Quand, le 15 octobre 2014, le ministre des Infrastructures et son collègue des Transports lançaient les travaux de construction de sept ouvrages au-dessus du boulevard Lumumba, cela devrait durer huit mois. Mais c’est seulement fin juillet, c’est-à-dire la période où les ouvrages auraient dû être praticables, que la société Zenit vient de commencer.
Tel un site touristique, la passerelle de la 7ème Rue, à Limete encore en construction, attire déjà du monde. «Peu importe combien cela va coûter à l’État. La vie n’a pas de prix. La passerelle nous évitera des drames », confie, toute joyeuse, une passante. « Combien de vies humaines, d’élèves, de responsables de familles, n’ont-ils pas été fauchés sur cette route depuis son élargissement, plus de 16 m à traverser. C’est un fleuve! », renchérit un vendeur de pacotille. « C’est une assurance-vie », reprend pour sa part un chauffeur de taxi, « plus que la SONAS[l’assureur public]». Selon un expert de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), on enregistre dans la capitale une moyenne de 617 accidents par an, plaçant le boulevard Lumumba en tête des artères où il y a beaucoup d’accidents à Kinshasa. L’emprise minimale actuelle de ce boulevard Lumumba est de 36, 60 m. L’implantation des passerelles rendra la traversée sans danger. Les zones d’implantation choisies sont celles de grande affluence, à savoir la Place dite Saint Raphaël, la 7ème et la 13ème Rues Limite, De bonhomme, Marché de la Liberté, Kingasani Pascal et Kingasani ya Suka. L’exécution des travaux a été confiée à l’entreprise Zenit Group, sélectionnée à l’issue d’un processus d’appel d’offres restreint auquel ont participé le congolais Chanimétal, les chinois CREC 7 et CREC 8, le belge Prefartrage (Groupement Trageaf Congo et Prefarails Sarl), le sud-africain Zia et le serbe GIBB. L’ouverture des plis avait eu lieu le 27 novembre 2013. Conformément à la procédure, le contrat, signé le 27 avril 2014, a été approuvé par le Premier ministre Matata Ponyo, agissant en sa qualité d’autorité approbatrice, après avis de non objection de la Direction générale de contrôle des marchés publics.
Le coût global des travaux, financés par le Trésor public, est de 13,573 millions de dollars, soit 1,939 million de dollars par passerelle. D’après une note technique de l’ACGT, ce montant est ventilé comme suit : 486 866 dollars sont affectés à l’accès, c’est-à-dire les escaliers et les rampes en béton armé (442, 38 m3 de béton et béton armé en tout) sur 30 m de longueur et 4,5 m de largeur, destinées aux personnes à mobilité réduite. Et 247 957, 80 dollars pour la fondation de la passerelle qui repose sur 546, 10 m3 de béton armé, contre 968 146,74 dollars pour sa structure portante en arc et tablier en acier. Chaque passerelle porte 76, 630 tonnes d’aciers inoxydables S400 pour la structure portante en arc, 9, 42 tonnes de tablier métallique en acier inox, 7,5 tonnes d’acier inox pour gardes corps ; 1 400 m² de plexiglas latéral (10,00 mm d’épaisseur), tenus par 3,752 tonnes d’acier inox, 1 680 m² de plexiglas pour la couverture, tenus par 0,960 tonne d’acier inox. Chacune des sept passerelles aura donc 98, 262 tonnes d’acier inox et 988,48 m3 de béton. Autres caractéristiques, la hauteur libre sous passerelle est de 5 mètres. Le concepteur assure de la prise en compte du comportement dynamique et de la stabilité aéro-élastique de la structure. Mais il y a ce poste des dépenses plutôt sujet à caution, et qui a de quoi faire chanceler la structure financière de la passerelle. Il s’agit du poste «frais divers ». Il représente pour chaque passerelle une bagatelle de 238 135, 85 dollars. Selon l’ACGT, les frais divers se rapportent à la gestion du projet et aux actions socio-environnementales. Lesquelles ? Motus. Et pour ce qui est du contrôle et de la surveillance des travaux, c’est aussi l’impasse. L’Agence congolaise des grands travaux fait toutefois savoir qu’ « étant donné la particularité de cette structure métallique, le personnel en charge du contrôle a suivi une formation sur la démarche qualité pour s’assurer de la caractérisation mécanique des matériaux durant toutes les étapes de la mise en œuvre ». Ou encore que la réception des ouvrages sera conditionnée par la satisfaction aux épreuves de chargement par poids morts et par essais dynamiques.