Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a procédé, le 19 mai, au lacement officiel du tout premier numéro d’un semestriel consacré à l’économie.
Éditée par la primature, cette publication entend contribuer à l’enrichissement de la réflexion économique en République démocratique du Congo. Il s’agit, selon le Premier ministre, « d’examiner scientifiquement la mise en œuvre des différentes réformes qui sous-tendent la politique économique de la RDC. Comment sont-elles pensées, élaborées et mises en œuvre ? Quelles sont les résistances rencontrées ? Quels sont les risques encourus et les résultats obtenus ? ».
Voulue comme un instrument de recherche scientifique, cette revue doit «répondre à la nécessité d’engager une dynamique de réflexions prospectives sur les choix de la stratégie nationale de développement. » C’est pourquoi, a précisé le chef du gouvernement, « ces choix doivent être mûris en toute honnêteté intellectuelle. »
La particularité de ce nouveau-né réside en ce qu’il constitue « un trait d’union entre la science académique et les politiques publiques. » L’ambition de ses créateurs est de pouvoir offrir un cadre d’échanges qui puissent découler de l’interaction entre les théories économiques et les contraintes de la mise en œuvre des politiques pour le développement.
À cet effet, la Revue congolaise de politique économique reste ouverte à tous ceux qui sont intéressés par le développement de la RD Congo. Ainsi, les décideurs politiques, les partenaires au développement, les acteurs des milieux associatifs et les chercheurs peuvent y apporter leur contribution.
Caractère scientifique pluridisciplinaire
« En plus d’être un lieu d’échanges scientifiques économiques, la revue revêt un caractère pluridisciplinaire qui touche à tous les secteurs de la vie nationale », a déclaré pour sa part José Sele, directeur de cabinet du Premier ministre et éditeur responsable. Elle prévoit d’aborder, outre les questions environnementales, les problématiques institutionnelles mais aussi celles des ressources humaines dans toute leur dimension.
L’ouvrage s’inscrit dans une approche non partisane. En effet, explique l’éditeur responsable : « il n’est pas question de privilégier ici une approche politique quelconque. » Ceci pour dire que la revue s’élève au dessus des considérations aussi bien politiques que doctrinales.
Le premier numéro du volume I, daté de mars, est consacré au thème de la « Vulnérabilité économique et résilience ». Le choix du thème, pour José Sele, « tient essentiellement au fait que les économies des pays en voie de développement, particulièrement de l’Afrique se montrent de plus en plus résistantes aux chocs exogènes qui secouent la marche de l’économie mondiale. »
Pour ce numéro, « la réflexion a été orientée vers la RDC à la suite de trois caractéristiques qui émergent de sa situation économique récente, à savoir la résilience de sa croissance économique, la baisse sensible de la variabilité de son inflation et la poursuite ininterrompue de sa croissance, et la stabilisation de ses prix intérieurs combinée. »
La RDC résiliente de premier ordre
Le directeur de cabinet adjoint, Vincent Ngonga, a développé l’essentiel de la thématique. D’après lui, « la vulnérabilité s’entend comme un ensemble des conditions qui prédisposent une économie à la crise. Quant à la résilience économique, elle est la meilleure façon de mitiger le risque. Elle se définit comme la capacité d’une économie à résister à un choc négatif, mieux à rebondir après ce choc. »
Vincent Ngonga a évoqué les conditions qui fondent une bonne économie. Elles sont de deux ordres. À court et plus ou moins moyen terme, la condition essentielle s’avère être la stabilisation macro économique. Dans ce cas, il est question de la résilience de premier ordre. À moyen et long terme, la condition suffisante est la transformation économique. Il s’agit de la résilience de second ordre.
« Quel est donc l’état de la résilience de l’économie congolaise ? » La crise financière de 2009 a été un choc pour toutes les économies. Certaines sont entrées en récession, d’autres ont connu un ralentissement de leurs activités, tel est le cas de la RDC. D’une moyenne de 6,1% entre 2004 et 2008, la croissance de son activité économique est passée à 2,8% en 2009. Depuis 2010, cette croissance a rebondi, se situant à une moyenne de 7,8% l’an. Cela veut dire que la RDC a rebondi après le choc négatif de 2009. La raison principale de ce rebond, c’est la stabilisation macro-économique.
L’esprit de recherche enfin de retour ?
Invité à faire un commentaire sur la revue, le professeur Tshiunza Mbiye, de la faculté des sciences économiques de l’université de Kinshasa, s’est illustré par un témoignage éloquent sur la personne du Premier ministre. C’est bien à propos qu’il a intitulé son allocution sous une forme interrogative : « L’esprit de recherche est-il enfin de retour dans notre pays ? ». Selon lui, l’esprit de recherche scientifique de Matata Ponyo (initiateur personnel de la revue) ne date pas d’aujourd’hui. La revue « Espace monétaire kasaïen » a été l’une des premières initiatives du chef du gouvernement en la matière. Celle-ci était tombée à l’époque dans le désert des publications scientifiques.
Le professeur Tshiunza a souhaité qu’avec le lancement de la « Revue congolaise de politique économique », l’esprit de recherche renaisse en RDC. Aussi a-t-il lancé cet appel : « Il n’y a pas de développement sans la recherche scientifique ». Il a émis le vœu de voir naître, un jour, une académie des sciences où tous les cerveaux scientifiques se rencontreraient pour réfléchir sur les problèmes fondamentaux de la RDC et proposer des solutions car, sans cela, « nous ne serions que de simples consommateurs des idées nées à l’extérieur qui n’ont rien à voir avec notre contexte, notre histoire et notre culture. »
« Puisse la Revue congolaise de politique économique survivre à tous les occupants de la primature ». Tel est l’ultime souhait du Premier ministre devant plusieurs personnalités du monde politique et diplomatique ainsi que de la presse. Une présence toute particulière à cet événement : Joseph N’Singa Udjuu, ancien Premier ministre.