Luzolo Bambi : « Chaque année, 15 milliards de dollars échappent au trésor public »

Alors que le gouvernement a du mal, pour la première fois, à atteindre son objectif budgétaire, ceux qui sont habitués à tricher ne baissent pas les bras. Les conséquences sont désastreuses.

Nommé depuis mars de conseiller spécial du chef de l’État en matière de bonne gouvernance, de  lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, Luzolo Bambi prend ses marques. Au cours d’une récente rencontre avec la presse, il a encouragé la population à dénoncer tout acte illicite afin de juguler la corruption en République démocratique du Congo.

Pourquoi cette approche ? Tout part d’un constat. Deux ans après, le chantier visant l’amélioration de l’efficacité et de la rentabilité des services mobilisateurs des recettes, l’assainissement de l’environnement fiscal ainsi que la lutte contre la fraude fiscale et douanière n’a guère enregistré de progrès significatifs, malgré l’état des lieux dressé par les assisses  organisées en mai 2013, à Kinshasa, sur le coulage des recettes qui échappent au budget national à cause notamment de la fraude, de l’évasion fiscale, des détournements, de la corruption et du manque de performance des agents chargés de la mobilisation des recettes de l’État.

À en croire Luzolo Bambi, les capitaux qui échappent chaque année au trésor public suite à la fraude fiscale et aux détournements se chiffrent autour de dix à quinze milliards de dollars. « Un véritable manque à gagner », déplore-t-il.

D’après lui, tout Congolais est désormais exhorté à dénoncer les infractions et les actes de corruption et, au besoin, à initier une plainte contre des présumés détourneurs. Pour contrecarrer ces crimes économiques, Luzolo a communiqué une adresse mail de contact (jedenonce2015@gmail.com), destinée à signaler tout cas de détournement des derniers publics. Sans pour autant donner des détails sur la manière dont sont organisés ses services pour traquer les « criminels », il a affirmé que la corruption est devenue un phénomène endémique qui aboutit malheureusement à la paupérisation de la population.

La RDC épinglée par Transparency International

Se référant aux avis d’experts de certaines organisations financières internationales, telles que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, Transparency International avait établi un classement sur la corruption en décembre 2014. La RDC occupait déjà la 154e place sur 174 pays. Selon  Lucas Olo Fernandez, coordonnateur régional Afrique centrale de Transparency International, les problèmes de corruption en RDC sont liés principalement aux industries extractives et aux travaux publics. Pour pouvoir sortir du gouffre, il avait, en 2014, invité les autorités politiques congolaise à fournir beaucoup d’efforts en matière de transparence dans tous les secteurs de l’économie.

D’après lui, le changement en RD Congo s’opère très timidement. C’est la raison pour laquelle, comparé à l’année 2012, le pays a effectué un bond de 6 places en 2013 pour occuper la 154e position sur le classement Transparency International. Il est demeuré sur cette même position ex-æquo avec la République du Congo en 2014.