jeunes s’intéressent à l’enseignement technique et professionnel qui est considéré, à tort ou à raison, comme réservé aux cancres ?
Nous sommes en train de travailler à faire changer cette vision. C’est lié au faible financement de cette filière. À l’heure actuelle, nous avons 10 % d’écoles techniques et professionnelles par rapport à l’enseignement général. Nous avons ainsi décidé de transformer certaines classes littéraires, pédagogiques, scientifiques en écoles techniques et professionnelles. D’ici quatre à cinq ans, le nombre de ces écoles pourra augmenter, l’objectif étant d’arriver à une parfaite égalité de 50-50.
Votre ministère a un Plan intérimaire de l’éducation. En quoi consiste-t-il ?
Étant donné toutes les difficultés que nous avions, pour baliser le chemin, avoir une boussole, il nous fallait une stratégie. Nous avons donc élaboré cette stratégie pour identifier nos problèmes et proposer des solutions. Elle a été suivie directement d’un plan intérimaire. Comment mettre en œuvre cette stratégie qui couvre cinq ans et le plan intérimaire, d’une durée de trois ans ? L’avantage du plan intérimaire c’est un financement direct de nos partenaires et l’admission au Partenariat mondial pour l’éducation. C’est vraiment quelque chose de très important que nous y soyons, en plus d’un financement direct de 100 millions de francs, avec d’autres financements qui sont en train d’arriver. Au niveau interne, cela a permis au gouvernement de consolider le budget consacré à l’éducation. Si nous avons aujourd’hui 16 % du budget, c’est grâce au plan intérimaire et à nos objectifs. Des indicateurs nous permettent de suivre l’évolution de la situation. Il y a deux mois, nous avons fait une revue à mi-parcours. La revue était très bonne. Tout le monde s’est montré content des efforts fournis.
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
Le plan intérimaire et la stratégie reposent sur trois socles. D’abord, l’accès et l’équité. C’est-à-dire comment faire en sorte que tous les enfants congolais deviennent des élèves, filles et garçons, handicapés physiques ou pas. C’est pourquoi nous construisons des écoles en tenant compte de toutes les particularités physiques. Le deuxième socle c’est l’amélioration de la qualité, c’est-à-dire la formation des enseignants, la distribution de manuels, la construction de salles de classe, l’amélioration de la formation initiale… Le troisième socle est l’amélioration de la gestion de notre système éducatif. Autrement dit, comment arriver à atteindre de bons résultats avec les moyens dont nous disposons dans la gestion ? Quand vous comparez les pays à travers le monde, vous verrez que les États-Unis mettent beaucoup d’argent dans l’éducation. Mais ont-ils de bons résultats ? Lorsqu’on établit les palmarès des meilleurs en matière d’éducation, on va citer par exemple la Finlande, qui n’a pas les mêmes moyens que les Américains. Les résultats sont le fruit de l’organisation. Nous cherchons à rendre notre gestion transparente en vue d’obtenir de bons résultats.
En définitive, l’enseignement primaire et secondaire n’est pas en train de former des futurs analphabètes ?
Nous devons tout faire pour que l’école congolaise ne forme pas des futurs analphabètes. Le président de la République a promulgué une loi sur l’éducation. Elle contient une nouvelle notion que nous avons introduite : l’éducation de base. Pour nous, c’est six ans du primaire plus les deux premières années du secondaire. Cela fait huit ans. L’État a l’obligation de garder l’enfant de la première année du primaire jusqu’à la deuxième année du secondaire. L’enfant qui passera huit ans à l’école aura des connaissances irréversibles. Par rapport au système que nous avions, lorsque l’enfant arrive à la fin de l’école primaire, il a en moyenne douze ans. Le taux de transfert vers le secondaire étant faible, il arrête sa scolarité. Nous avons aujourd’hui 12 millions d’élèves au niveau primaire, contre 4 millions au secondaire. Ces enfants qui abandonnent l’école sont des analphabètes. Pourquoi alors investir beaucoup de moyens dans quelqu’un qui va devenir analphabète ? Pour que nous poursuivions nos efforts, il faudra que les premières années scolaires soient gratuites afin de permettre à l’enfant d’acquérir des connaissances d’une façon définitive. C’est le sens de la nouvelle loi promulguée en février par le président de la République.