Depuis l’indépendance, l’histoire de la RDC est marquée par des révoltes, des assassinats politiques, des crises continues, des guerres. Pourtant, ce pays possède des ressources nécessaires pour que ses populations vivent dans la paix et la prospérité.
À travers les 400 pages de l’ouvrage, Jean-Jacques Arthur Malu-Malu décrit l’histoire politique du pays, le parcours de ses dirigeants et la vie économique liée à leur gouvernance respective. Ce livre est très pratique pour qui veut s’imprégner de l’histoire de la RDC. Il traite à la fois de l’histoire, la géographie, la société, les institutions, l’évolution de l’économie, la vie culturelle et artistique.
Il présente également ses atouts : « la RDC est attachante par sa diversité culturelle et artistique, par l’hospitalité légendaire de ses peuples ainsi que par la variété de ses paysages, de sa faune et de sa flore.» S’agissant de l’économie, « la triste réalité est que, malgré ses abondantes ressources naturelles, la RDC, pays de tous les paradoxes, est pauvre ».
Tour à tour, le livre replonge le lecteur dans les tribulations de l’indépendance précipitée, les balbutiements de la démocratie, l’épisode tragique du gouvernement Lumumba, la dictature sous le maréchal Mobutu et, enfin, la longue et asphyxiante période de transition démocratique (à partir de 1991) qui a conduit à l’avènement de Laurent-Désiré Kabila, remplacé en 2001 par son fils, Joseph Kabila.
Écrit dans un style clair et concis, – l’auteur est un journaliste qui a rempli une longue carrière – l’ouvrage exploite de manière objective les sujets. La clarté de sa présentation invite à la lecture. L’éditeur, Karthala dont on connaît la rigueur, n’a pas hésité à le republier.
Quel bilan ?
Le bilan du Congo Kinshasa indépendant est globalement plutôt négatif. La difficile marche vers l’indépendance est caractérisée par des révoltes et des violences. L’histoire de la Première République est écrite en lettres de sang. Notamment le sang de Patrice Lumumba, le premier Premier ministre assassiné avec la bénédiction de la Belgique en 1961.
La Deuxième République instituée en 1965 par le général Mobutu devient une dictature qui conduit le Zaïre (ex Congo) à la faillite. Le 17 mai 1997, Mobutu est renversé par Laurent Désiré Kabila. Le Zaïre redevient République démocratique du Congo. Kabila connaît une fin tragique en janvier 2001. Son fils, Joseph Kabila, lui succède.
Un dénominateur commun détermine les trois premiers présidents du Congo-Zaïre indépendant : « ils n’ont pas réussi à faire décoller économiquement le pays.» Cependant, Joseph Kasa-Vubu, Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila ont dirigé le pays dans des contextes et à des moments très différents.
Le bilan de Joseph Kabila est maigre. Qu’en est-il des fameux « cinq chantiers », thème central de sa campagne électorale en 2006 ? Ici et là, quelques routes ont été réhabilitées ou bitumées. Sur le plan économique, le pouvoir d’achat du citoyen ordinaire s’est effrité, malgré la hausse du produit intérieur brut (PIB) et l’implantation de nombreux étrangers qui investissent de larges pans de l’économie, en particulier le secteur minier.
Pays riche, peuple pauvre
Le paradoxe congolais est connu : « Pays riche, peuple pauvre». Alors que la RDC est potentiellement l’un des pays les plus riches du continent africain, sa population, elle, est l’une des plus pauvres de la planète. Le secteur agricole est très peu développé, malgré l’immensité du territoire, la variété de ses climats et de ses ressources végétales», lit-on dans cet ouvrage.
De plus, aussi curieux que cela puisse paraître, rapporte l’auteur, « le pays importe une bonne partie des denrées alimentaires qu’il consomme, alors qu’il regorge d’immenses terres arables et de cours d’eau poissonneux ».
La RDC dispose d’une gamme étendue de minerais et des forêts. Ces ressources auraient dû faire de ce pays l’un des plus puissants d’Afrique. La majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Ce décalage entre les formidables potentialités du pays et la réalité découle de près de cinquante ans d’une mauvaise gestion et de choix économiques erronés qui ont créé des handicaps structurels importants, affirme l’auteur.
On peut plus facilement saisir l’étendue des dégâts en faisant une lecture attentive de l’évolution des principaux indicateurs macro-économiques de la RDC et en les comparant avec ceux des autres pays. En 1962, la RDC et la Corée du Sud étaient quasiment au même niveau de développement : même produit intérieur brut (PIB), estimé à 2 milliards de dollars et même nombre d’habitants. En 2012, le PIB de la RDC n’était que de 17 milliards de dollars alors celui de la Corée du Sud s’élevait à 1 500 milliards de dollars.
Dans son rapport sur le développement humain publié en 2012, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) attribue à la RDC un indice de développement humain (IDH) de 0,34 contre 0,267 en 1980. Ce taux place la RDC au 186ème rang sur les 186 pays étudiés. L’IDH, rappelons-le, prend en compte plusieurs critères dont la longévité, l’instruction et les conditions de vie en général.
La dégradation des conditions de vie des populations est à mettre sur le compte de la gestion financière et des politiques économiques désastreuses mises en œuvre depuis plusieurs décennies. Les conflits armés sont venus les aggraver. Au fil des années, le taux de croissance économique a fortement chuté, favorisant le développement du secteur informel, qui englobe principalement des activités de subsistance et de survie.