Banques : les entreprises préférées des jeunes diplômés

C’est une enquête 2018 du Centre d’études stratégiques Alter, qui a décidé de faire parler à la fois des aspirations des étudiants et de la réputation des entreprises auprès des jeunes diplômés. Voici les faits saillants de cette étude.

 

Les étudiants de RDC, ceux qui terminent leurs cursus dans les universités et les instituts supérieurs de Kinshasa ont voté. Les banques occupent la première place du classement des entreprises où les étudiants rêvent de travailler après leur formation. Il y a dix ans, cette place était occupée par les sociétés des télécoms, plus précisément les sociétés de téléphonie cellulaire. Mais cette montée sur la première marche du podium doit moins aux salaires dans ce secteur qu’au regain d’attractivité.

Les banques progressent en effet en termes d’ouverture de nouvelles agences et de diversification des produits et services. Cela signifie que les étudiants qui ambitionnent de travailler, trouvent là une opportunité d’embauche. Cependant, l’enquête note la quasi absence de prétentions salariales. Les ambitions en termes de rémunération sont restées stables, l’essentiel est d’avoir d’abord un emploi. Cela s’explique notamment par le fait que le marché de l’emploi est très étroit. 

Le Centre Alter a soumis à 5 000 répondants d’écoles de Commerce et d’Ingénieurs une liste de 100 entreprises à classer par ordre de préférence. Ils pouvaient ajouter des noms qui n’y figuraient pas. Mais pour qu’une entreprise figure au classement, il ne suffit pas qu’elle soit mentionnée par un grand nombre d’étudiants: il faut qu’elle recrute et mettent en place une politique « employeur » auprès des écoles. Un moyen de s’assurer que ce ne sont pas seulement les produits ou services de l’entreprise qui font rêver les étudiants, mais aussi l’entreprise en tant qu’employeur. Cela va de soi que nous ne dévoilerons pas dans nos colonnes le classement, faute d’avoir reçu le quitus du Centre Alter.

Néanmoins, l’enquête révèle que très peu d’entreprises en République démocratique du Congo ont une politique employeur. Ce qui contribue à l’augmentation du nombre de chômeurs. En 2018, l’organisme prévoit que le nombre de chômeurs par an continuerait d’augmenter, se situant à un demi-million de demandeurs d’emploi sans activité supplémentaires. Explication : tout politique d’emploi comporte deux volets, l’offre et la demande. Actuellement, selon plusieurs sources officielles et non officielles recoupées, la population active en RDC est estimée à quelque 50 millions de personnes. Chaque année, on estime environ 400 000 nouveaux demandeurs d’emplois. 

Le Centre Alter souligne que la plupart des Congolais au chômage cherchent activement un emploi et d’autres sont des « actifs découragés », la formule consacrée pour les chômeurs qui ont renoncé à rechercher un emploi. Les 20-40 ans sont de loin la catégorie d’âge la plus touchée, avec 54,2 % de la population active sans emploi. L’étude du marché du travail que compte publier ce centre sera réalisée chaque année. Il fait ressortir que les femmes ont actuellement plus de chances de trouver un emploi que les hommes, non pas en raison du genre ou de niveau de qualification.

Une vraie politique d’anticipation

Les chercheurs d’Alter précisent que si l’économie ne prospère pas, il y aura moins de créations d’emplois. Et s’il n’y a pas de politique de l’emploi anticipative, mêmes les quelques emplois qui seront créés n’auront pas d’impact significatif sur la demande. Ces chercheurs sont d’accord avec les experts qui préconisent que l’accent soit mis et sur la croissance et sur la formation. La formation à elle seule, ne suffira pas pour régler le problème d’emploi. De nouvelles entreprises ne pourront voir le jour que s’il y a une forte croissance économique ; laquelle permettra par ailleurs aux entreprises existantes de pouvoir générer du profit, d’accroître leurs activités et de créer de nouveaux emplois. 

Le débat se corse sur le concept chômeur. Aujourd’hui, tout celui qui s’adonne à une activité rémunératrice n’est pas considéré comme chômeur. Par exemple, la vendeuse de beignets ou de pains, la commerçante qui fait des navettes, le vendeur de journaux… D’où la difficulté d’établir des statistiques fiables. Il est temps qu’au niveau national, l’on tienne des registres actualisés dans tous domaines, secteur par secteur, notamment en matière d’emploi ou de chômage. Personne ne sait dire aujourd’hui combien d’entreprises fonctionnent au pays, combien ont mis la clé sous le paillasson, combien continuent à embaucher et où… 

Les statistiques sont donc une question cruciale pour le développement d’un pays, expliquent les chercheurs d’Alter. Dans le secteur de l’emploi, malheureusement, l’Office national de l’emploi (ONEM) qui est l’organe technique du gouvernement, est « hors périmètre » malgré les moyens (humains, techniques et financiers) qu’il a pour centraliser toutes les données sur l’emploi. 

Qui crée les emplois ?

Il ne joue pas son rôle capital de mener des réflexions et proposer les pistes de solutions adéquates. On se demande d’ailleurs si l’ONEM est géré tant l’organisme est politisé à outrance. 

Actuellement, ce sont les secteurs des banques et des télécommunications qui sont pourvoyeurs d’emplois, mais très limités car ils utilisent plus les technologies nouvelles. Avec la libéralisation du secteur des assurances, on s’attend aussi à ce que de nouveaux emplois soient crées en masse. La plupart des secteurs qu’on avait connus comme étant les piliers de l’économie, sont dans les difficultés. C’est notamment le cas des mines, de l’agriculture et de la manufacture. Dans tous les cas, tout est opportunité d’affaires en RDC, donc d’emplois. C’est ici que la formation a tout son pesant d’or. De nouvelles filières exigent des qualifications appropriées. L’État veut encourager la création d’incubateurs de PME et de centres d’excellence pour l’émergence des start-up. Les jeunes devraient apprendre à faire des choix des formations en fonction de secteurs porteurs d’avenir et de besoins du marché du travail ou qui leur permettront de se lancer facilement dans l’entreprenariat.