À l’instar des banques, peut-on s’attendre à un boom dans le secteur des assurances ? Qu’est-ce qui peut bien attirer les sociétés d’assurance à s’implanter dans un pays classé par Transparency International parmi les plus risqués au monde ? L’embellie du secteur financier est un signe de la reprise économique, de l’avis des observateurs. Les grands travaux qui sont exécutés par l’État et par des opérateurs économiques expatriés, notamment chinois, indiens, libanais, apportent de la liquidité et attirent des investisseurs prometteurs. Cet élan devrait pouvoir entraîner le besoin de couvrir les risques. À propos de l’afflux d’investisseurs dans le secteur des assurances et réassurance, il y a une crainte. Soit qu’ils viennent pour blanchir de l’argent sale dans ce qui pourrait passer à leurs yeux pour une nouvelle frontière du capitalisme casino, où peuvent se réfugier encore les fonds toxiques contre lesquels le G-20 a engagé une lutte impitoyable, au nom de la moralisation du capitalisme. Soit qu’ils sont garantis par des trusts financiers et économiques internationaux, qui tiennent à garder une position forte, en attendant que se calme la tempête pour profiter de la relance d’une économie aux potentialités pétillantes.
Mais cette crainte pourrait être tempérée par l’évolution du paysage financier congolais qui a évolué à la vitesse V, ces quinze dernières années. Après la liquidation d’une dizaine de banques et d’une cinquantaine d’institutions de microfinance, environ 300 institutions financières et bancaires exercent sous la supervision de la Banque centrale du Congo (BCC) contre seulement quarante-trois établissements en 2001. Signe que le secteur financier et bancaire se modernise et se consolide davantage, grâce aux réformes visant la résilience et la solidité des établissements de crédit. Le volume de crédit à l’économie a franchi la barre d’un milliard de dollars. Le Mobile Bank fonctionne déjà dans le pays… Toutes ces performances se traduisent par la confiance du public qui renaît.
Réformer le système
Cependant, cette performance est quelque peu écornée par le système non bancaire, qui a très peu progressé. Les fonds du secteur des assurances et de la sécurité sociale qui devraient, en principe, peser de tout leur poids dans la balance du système financier et contribuer davantage au financement de l’économie, sont demeurés insignifiants. Où vont les fonds collectés par la Société nationale d’assurances (SONAS) et l’Institut national de sécurité sociale (INSS) ? C’est la quadrature du cercle en ce qui concerne la gestion des entreprises et des établissements publics dans le pays. D’où il faudrait une réforme pour s’adapter à l’évolution du marché financier de l’Afrique centrale. La Commission de surveillance de ce marché se félicite de la levée d’épargne. La première campagne a permis de drainer en cinq ans (2010-2014) 924 millions de dollars. La campagne a été rendue possible grâce au concours de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale et de Douala Stock Exchange (Cameroun). Les États membres, les entreprises et d’autres acteurs financiers se sont mobilisés et figurent aujourd’hui parmi les bénéficiaires de ces ressources émises sur le marché sous-régional. Les banques et les sociétés d’assurances ont également contribué avec une souscription d’environ trois quarts. Quant aux souscriptions des particuliers et des ménages, elles ont représenté 2 % de la collecte. Pendant longtemps, le marché financier a été un serpent de mer ; maintenant, il est opérationnel.