Échanger des produits vivriers contre des produits manufacturés, tel est le mode de vie imposé aux agriculteurs quand les routes de desserte agricole ne sont plus réhabilitées.
C’est un secret de polichinelle. Le délabrement des routes de desserte agricole ne facilite pas, mais alors pas du tout, les échanges commerciaux entre les milieux de production et les centres de consommation. La situation est générale sur l’ensemble du territoire national. Un exemple parmi tant d’autres : le territoire de Kabongo dans la province du Katanga. Dans un entretien accordé le 22 avril à Radio Okapi, l’administrateur du territoire adjoint chargé de l’Économie et Finances, Jean-Marie Yamba, a indiqué que cette situation a poussé les opérateurs économiques et quelques agriculteurs et pêcheurs à recourir depuis cinq mois au troc. Ils échangent des produits vivriers contre des produits manufacturés. C’est le cas, notamment, de l’échange du poisson, du sel ou du sucre contre le savon et, parfois, le vélo ou de la friperie.
À la suite du délabrement des routes de desserte agricole, la monnaie circule difficilement. En revanche, la pléthore des produits vivriers subit la mévente. Plus grave, le territoire de Kabongo est enclavé ; il devrait communiquer avec d’autres secteurs et territoires.
« Pour que des véhicules arrivent à Kabongo, c’est un grand problème. À mon niveau je ne saurai pas faire des miracles. Ce n’est pas moi qui gère le trésor public. Nous demandons donc au gouvernement tant national qu’aux autorités provinciales de réhabiliter les axes Kamina-Kabongo, Kabongo-Kenge vers Kalemie et Kabongo vers Mbuji-Mayi. Le salut de Kabongo en dépend ».
Un manque à gagner et pour la province et pour le consommateur
Au Nord-Kivu, ce sont les mêmes plaintes. Les agriculteurs du secteur de Nyamilima, en territoire de Rutshuru, déplorent le manque des routes de desserte agricole. Dans une déclaration faite en janvier et répercutée par Radio Okapi, ils ont indiqué que leurs productions, à défaut de pourrir dans les champs, sont directement écoulées vers l’Ouganda où l’évacuation est de plus facile.
Statistiquement, la production du maïs a augmenté à Nyamilima depuis que la situation sécuritaire s’est améliorée à Rutshuru, ont-ils indiqué sans toutefois préciser le tonnage produit. Ce qui est vrai, c’est que l’amélioration de la production ne concerne pas que le maïs. Les agriculteurs produisent aussi, en quantité abondante, le haricot, le manioc, le soja, le sorgho et la banane. Quoi qu’il en soit, la problématique de l’évacuation des produits vers des centres de consommation du Nord-Kivu ou d’autres provinces demeure.
Pour contourner cet obstacle, les agriculteurs sont parfois obligés de vendre en Ouganda qui propose mieux. Ceci constitue un manque à gagner et pour la province et pour le consommateur urbain local.
Le ministre provincial de l’Agriculture, Charly Nzanzu Kasivita, déplore la situation. Et il attire l’attention du gouvernement central : « Nous cherchons des ressources pour construire ou réhabiliter des routes de desserte agricole mais ces routes ne débouchent que sur des routes d’intérêt national ou provincial. Nous souhaiterions que la route Ishasha-Kiwanja-Goma soit prise en compte pour que la production agricole du secteur de Nyamilima ne pourrisse pas ou qu’elle ne profite qu’à Ouganda ».