Le Fonds monétaire international (FMI) a conseillé, le 4 juin, à la banque centrale américaine de ne pas relever ses taux directeurs avant le premier semestre de l’an prochain.
Ce sentiment est partagé par quelques économistes, mais le consensus des experts table, à l’inverse, sur un premier geste en septembre. Les arguments du FMI sont l’absence d’inflation et d’augmentation importante des salaires et, surtout, la hausse pénalisante du billet vert, ces derniers mois.
L’argumentaire est parfaitement compréhensible, sauf que, à force de retarder toute normalisation de la politique monétaire américaine, la Fed risque d’être contrainte de le faire au pire moment, quand le pic économique aura été dépassé. Pis, la banque centrale serait privée de marge de manœuvre pour relancer la machine.
L’extrême générosité monétaire aurait été la cause de la succession de crises qu’a connues la planète financière, ces dernières années, en créant des bulles d’actifs (Internet en 2000-2001, immobilière qui a dégénéré dans l’effondrement des subprimes en 2007). Cette spirale vient de l’incapacité pour certaines banques centrales d’accepter toute forme de ralentissement économique.
Le refus de se faire du mal, de prendre des mesures douloureuses mais indispensables à long terme n’est pas l’exclusivité des banquiers centraux. Le comportement actuel de l’organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en est un autre excellent exemple. Logiquement, le cartel devrait réduire ses quotas de production pour essayer de soutenir les prix de l’or noir. D’autant plus que certains experts – ils ne forment pas un consensus – trouvent que les cours actuels sont encore surestimés par rapport aux fondamentaux économiques.
L’explication tiendrait dans la financiarisation des matières premières. Si les agents décident d’allouer une part fixe dans leur portefeuille, le renchérissement des actifs financiers les incite à augmenter la demande de contrats de matières premières. Cela soutient les cours en déconnexion de l’économie réelle.
Mais réduire sa production quand les cours baissent est d’une grande difficulté, car cela revient à s’appliquer une double peine, surtout quand le principal membre – l’Arabie saoudite – cherche à maintenir à tout prix ses parts de marché. C’est encore plus vrai quand le poids de ce même cartel dans la production mondiale recule. Si ces comportements soutiennent aujourd’hui l’expansion économique, ils sont malheureusement générateurs d’instabilité financière à moyen terme.