La complexité de la situation salariale à la Société commerciale des transports et des ports (SCTP) tient au fait qu’elle varie d’une province à une autre où la société a des activités. Selon le directeur général de la SCPT, Daniel Mukoko Samba, au Kongo-Central, plus précisément à Matadi et Boma, où l’ex-Office national des transports (ONATRA) dispose des ports maritimes, les arriérés des salaires n’étaient que de trois mois au début octobre, contre huit mois à Kinshasa. D’après la mouvance syndicale, à Mbandaka et à Kisangani, les arriérés des salaires se comptent plutôt en termes d’années.
Personnel pléthorique
« C’est une situation connue de l’opinion publique. Les arriérés des salaires se sont étalés sur de nombreux mois. Nous essayons de trouver des solutions le plus rapidement possible. Début septembre, nous avons payé les frais scolaires à l’ensemble du personnel et nous avons commencé la paie d’un mois de salaire. Nous espérons réussir à payer encore 2 mois de salaire », a indiqué à la presse Daniel Mukoko. Mais la structure actuelle du personnel de la SCTP n’est guère de nature à faciliter les choses pour l’ancien vice-1ER Ministre en charge du Budget dans le gouvernement Matata Ponyo.
In globo, retraités et actifs de l’ex-ONATRA représentent un effectif d’environ 12 500 agents. Toute offre de dégraissage des effectifs présentée par l’État, actionnaire unique de l’entreprise, s’est toujours heurtée à un niet ferme du banc syndical soutenu par le personnel. La dernière proposition du gouvernement de la mise en concession par appel d’offre des ports maritimes et du chemin de fer Matadi-Kinshasa a tourné à la confusion. Le banc syndical s’y est naturellement opposé, mais le gouvernement ne l’a pas retiré même si deux ans après, l’appel d’offre n’a guère connu d’évolution.
Désengagement avorté
Toutefois, selon nos sources, à Kisangani et Mbandaka, l’option d’une privatisation gagnerait de plus en plus des agents et travailleurs impayés depuis des lustres. Déjà, du temps où Jeannine Mabunda était ministre du Portefeuille, un projet de cession de la gestion du port public de Mbandaka, sous gestion de l’ex-ONATRA, avait fait du chemin. Mais, rien de concret n’est venu. Cependant, les travailleurs de la SCTP dans le Kongo-Central et ceux de Kinshasa tiennent mordicus au statu quo. Plus question de céder la gestion du tout ou d’un pan de la société à des privés après la mésaventure de Progosa. Cette firme présentée comme espagnole avait géré la SCTP entre 2009 et 2011. Loin d’en assurer la relance, la gestion Progosa s’est avérée budgétivore et aléatoire.
À ce jour, les experts-maison de la SCTP tablent plutôt sur le refinancement par l’État propriétaire de l’ex-ONATRA. Début octobre, la présidente du conseil d’administration, Vicky Katumwa, a été solliciter auprès du 1ER Ministre, Bruno Tshibala Nzenzhe, le versement par l’État des recettes de la redevance logistique terrestre à l’entreprise. Une bagatelle somme d’environ 40 millions de dollars. La redevance logistique terrestre a été établie par un arrêté interministériel en date 1er septembre 2012 au profit exclusif de la Société commerciale des transports et des ports. Il est entré en vigueur en février 2013 pour une durée de deux ans. Mais des observateurs doutent d’une probable restitution de cette somme à la SCTP. Qui ne vivote plus que de la manutention dans ses ports de Matadi et Boma.
Les charges sociales engloutissent plus de 60 % des recettes de l’entreprise. La paie, selon les sources syndicales, nécessite quelque 3 millions de dollars mensuels alors que la moyenne mensuelle des recettes de la SCTP est de l’ordre de 5 millions de dollars.
Pourtant, de l’avis de l’ancien directeur général et prédécesseur de Daniel Mukoko Samba, Jean Kimbembe Mazunga, la Société commerciale des transports et des ports a gros à gagner dans le chemin de fer.