L’acquis est mesurable : le processus de bancarisation de la paie des fonctionnaires de l’Etat a donné un coup de pouce au développement de l’ « esprit bancaire », dans le pays.
Depuis deux ans, pour plus d’un million de ménages congolais, les banques commerciales sont devenues des lieux accessibles, en cas de besoin. Cependant, cette dynamique charrie un certain nombre de freins, qui peuvent ralentir l’élan actuel visant à élargir, aussi bien dans les milieux urbains que ruraux, l’assiette de la clientèle nationale. Les séances de travail, qui se multiplient ce mois, entre le gouvernement et les syndicats des agents de l’Etat, à seule fin de parvenir à une harmonisation quant à la prise en charge des frais de tenue de compte, démontrent qu’il y a une limite, au niveau de la circulation de l’information, entre les différentes parties prenantes.
Dans le cas sous examen, la Banque centrale du Congo a instruit les institutions commerciales à appliquer les dispositions prises par le gouvernement, mais les syndicats des fonctionnaires concernés n’ont pas été suffisamment consultés pour qu’ils explicitent le contenu et la portée de la mesure visant à amener, le propriétaire d’un compte bancaire, à assumer pleinement certaines responsabilités traditionnelles. Les responsables du suivi de cette opération ont cru heureux d’engranger sur les aspects bénéfiques, que ce même fonctionnaire a partagés avec les promoteurs de l’initiative. La stratégie n’a pas produit les résultats escomptés. Les pressions ont été très fortes, en faisant même entrevoir l’éventualité d’un débrayage général. A quelques semaines de la rentrée scolaire, la menace est prise au sérieux. Les banques commerciales, elles-mêmes, n’ont pas été explicitement appelées à implémenter la décision du gouvernement. Elles se sont limitées à renvoyer les fonctionnaires auprès de leur employeur, car elles ne font qu’appliquer des instructions reçues de l’autorité compétente. A leur tour, les syndicats ne paraissent pas avoir eu le temps de mobiliser, en amont, leurs affiliés.
Ce déficit communicationnel risque de rendre fébrile l’ « esprit bancaire », qui commençait à se renforcer. Dans un pays où les banques sont encore considérées, à tort ou à raison, comme des places réservées à des initiés, le débat mis sur la table exige de recevoir, de la part de toutes les parties prenantes, un réel approfondissement. Une sorte de satisfaction se dégage dans les rangs de ces acteurs. Une grande partie des fonctionnaires de l’Etat se réjouit de la mise en route de cette opération car elle a réussi à colmater des faiblesses décriées dans le mécanisme de la paie manuelle. Pour leur part, les banques commerciales ont encaissé, en deux ans, plus de 50 millions de dollars.