Pour réduire son déficit énergétique et satisfaire les besoins de son industrie, le pays poursuit la construction des centrales à charbon.
Pointant d’un doigt accusateur la France, des centaines des manifestants ont marché le 15 mai 2015 à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour dénoncer son appui à la filière charbon. Sur l’appel de l’ONG Earthlife Africa, les protestataires se sont retrouvés près du consulat de France à Johannesburg pour dénoncer la construction, au nord du pays, d’une centrale à charbon d’une capacité de 600 mégawatts, pour un coût de 1,5 milliard d’euros. C’est au groupe français Engie (ex GDF Suez) qu’a été confié ce marché. François Hollande avait, en 2013, salué la signature du contrat.
Pour Dominique Doyle, secrétaire d’Earthlife Africa, cité par Jeune Afrique, la centrale de Thabametsi est une bombe climatique pour l’Afrique du Sud. « C’est le signe que la France ne prend pas au sérieux les efforts contre le changement climatique dans le monde », argue-t-il.
Une étude publiée en 2014 par l’ONG Greenpeac, indique que la pollution de l’air due à l’émission dégagée par les centrales publiques d’Eskom, pour la plupart au charbon, est à la base de 2 200 décès prématurés qui surviennent par an en Afrique du Sud.
En Afrique australe, de nombreux pays produisent du courant à partir des centrales thermiques. Certains utilisent le charbon, d’autres le mazout, comme au Nigeria. Ces deux produits contribuent aux émissions du gaz carbonique, à la dégradation de l’environnement et au réchauffement climatique à travers le monde.
L’Afrique du Sud recourt au charbon pour produire près de 90 % de son électricité locale. La firme sud-africaine Exxaro Ressources, qui commande la construction de la centrale contestée, veut ouvrir une mine à ciel ouvert, non loin de celle-ci. Elle veut, dès cette année, commencer à en extraire 20 millions de tonnes de charbon.
Participation à la construction du Grand Inga en Rd Congo
Toutefois, il y a plus grand que Thabametsi en Afrique du Sud. Deux super-centrales à charbon sont en pleine construction à Medupi et Kusile, à l’Est. Chacune d’elles a une capacité de 4 800 mégawatts et les Sud-africains attendent impatiemment la fin des travaux.
Les Sud-africains ont besoin de beaucoup d’énergie pour leurs industries. La surcharge de leur réseau électrique induit de fréquentes coupures du courant électrique, que Pretoria cherche toujours à compenser. L’Afrique du Sud est le seul pays africain qui possède une centrale nucléaire, construite dans les années 80 par la France.
L’économie sud-africaine a besoin de beaucoup de milliers des mégawatts pour tourner. Quotidiennement, sa consommation avoisine 30 000 mégawatts. Pour combler le déficit, Pretoria est prêt à s’engager dans des projets qui peuvent lui permettre d’importer du courant, notamment du Grand Inga, un barrage qui doit être construit en République démocratique du Congo. Aux termes du deal passé avec Kinshasa, l’Afrique du Sud veut être le principal bénéficiaire de ce projet, en achetant la moitié de la production de la première phase, soit 4 800 MW.
Avec une puissance de 40 000 mégawatts, Grand Inga sera le plus grand barrage du continent et, selon les estimations, il pourra éclairer la moitié de l’Afrique, soit augmenter la production globale du courant électrique en Afrique de 30%. Plusieurs banques sont impliquées dans ce projet et certains pays voudraient y apporter leurs capitaux.
La RDC a opté pour la gestion d’Inga en partenariat public-privé pour laisser la place aux investissements du secteur privé. Le protocole d’accord entre la RDC et l’Afrique du Sud avait été paraphé à Lubumbashi en 2011 et le traité de coopération pour le développement du site d’Inga signé à Kinshasa en 2013. En 2014, le projet de loi autorisant la ratification du traité relatif à ce projet entre les deux pays était au parlement où certains sénateurs avaient exigé sa renégociation. La construction du grand barrage de la RDC demande 80 milliards de dollars.
Les seize turbines de la Grande Renaissance en Éthiopie
Avec une puissance de 6 000 mégawatts, l’inauguration du barrage Grande Renaissance en Éthiopie, peu après 2017, pourra résoudre les besoins énergétiques des pays situés dans la partie Nord-est de l’Afrique. Le coût des travaux de ce barrage avoisine les 4,2 milliards de dollars. Mesurant 1 780 mètres de long et 145 mètres de haut, Grande Renaissance fonctionnera avec 16 tribunes. L’Éthiopie, dans son plan de transformation et de croissance adopté en 2010, classe ce barrage parmi les colonnes qui vont lui permettre de devenir un pays à revenu intermédiaire.
Cette réalisation suscite beaucoup d’espoir pour les Éthiopiens. Non seulement qu’Addis-Abeba a procédé à des collectes publiques pour financer le projet, le salaire des fonctionnaires a été également amputé. Des millions d’autres Éthiopiens ont soit acheté des bons soit fait des donations, en guise de contribution. Le projet avance. Dernièrement, China Electric Power Equipment and Technology a signé un contrat de 750 millions d’euros (financé par China Exim Bank) pour installer les lignes électriques. Le groupe français Alstom fournira des turbines pour un montant de 250 millions d’euros.
Les nuages qui entouraient le dossier de la construction du barrage Grande Renaissance sur le Nil se sont dissipés. Les ministres des Affaires étrangères de l’Egypte, du Soudan et de l’Éthiopie ont trouvé un compromis, favorable à Addis-Abeba. Le cabinet français BRL Ingénierie vient de se voir confier, par les trois pays, la charge de mesurer l’impact du barrage à construire sur le volume des eaux du Nil. Le même cabinet va évaluer les conséquences sociales et économiques transfrontalières du projet. Mais, elle va sous-traiter 30 % de l’étude à Deltares, un cabinet hollandais soutenu par le Soudan. Le cabinet français Artelias interviendra au niveau des aspects techniques. Pour l’Ethiopie, cela tombe bien parce que c’est depuis 1998 que BRL Ingénierie est installé sur son sol où il travaille dans de colossaux projets d’irrigation.
Du coup, l’aval que donnent unanimement les trois pays dissipe la crise diplomatique qui avait conduit à des grandes manifestations en Egypte. Les Egyptiens étaient contre ce projet parce qu’il nécessite le détournement d’une grande quantité d’eau du Nil. Pour remplir un réservoir de 70 milliards de mètres cube, le lit du Nil Bleu doit être décalé de quelques mètres. Le Nil Bleu est l’un des affluents du fleuve Nil qui fait jonction avec le Nil Blanc à Khartoum, au Soudan. Les Egyptiens craignaient que ce détournement n’impacte négativement sur le débit du Nil, ce qui va préjudicier leur agriculture.