Mis en œuvre le 31 décembre 2010, le Projet d’appui à la réhabilitation et à la relance du secteur agricole (Parrsa) arrive à échéance le 15 décembre 2015. Revue de ses réalisations.
Conçu pour une durée de cinq ans, le projet a été mis en œuvre dans trois districts de la province de l’Equateur (Mongala, Nord Ubangi et Sud Ubangi) ainsi que dans le Pool Malebo, à Kinshasa. C’est une initiative du gouvernement de la République démocratique du Congo, financée par la Banque mondiale à hauteur de 120 millions de dollars.
Sachant qu’à la date du 31 décembre 2014, les décaissements se chiffraient à 62 447 826,94 dollars et que les engagements atteignaient 23 670 299,96 USD, soit un total de 86 118 126, 90 USD, quelles sont, à ce jour, les réalisations du projet dans son aire d’intervention ? Deux journées de réflexion ont été consacrées à la question à Kinshasa.
A la lecture du communiqué sanctionnant la clôture de la réflexion, le chargé de la communication du Parrsa a révélé qu’au terme de la mission menée, du 26 au 31 mars 2015, dans différentes zones d’interventions par une délégation de la Banque mondiale et du gouvernement, les réalisations sont « remarquables » et qu’elles « suscitent la satisfaction de l’équipe conjointe et des populations ».
Dans ses objectifs, le Parrsa visait principalement la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’augmentation de la productivité agricole et l’amélioration de la commercialisation des produits végétaux et animaux. Pour atteindre ces résultats, 49,42 millions de dollars ont été affectés à l’amélioration de la production animale et végétale ; 50,58 millions à l’amélioration des infrastructures et, enfin, 20 millions au renforcement des capacités du Ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
Des résultats satisfaisants
La mise en œuvre du Parrsa , selon Magloire Kabemba, ministre provincial chargé de l’agriculture, s’est heurtée à quelques difficultés à Kinshasa. Le projet a, par contre, réussi à reconstituer le capital de production dans la province de l’Equateur, où les fondamentaux avaient été détruits, exacerbant la pauvreté généralisée des populations ainsi que, d’une manière particulière, la vulnérabilité des femmes et des enfants.
Concernant la production végétale, le projet a revitalisé les activités de l’Institut national d’étude agronomique (Inéra) à Boketa, détruit pendant les années de la guerre civile. Il a, en outre, permis au Service national de semences (Senasem) de se déployer dans la province. Ces deux structures ont ainsi progressivement pris leurs marques dans le processus de redynamisation de la filière semencière. Dans la foulée, les agromultiplicateurs, les producteurs et leurs organisations respectives ont, depuis lors, relancé les activités, contribuant désormais à la reconstitution du capital végétal. Ils ont ainsi produit 1 535 tonnes de semences améliorées et certifiées
Les retombées, palpables, se déclinent en termes de relance de la production du riz, du maïs, de l’arachide, du niébé et du manioc (714 000 mètres linéaires de boutures saines). Toutes ces spéculations sont produites par 107 403 ménages, qui sont assurés de s’offrir des revenus confortables.
S’agissant de la production animale, au moins 2,7 millions de poules et de coqs, y compris 555 500 petits ruminants, ont été épargnés. Et ce, grâce notamment aux progrès accomplis par les campagnes de vaccination initiées contre les épizooties qui décimaient fréquemment les cheptels.
Le Parrsa a, par ailleurs, investi dans les infrastructures. Il a réhabilité 1 405 km de routes de desserte agricole, 50 ponts et 332 dalots. A son actif aussi, la construction de deux marchés, l’un à Isabe dans le district du Sud-Ubangi et l’autre, à Businga, au Nord-Ubangi. Cinq entrepôts ont également été restaurés : à Karawa, Yakoma et Wapinda dans le Nord-Ubangi, à Bozene dans le Sud-Ubangi et à Komba dans la Mongala. La réalisation de ces infrastructures a, certes, eu une incidence positive contre le chômage. Elle a permis de créer près de 50 000 emplois et de désenclaver 500 villages où vivent environ 1,1 million d’habitants dont l’agriculture demeure l’activité principale.
Le projet a aussi apporté un appui appréciable aux institutions. Grâce à la rénovation et à l’équipement des édifices publics, il a offert aux agents et fonctionnaires de l’Etat un cadre de travail plus viable tant à Kinshasa qu’à l’Equateur. On peut, en effet, admirer le nouveau look des bâtiments abritant les services des Secrétariats généraux à l’agriculture et au développement rural. Y compris ceux du Senasem, du Senafic, de l’Inéra, du laboratoire vétérinaire de Kinshasa, de la Direction de santé et production animales, de l’Inspection de l’agriculture et du développement.
Parrsa 2 réclamé à cor et à cri
Cependant, à 9 mois de la fin du projet, la pérennisation des infrastructures viabilisées préoccupe plus d’un. Tous les participants aux assisses de Kinshasa en conviennent. Ils craignent que l’absence d’une politique de maintenance, aggravée par la carence et des mécanismes de suivi et de ressources financières, ne rende éphémères tous ces acquis.
Invités à proposer des scenarii susceptibles de calmer les appréhensions, certains participants ont purement et simplement réclamé à cor et à cri la prolongation du Parrsa au-delà de la date d’expiration. « Les populations de l’Equateur souhaitent la prorogation du Parrsa parce qu’il a fait leur bonheur à travers, notamment, la réhabilitation et la construction d’importantes infrastructures », a soutenu le ministre de l’agriculture venu de Mbandaka.
Les autres techniciens ont, en revanche, plaidé sans ambages pour la mise en œuvre d’un Parrsa 2. Cette seconde thèse a été défendue par le conseiller principal à la présidence de la République en charge de l’agriculture et du développement rural. Il a suggéré qu’un éventuel Parrsa 2 devrait s’étendre à d’autres sites et que, pour cela, il nécessiterait une configuration autre que celle du Parrsa actuel. Pour la ville de Kinshasa, c’est sans surprise que le ministre provincial chargé de l’agriculture ait milité pour la prolongation du projet pour des raisons évoquées plus haut.
Y aura-t-il prolongation du Parrsa ou élaboration d’un Parrsa 2 ? La réponse tient à la « capacité de négociation du gouvernement de la République démocratique du Congo et, surtout, de la disponibilité des ressources supplémentaires au niveau de la Banque mondiale », a tranché Alfred Kibangula, coordonateur national du Projet d’appui à la réhabilitation et à la relance du secteur agricole.