Jamais élection au sein de la plus haute instance du football mondial n’avait suscité autant de polémiques et de scandales que celle de mai 2015. Retour sur des faits marquants.
Sepp Blatter est sorti grand vainqueur des élections organisées le 29 mai à Zurich lors du 65ème congrès de la Fédération internationale de football association (Fifa). Porté par 133 voix sur 203 votants, le Suisse, âgé de 79 ans, a battu son unique challenger, le prince Ali Ben Al-Hussein, qui s’est retiré avant le second tour. À la tête de la FIFA depuis 1998, le président sortant va exercer son cinquième mandat consécutif.
Deux jours avant les élections à Zurich, sept responsables de la Fifa ont été arrêtés selon deux procédures judiciaires distinctes diligentées par la justice américaine et la suisse. Ils ont été soupçonnés d’être impliqués dans une vaste affaire de corruption.
Apportant de l’eau au moulin de la justice, Michel Platini, président de l’association européenne de football (UEFA), est monté au créneau pour demander au président de la Fifa de rendre le tablier. « Blatter doit démissionner de ses fonctions. C’est la honte de sa part en restant à ce poste », n’a-t-il cessé de réclamer. Mais sans succès. Passant outre la virulente critique à son encontre, le Suisse a bel et bien confirmé sa candidature et rétorqué : « pourquoi démissionnerais-je ? Suis-je fautif de tout ce qui arrive ? Moi, je lutte depuis 2011 avec nos différentes commissions contre la corruption ». La croisade de la justice américaine contre Blatter a, contre toute attente, réveillé les démons de la guerre froide. En effet, Moscou a, aussitôt, dénoncé le fait.
Alerte à la bombe
Ouvert le 28 mai, le 65ème congrès de la Fifa a été perturbé par une alerte à la bombe au Hallenstadion, l’endroit où s’étaient réunis les délégués. La police a confirmé que les services de sécurité avaient été alertés vers 11h00 alors que les élections étaient programmées à 19h00. Néanmoins, plus de peur que de mal, la situation a été rétablie.
Le lendemain, vendredi, un autre incident avait perturbé la réunion. Deux manifestantes brandissant un drapeau de la Palestine et appelant à exclure Israël de la Fifa avaient réussi à s’introduire dans la salle où se déroulait le congrès. Promptement, les agents de sécurité les ont maîtrisées.
Alors que le patron des enquêtes du fisc américain affirmait vendredi au New York Times que des nouvelles inculpations étaient probables, Blatter n’a pas caché son indignation, indiquant au passage qu’« il y a des signes qui ne trompent pas. Si, en décembre 2010, deux autres pays avaient été désignés organisateurs des Coupes du monde, 2018 en Russie et 2022 au Qatar, je pense qu’on n’en serait pas là aujourd’hui ».
Selon lui, ces désignations ont provoqué la colère de l’Angleterre, candidate déçue en 2018, et des Etats-Unis, frustrés de ne pas avoir été retenus pour 2022. « S’ils ont affaire avec des délits d’argent ou de droit commun qui concernent des citoyens nord- ou sud-américains, qu’ils les arrêtent là-bas, mais pas à Zurich alors qu’il y a un congrès. Cette affaire ne sent pas bon », a-t-il dit.
Nul n’est parfait
Après l’élection mouvementée de Blatter, la contestation ne faiblit point. Surtout en Europe et aux Etats-Unis. « Nous sommes déçus par le résultat de cette élection et nous allons continuer à tout faire pour qu’il y ait des changements significatifs au sein de la Fifa », a affirmé le président de la Fédération américaine de football. Pointant du doigt ses bourreaux, Blatter a vivement dénoncé « une haine venue non seulement d’une personne à l’UEFA mais de l’organisation, l’UEFA ». Il a ajouté que « cette organisation n’a pas compris qu’en 1998, je suis devenu président du football mondial, inclus le leur». Le Suisse a également eu un mot pour Platini : « je pardonne à tout le monde, mais je n’oublie pas ».
Quoi qu’il en soit de cet épisode moins aimable de sa carrière, le président élu de la Fifa se dit prêt à collaborer avec l’ancien meneur de jeu des Bleus. « Il faudra continuer avec Platini et l’UEFA. Nous ne pouvons pas vivre sans l’UEFA et l’UEFA ne peut pas vivre sans nous ».
À la télévision suisse, il s’en est pris à la justice américaine. « On ne m’enlèvera pas l’idée que ce n’est pas une simple coïncidence, cette attaque des Américains et la réaction de l’UEFA », a-t-il déclaré tout en concédant que « nul n’est parfait ». Déterminé à redorer l’image de la Fifa après cette terrible page noire, Blatter a enfin affirmé qu’il conduirait le navire à destination.