Stéphane Richard avait exprimé la volonté de son groupe «de retirer la marque Orange d’Israël». Une déclaration mal vécue dans l’Etat hébreu.
Le gouvernement israélien a invité le PDG du groupe français de téléphonie Orange à se rendre dans l’État hébreu. Invitation aussitôt acceptée pour discuter de la présence d’Orange dans ce pays et, surtout, désamorcer une polémique. Selon cette source, Stéphane Richard avait sollicité un entretien avec l’ambassadeur d’Israël à Paris mais ce dernier a reçu ordre de ne pas rencontrer le PDG d’Orange et de lui proposer, à la place, de se rendre en Israël.
À Paris, un porte-parole du groupe français a indiqué le 7 juin que Orange «accueille favorablement» l’invitation d’Israël et que son PDG s’y rendra «prochainement» pour y «réaffirmer l’engagement du groupe». Depuis le 3 juin, l’opérateur français cherche à éteindre la polémique déclenchée par des propos tenus au Caire par Stéphane Richard sur la volonté de son groupe «de retirer la marque Orange d’Israël».
Selon le porte-parole du groupe, ce voyage «permettra à Stéphane Richard de clarifier ce malentendu (…) et d’apporter toutes les précisions nécessaires pour mettre un terme à cette polémique et y réaffirmer l’engagement du groupe».
La déclaration polémique, interprétée par certains comme une tentative de boycotter Israël, avait soulevé une tempête de critiques dans l’État hébreu, y compris du Premier ministre Benyamin Netanyahu. Dès le 6 juin, le patron du groupe a assuré à l’AFP que «Orange est présent en Israël pour y rester». Le groupe y est notamment actif au travers de deux filiales.
Stéphane Richard a expliqué que la volonté de son groupe de mettre fin à la licence permettant à l’opérateur israélien Partner d’utiliser la marque Orange en Israël, mais également dans des colonies en Cisjordanie occupée, était uniquement motivée par sa stratégie de marque, et non par des considérations politiques. L’État hébreu est en effet le seul pays dans lequel Orange est présent sans exploiter lui-même sa marque, en vertu d’un accord signé avec Partner par le groupe britannique Orange avant le rachat de ce dernier en 2000 par France Télécom, qui a ensuite pris le nom d’Orange.
La mobilisation contre Orange a fonctionné
La mise au point du patron d’Orange n’a toutefois pas été bien reçue par Partner, qui l’a qualifiée samedi «d’écran de fumée, dont le but est de manipuler l’opinion publique en Israël et dans le monde». Partner a en outre demandé un contact direct avec Stéphane Richard. Netanyahu ne s’est pas non plus montré très convaincu par la position conciliante de Stéphane Richard affirmant dans un message adressé à une conférence organisée à New York par le Jerusalem Post et publié dimanche par ses services que les «mots d’admiration (du PDG) pour Israël ne cadrent pas avec les propos clairement hostiles qu’il a tenus au Caire».
Ces propos, tenus quelques semaines après la publication d’un rapport accusant Orange de soutenir indirectement la colonisation israélienne via Partner, ont touché un point sensible en Israël. Les tentatives internationales de boycottage destinées à faire pression sur l’État hébreu pour qu’il mette fin à l’occupation des Territoires palestiniens sont revenues au cœur du débat politique.
Récemment un grand syndicat étudiant britannique venait de décider de rejoindre la campagne mondiale non-gouvernementale de boycottage. Par ailleurs les Palestiniens ont tenté de faire suspendre la fédération israélienne de football, deux thèmes qui ont relancé le débat.
À l’issue de la réunion hebdomadaire de son cabinet, Benjamin Netanyahu a expliqué dimanche qu’Israël préparait une «offensive» face «aux mensonges, aux accusations vides et aux boycottages» qui, selon lui, ne visent qu’à saper son existence même. Et selon le ministre de l’Education Naftali Bennett, chef d’un parti nationaliste religieux et partisan de la colonisation, la mobilisation «des amis d’Israël dans le monde entier, juifs et non-juifs» contre Orange a fonctionné. «Beaucoup d’entre eux ont dit à Orange qu’ils allaient se désabonner. La pression a marché, Orange s’est corrigé et s’est excusé», a-t-il assuré en marge d’une conférence sur la sécurité près de Tel-Aviv. «Que les entreprises ou organisations qui envisagent de boycotter (Israël) sachent que nous répondrons (…), que des dizaines de millions de partisans d’Israël à travers le monde ont un pouvoir d’achat et de boycottage», a-t-il ajouté.
(BEF & AFP)
C’est dans ce contexte sensible que l’ex-président français Nicolas Sarkozy, aujourd’hui à la tête du principal parti de droite en France, se rend lundi à Jérusalem et Ramallah pour rencontrer notamment Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas.