Un avion de la nouvelle compagnie nationale a été saisi à Dublin, en Irlande. Kinshasa a dépêché des experts à Dublin pour tenter de trouver une issue au différend et obtenir la mainlevée sur l’appareil
Le deuxième avion de Congo Airways, un Airbus 320, a été saisi par la justice irlandaise, le 21 août à Dublin. À la base de cette opération, une vieille affaire qui met aux prises l’État congolais et une société américaine d’extraction des minerais, Mimico LLC, propriété de deux sujets américains, John Dormer Tyson et Jean Ilunga Mukendi. L’entreprise américaine réclame 10 millions d’euros à l’État. Le litige remonte à 2007 et la RDC avait accepté, au cours d’un arbitrage, de payer 11,4 millions de dollars à Mimico LLC. Selon des chiffres officiels, l’État aurait déjà versé 1,3 million d’euros. Des sources proches du dossier indiquent que le litige remonte à l’époque du régime du Maréchal Mobutu. Des proches du régime, parmi lesquels de hautes personnalités du pays, auraient fait main basse sur le patrimoine et le matériel d’exploitation de Mimico ont été démontés. Et ils ont exploité des dragues et d’autres petits matériels (générateurs électriques) et exploitent, pour leur compte les concessions minières cédées à Mimico. À plusieurs reprises, les responsables de Mimico ont cherché à convaincre les autorités congolaises de reconnaître la dette ainsi créée, au nom du principe de la continuité de l’État. Rien n’y fait. Mais face à la pression, Kinshasa finira par accepter un arrangement conclu devant le tribunal arbitral, après que l’affaire eut été portée devant l’instance internationale de règlement des différends qui se trouve à Washington DC (États-Unis d’Amérique) par les actionnaires.
Depuis plus de deux semaines, la RDC s’investit pour obtenir la main levée de la justice irlandaise qui a saisi l’appareil, qui devrait arriver à Kinshasa « dans les prochains jours ».
L’Airbus A320 se trouvait à Dublin pour être repeint aux couleurs nationales. Il y a quelques années, à l’occasion des guerres de libération, la concession minière de cette société ont été envahie, occupée et exploitée par les autorités militaires et civiles. A cause de cette exploitation illégale, Mimico a exigé le paiement de 35 millions de dollars à la RDC, explique Claude Kirongozi, le DG de Congo Airways. « Sur les 35 millions de dollars réclamés par la Mimico, la RDC a déjà payé une partie. Le différent ne porte aujourd’hui, après négociations, sur 14 millions d’euros que le gouvernement s’était engagé à payer. Aujourd’hui, les investisseurs américains exigent la poursuite des paiements. Mimico utilise cet avion comme moyen de pression sur la RDC. Je pense qu’ils ont appris que notre avion se trouvait à Dublin et ils en ont profité ». Selon Claude Kirongozi, un autre paiement devrait être versé à la société Mimico afin de permettre que l’avion arrive à Kinshasa.
Pour le gouvernement qui a annoncé depuis le 11 avril 2014, la création d’une nouvelle compagnie aérienne nationale, il s’agit d’un coup dur. Congo Airways avait été voulue comme une compagnie de référence dans le secteur aérien, repère visible qui devra symboliser, parmi d’autres signes, la renaissance de tout un pays.
Pour concrétiser le rêve, la société a été constituée d’un capital de 35 millions de dollars américains. Elle compte plusieurs actionnaires parmi lesquels l’État congolais, majoritaire avec 62,73% et des entreprises du portefeuille de l’EÉtat : la SCTP (5,73%), la Gécamines (5,73%), l’Ogefrem (5,73%), le FPI (5,73%), la RVA (2,87%), l’INSS (5,73%). Les futurs employés de Congo Airways détiendront 5,75% des parts.
La société Congo Airways devait exploiter dans une première phase des vols domestiques (14 villes) avant d’aligner des vols régionaux. Le développement du trafic long courrier sera envisagé à long terme. Elle est construite sur trois piliers fondamentaux que sont la sécurité, la fiabilité et la satisfaction du client. Kinshasa a acheté deux Airbus A320 d’occasion auprès du transporteur italien Alitalia pour la compagnie aérienne nationale. Le montant de la transaction est estimé à 50 millions de dollars. Une polémique a pris naissance dans le débat public, certains trouvant exagéré le prix avancé.
Le tout premier Airbus est arrivé à Kinshasa au mois de juillet et le deuxième était attendu début août. Le vol inaugural de la compagnie devrait avoir lieu courant août. La direction de Congo Airways, auprès de laquelle Air France est engagée par un contrat d’assistance technique, a été installée au premier trimestre de cette année. La société est actuellement en pleine phase de recrutement. Aux termes du projet retenu, la nouvelle compagnie aérienne avait prévu la desserte de huit villes de la RDC avant de passer à 14 destinations intérieures au bout de trois ans d’exploitation.
Dans la perspective du développement de la compagnie, qui pourrait ensuite déborder du cadre des frontières de la RDC, les autorités envisageaient l’achat d’autres appareils, neufs, à l’avionneur européen Airbus. La RDC était dépourvue de compagnie aérienne nationale, après la mise en liquidation des Lignes aériennes congolaises (Lacs). L’essentiel du trafic aérien est encore assuré par des vols affrétés par la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) ou le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que par deux compagnies locales, CAA et Korongo, toutes deux sur la liste noire des compagnies aériennes établies par l’UE (comme la cinquantaine de compagnies enregistrées dans le pays et dont la plupart n’assurent plus de vols). Des compagnies étrangères (Kenya Airways ; Ethiopian, Bruxels Airlines et Air France) relient le pays au reste du monde.