Une fois de plus, l’Office congolais de contrôle (OCC) a procédé, fin décembre, à Lukala dans le Bas-Congo, à une destruction de produits impropres à la consommation en provenance d’Angola. Mais le problème reste entier.
Ils étaient tous là, le 26 décembre 2014, au poste frontalier de Lukala : le président du conseil d’administration de l’Office congolais de contrôle (OCC) Jean-Pierre Mbala Kasanda ; le chef de l’agence de Lukala, Théophile Selubanwi Tekadiomona ; l’administrateur de Songololo, Eloi Kiambembo, ainsi que les responsables des différents services affectés au poste frontalier. Ils ont assisté à la destruction de produits de contrebande sur ordre du procureur général de la République près le tribunal de grande instance de Mbanza-Ngungu. La cargaison de six tonnes saisie était constituée de 5 800 kg de farine de maïs, 100 cartons de biscuits chocolatés, 70 paquets de liqueur en sachets, 24 cartons de bière brune Super Bock.
C’est à l’issue de tests effectués dans un laboratoire de Matadi que les 5 800 kg de farine de maïs remplis de larves ont été déclarés avariés. Quant aux autres marchandises, notamment les 24 cartons de bière, les 70 paquets de liqueur en sachets et les 100 cartons de biscuits chocolatés, leur destruction s’inscrit, pour les deux premières, dans le cadre d’une circulaire interministérielle d’avril 2014 portant interdiction de fabrication, d’importation et de commercialisation d’emballages non-biodégradables. La destruction des 100 cartons de biscuits chocolatés est conforme à une directive du ministère de l’Économie et du Commerce interdisant l’importation et la vente de produits laitiers en provenance de Chine.
Selon le chef de l’agence de l’OCC-Lukala, c’est chaque jour qu’ils saisissent à Lufu et à Lukala des denrées alimentaires impropres à la consommation en provenance de pays étrangers. Tout au long de l’année 2014, plusieurs tonnes ont été ainsi détruites. Pour le seul mois d’octobre 2014, onze tonnes ont connu le même sort. Il a par ailleurs précisé que la responsabilité de l’OCC-Lukala se limite à la saisie des marchandises, alors que leur destruction est du ressort du tribunal de grande instance. Pour Jean-Pierre Mbala Kasanda, président du conseil d’administration de l’OCC, ce phénomène est comparable à l’agro-terrorisme mondial. Il a sollicité le soutien des différents services administratifs travaillant à la frontière et promis d’allouer un budget plus consistant à l’OCC-Lukala pour assurer les charges essentielles de fonctionnement, notamment le transport des échantillons à analyser vers le laboratoire de Matadi. Le chef du district de Songololo a relevé que l’idéal serait de doter le poste frontalier de Lufu d’un laboratoire qui puisse renforcer la capacité d’analyse des marchandises des inspecteurs de l’OCC.
La précédente destruction avait eu lieu le 22 novembre 2014. Il s’agissait de 4,5 tonnes de cargaison de denrées alimentaires. Le lot comprenait essentiellement des liqueurs fabriquées en Inde et du lait importé de Chine. La question que tout le monde se pose est de savoir comment ces denrées franchissent la frontière. Selon une source qui a requis l’anonymat, les inspecteurs de l’OCC opérant aux postes frontaliers de Lufu et de Lukula seraient impliqués de ce trafic. Ils formeraient ainsi un réseau maffieux qui échapperait à la vigilance des autorités. La même source indique que les cargaisons appartenant à des opérateurs économiques connus ne sont pas souvent soumises au contrôle puisqu’il suffit à leurs propriétaires de payer les taxes pour être à l’abri. Et d’ajouter que si les inspecteurs opérant à Lukala constatent que ceux de Lufu ont touché des pots-de-vin pour faire passer des produits avariés sans les avoir informés, ils saisissent les cargaisons en question, y compris les marchandises des opérateurs réguliers.
L’une des raisons qui pousserait les opérateurs économiques à importer des denrées alimentaires avariées est un décret de juin 2011, lorsqu’Adolphe Muzito était Premier ministre, qui interdit à l’OCC de procéder au contrôle physique des céréales aux frontières. Vu la gravité de la situation, Jean-Pierre Mbala Kasanda plaide pour l’abrogation dudit décret par le ministère de l’Économie et du Commerce.