Très endettée et en mal de financements pour mener à bien ses investissements, Eskom vient de recevoir un coup de pouce des autorités qui ont vendu les 14% d’actions dans la société de téléphonie mobile Vodacom afin de la soutenir.
La nouvelle est tombée le 1er juillet. Le ministère des Finances sud-africain a annoncé la vente des 14% des parts de l’État dans Vodacom. Objectif : renforcer les finances de la compagnie nationale d’électricité, Eskom, en grande difficulté. Ces actions ont été vendues à une holding parapublique, Public Investment Corporation, gestionnaire des fonds de pension des fonctionnaires. Le communiqué du ministère des Finances n’a pas précisé le montant de cette vente. Mais il a indiqué que ces fonds serviront à financer les 23 milliards des rands d’injection d’Eskom. Cette dernière a, en plus des 23 milliards, une dette de 60 milliards de rands que le gouvernement compte éponger en la convertissant en actions.
Une vente sans surprise
Cette opération de vente n’est pas une surprise car en septembre 2014, Pretoria avait annoncé qu’il souhaitait se délier d’actifs non stratégiques pour secourir Eskom, très endettée et à court de ressources, alors que, pour répondre à la saturation du réseau, l’entreprise publique serait en train de réaliser des investissements lourds en maintenance et dans des nouvelles centrales thermiques. Eskom assure 95% de l’électricité en Afrique du Sud. Selon le Trésor sud-africain, ces mesures ont pour vocation de renforcer davantage les comptes de la compagnie, en plus des réductions des coûts et des ajustements tarifaires. Les tarifs d’électricité qui ont triplé, depuis 2008, ont encore augmenté de 12,69 % en avril. Eskom prévoyait d’appliquer une nouvelle augmentation de 9,58 % le 1er juillet, ce qui lui a été refusé par le régulateur. Certains analystes vont jusqu’à parier sur des hausses de 20 à 25 % de tarifs d’électricité l’an prochain à cause du fait que l’économie est en panne et des incessantes coupures d’électricité depuis novembre 2014.
Le choix du nucléaire
Hormis la centrale nucléaire de Keboerg (Sud-Ouest), l’essentiel des centrales électriques d’Eskom tourne au charbon. Ainsi, sont en construction deux nouvelles super-centrales à charbon et le gouvernement de Jacob Zuma veut s’équiper de plus de six nouveaux réacteurs nucléaires (9600MW).Un appel d’offre devrait avoir lieu dans les prochains mois (selon Jeune Afrique). Mises à part les difficultés financières et les problèmes de maintenance, Eskom souffre, en plus, des interférences entre le pouvoir et ses dirigeants à un degré élevé de politisation.