L’ALCOOL a provoqué la mort de 41 000 personnes en 2015 en France. Soit 30 000 décès chez les hommes et 11 000 chez les femmes. Cela représente 7 % de la mortalité en France cette année-là. Une étude publiée le mardi 19 mars par Santé publique France montre que la consommation d’alcool n’a pas reculé depuis 2014 dans l’Hexagone. Elle confirme une nouvelle fois l’impact de la boisson sur la mortalité. Parmi ces décès, 16 000 sont arrivés à la suite d’un cancer, 9 900 résultent de maladies cardiovasculaires, 6 800 liés à une maladie digestive, 5 400 en raison d’un accident ou d’un suicide et plus de 3 000 à cause d’une maladie mentale.
La France figure dans le peloton de tête des pays les plus consommateurs d’alcool au monde, chez les 15 ans et plus. Elle occupe la 6è place parmi les 34 pays membres de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Le bulletin épidémiologique hebdomadaire publié par Santé publique France assure que la consommation se stabilise depuis quatre ans, alors que la tendance était à la baisse depuis de nombreuses années.
1 Français sur 10 boit
En 2017, les Français de plus de 15 ans buvaient en moyenne 11,7 litres d’alcool pur par an, soit la même quantité qu’en 2013, contre 26 litres en 1961, et jusqu’à 35 litres par an au début du XX siècle. Un Français sur dix boit de l’alcool tous les jours. Le pourcentage des usagers quotidiens est passé de 24 % en 1992 à 10 % aujourd’hui. « Boire de l’alcool quotidiennement même en petite quantité, n’est pas sans risque pour la santé », écrit François Bourdillon, directeur général de Santé publique France. Le bulletin hebdomadaire s’appuie notamment sur une étude parue dans la revue médicale britannique The Lancet. « Les minimes et très sélectifs effets protecteurs de l’alcool sont réduits à néant par ses effets délétères », affirme le directeur général.
« Des cancers, des maladies cardio-vasculaires et digestives mais aussi des accidents de la route, des violences et des suicides. La meilleure protection face aux dangers de l’alcool, c’est la responsabilité de chacun, a tweeté la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Diminuons notre consommation. Sensibilisons nos proches. » Un signal d’alerte partagé par Jean-Pierre Couteron, porte-parole de la Fédération addiction : « Cette stabilisation de la baisse de consommation d’alcool pur est un mauvais signe. On ne boit certes plus tous les jours mais lorsqu’on choisit de boire, on consomme beaucoup. C’est une transformation générationnelle qui s’opère. »
En 2017, 5 % des Français consommaient six verres ou plus en une même occasion toutes les semaines. Un pourcentage qui s’élève à 19,4 % chez les 18-24 ans tandis qu’il n’est que de 1 % chez les plus de 55 ans. Pour Jean-Pierre Couteron, l’étude publiée par Santé publique France montre un « changement de mode de consommation et de culture de l’alcool. On continue de s’éloigner de l’alcool quotidien, de ce qu’on appelait dans les années 50 le rouge étoilé : des bouteilles de vin vendues par caisses entières, peu alcoolisées, qui se buvaient midi et soir dans les familles françaises ».
Mise au point
Contrairement au tabagisme qui est en baisse (1 million de fumeurs de moins recensés en 2017), la consommation d’alcool ne faiblit pas. Cette stagnation préoccupe les autorités sanitaires et les spécialistes de l’addiction, alors que cette étude paraît dans un contexte troublé en matière de réduction des risques liés à l’alcool. Le 16 janvier, Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture, avait déclaré sur RMC que « le vin n’est pas un alcool comme les autres. Je n’ai jamais vu un jeune qui sort de boîte de nuit et qui est saoul parce qu’il a bu du côtes-du-rhône, du crozes-hermitage, du bordeaux ou du costières de nîmes. » Ce qui avait amené la ministre de la Santé à faire une mise au point : « La molécule d’alcool contenue dans le vin est exactement la même que celle contenue dans n’importe quelle boisson alcoolisée. »