Personne n’y croyait, alors tout le monde tente d’apprécier. Quoi, au juste ? La nouvelle tendance du classement des buteurs de Liga. Depuis de (très) longues années, les deux premières places étaient squattées par des éléments du Real Madrid et du FC Barcelone. Il faut ainsi remonter à la saison 2008-2009 et le statut de Pichichi de Diego Forlán pour voir un élément d’une autre équipe se distinguer dans ce classement. La faute, évidemment et principalement, aux deux monstres nommés Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Sauf que si le premier, meilleur buteur d’Espagne avec onze pions, tient parfaitement son rang, quelques rebelles ont décidé de faire de l’ombre au second en ce début de saison.
Ces dauphins insoumis se nomment Simone Zaza et, encore plus étonnant, Cédric Bakambu, avec huit caramels chacun. Hormis Messi, personne n’a donc marqué plus que l’ancien Sochalien (et premier Congolais de l’histoire à réaliser un coup du chapeau, contre Eibar début octobre, en terres hispaniques, ndlr) en Espagne pour le moment. Dingue, non ?
Sur le banc contre Caen et remplaçant de Jordan Ayew
Simple : le Congolais de 26 ans a marqué à huit reprises en huit matchs de Liga (pour autant de titularisations), plus une fois en Ligue Europa (pour une titularisation) et deux avec sa sélection. Basique : le bonhomme n’est déjà qu’à cinq tremblements de filets de son record en championnat (13 avec Bursaspor en 2014-2015) et quasiment à la moitié de son meilleur bilan toutes compétitions confondues sur une saison (23 toujours avec Bursaspor en 2014-2015). Les bases sont posées, et même Orelsan aurait du mal à croire à ses statistiques s’il savait que le (faible) niveau de l’attaquant l’obligeait à garder ses fesses sur le banc quand il rencontrait Caen il y a quelques années.
En France et en Ligue 1, Bakambu n’a pas laissé d’immenses souvenirs. « À Sochaux, on voyait qu’il avait des qualités physiques, qu’il était rapide, qu’il pouvait faire la différence tout seul sur certains matchs… Mais il manquait quand même de constance et d’adresse devant le but, reconnaît Pierre-Alain Frau à propos de son coéquipier avec qui il a évolué lors de sa dernière saison chez les Lionceaux. Il n’impressionnait pas vraiment. D’ailleurs, Jordan Ayew l’avait remis sur le banc. Donc oui, ça m’étonne de le voir si efficace et si régulier aujourd’hui. S’il arrivait à se créer des occasions, il en manquait pas mal. Donc je pensais que ça lui jouerait des tours. »
Confiance + optimisme = réussite
Oui, mais voilà : après Sochaux, le garçon a grandi, a appris, s’est musclé, a développé son jeu en même temps qu’il découvrait un nouveau football en Turquie et s’est amélioré, tout simplement. « J’ai disputé des gros matchs, dans des grosses ambiances, donc au niveau de l’expérience, ça m’a permis d’évoluer », assure-t-il d’ailleurs en août 2015. Surtout, il garde confiance. « Il a toujours été sûr de lui, même s’il a connu des périodes de doute propres aux attaquants, reprend PAF. Il était déjà très positif il y a quelques années, et ne lâchait jamais. Il dispose d’une discipline de travail qui lui permet de conserver sa grosse confiance. » Après une première saison honnête à Bursaspor (treize buts en 27 apparitions), l’avant-centre n’hésite pas quand le sous-marin jaune se présente à lui. Et ce, même s’il ne parle pas un mot d’espagnol.
« Je vais y arriver, y a pas de souci, sourit-il, tranquille. De toute façon, je suis obligé. C’est clair que ça aurait été un avantage pour faciliter mon intégration, mais ce n’est pas grave. L’espagnol, ça va venir tout seul. (…) Moi, je veux simplement m’imposer et disputer tous les matchs. »
S’il n’est pas tout de suite considéré comme un titulaire indiscutable (21 fois aligné d’entrée en Liga), le petit Cédric se montre (douze buts en championnat, neuf en Ligue Europa) et prend ses marques. Malheureusement pour lui, des bobos embêtants viennent lui gâcher son début de saison 2016-2017, le poussant sur la touche un peu plus longtemps que prévu. Sa réaction ? « Ça va aller, 2017 sera mon année ! (…) J’ai perdu ma place avec la blessure. (…) Ici, c’est de la vraie concurrence saine. En dehors du terrain, il n’y a aucun problème.
Et puis Sansone et Pato, ce ne sont pas n’importe qui ! Mais je sais que quand je reviendrai, je récupérerai ma place de titulaire. Je suis confiant. » Pas loupé : profitant du départ d’Alexandre Pato en Chine durant l’hiver, le Congolais de la République démocratique du Congo natif d’Ivry reprend le rythme, marque une dizaine de fois et se prépare mentalement à une nouvelle saison qu’il imagine folle. Folle au point de, pour l’instant, suivre la cadence démesurée de l’Argentin Lionnel Messi. Reste une question : combien de temps cela peut-il durer ?