Le 12 août prochain, il fera six mois depuis que dix experts de la firme canadienne Manitoba Hydro International (MHI) ont pris des postes-clés au sein de l’administration de la Société nationale de l’électricité. C’est dans le cadre d’un contrat d’assistance technique pour une durée qui ne serait plus de de trois ans, comme initialement prévu, mais de dix-huit mois. Après de 180 jours d’ «expertise », il n’y a pas de signaux perceptibles d’un début de normalisation dans la desserte de l’électricité, même dans la capitale. Yves Carpentin, expert de Manitoba, a pourtant repris le département de distribution de Kinshasa, même si les hauts cadres de la SNEL soutiennent qu’il n’est qu’un haut conseiller. L’autre expert, Michel Bergamin est au département commercial, Ghislain Boutin gère le secteur de l’approvisionnement et des marchés, Jacques Paradis, le transport. Le très sensible département des finances revient à Jacques Corbin qui, depuis quelques semaines, ne donne plus signe de vie. À la SNEL, à en croire une note du directeur général Eric Mbala, l’intéressé a pris ses vacances. Mais la note d’Eric Mbala ne dit pas pour combien de temps. Sinon qu’un haut cadre de la SNEL, de la direction de la trésorerie, Kalongoshi Shongo, qui n’est pas expert Manitoba, reprend la gestion des finances de la société. Depuis le lancement de l’opération de réforme, pour ne pas dire la transformation des entreprises publiques, tous les contrats d’assistance entre les entreprises du portefeuille (Gécamines et Sofreco, RVA et ADPI, ex-ONATRA et Progosa, SNCC et Vecturis) et des firmes censées y apporter un management de redressement, ont tourné en conflits d’intérêts. (…). Au lendemain de la prise des fonctions des experts de MHI, la SNEL avais annoncé que le groupe trois de la centrale hydroélectrique d’Inga 2 (G23), 178 mégawatts, était brusquement tombé en panne. Pourtant, le groupe Fleurette de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler s’était engagé à injecter 360 millions de dollars dans l’affaire pour la relance de la centrale Inga II. Dans le cadre de la libéralisation du secteur de l’électricité, l’État s’engage d’ores et déjà à garantir le libre accès au réseau de transport existant à tout autre producteur. Pour ce faire, une Agence de régulation indépendante du secteur de l’électricité, à l’image de l’ARPTC pour les télécoms, devrait être créée par une ordonnance présidentielle. Quant à la SNEL, la Banque mondiale a recommandé son saucissonnage pur et simple. Mais, selon le comité de la réforme des entreprises publiques (COPIREP), tout, ou presque, n’est pas clair dans cette entreprise. Parmi les grandes difficultés auxquelles elle est confrontée, outre l’absence de clarté sur le régime juridique des biens constituant l’actif immobilisé de la société après sa création en mai 1970, ainsi que l’absence des titres de propriété de la quasi-totalité des biens immobilisés figurant à l’actif du bilan de la SNEL à la date de sa transformation en SARL en décembre 2009, il y a aussi l’absence d’une convention de gestion du service public de l’électricité entre l’État et la SNEL, comme on peut le lire dans un rapport du COPIREP. Devenue société anonyme du fait de l’adhésion de la RDC à l’OHADA, la constitution du capital de la SNEL est, à ce jour, trouble. Toutefois, selon ses nouveaux statuts, la désormais SNEL SA a comme capital social, un peu plus de 3 milliards de dollars. Ce montant représente 10 000 actions d’une valeur autour de 310 000 dollars. Mais ce n’est qu’au terme du contrat d’assistance technique de Manitoba, d’ici août 2016, sauf imprévu, que l’État, encore actionnaire unique de toutes les 20 entreprises déjà transformées en sociétés anonymes, va décider du devenir de la SNEL SA. En d’autres termes, comment se fera le saucissonnage de l’entreprise.