Barrage de Kakobola : l’État préfère Wapcos à la SNEL

Le gouvernement congolais a signé, le 7 novembre, avec la firme indienne Wapcos un accord pour le transport du courant électrique du barrage hydroélectrique de Kakobola vers certaines villes de l’ex-province de Bandundu. Ce n’est donc pas à la Société nationale d’électricité (SNEL) que le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques a attribué ce marché. Le courant électrique est déjà disponible à la centrale de Kakobola. Un appel d’offre a été lancé pour l’implantation des réseaux de transport Idiofa- Gungu-Kikwit, fait-on savoir à ce ministère.

Mais pour des observateurs, il était acquis qu’une entreprise indienne devrait reprendre le marché de construction des maillons manquants de Kakobola d’autant que le financement additionnel pour ce faire est venu de New-Delhi. Le cabinet du ministre de tutelle, Ingele Zeze Ifoto, n’a rien indiqué au sujet du marché de distribution de ce courant, si ce n’est que les villes d’Idiofa et de Kikwit et la cité de Gungu, dans la province du Kwilu seront servies en premier lieu. L’on se souviendra, il y a quelques mois, l’idée d’implanter des panneaux solaires géants a été mûrie par les hommes d’affaires de la région, lassés de promesses répétitives de l’État d’électrifier les agglomérations précitées par la centrale de Kakobola.

« La fourniture de l’électricité est la réponse de l’État. Elle concrétise la politique de l’industrialisation du gouvernement en matière de création d’emplois dans la province du Kwilu », a déclaré un notable de la province, proche de la majorité présidentielle. Selon les projections du ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, les travaux de construction des lignes de transport débuteront en janvier 2018. La centrale hydroélectrique a une capacité de 9 mégawatts. Les travaux ont débuté en 2014, et à ce jour, Kakobola est à 98 % achevé, selon les experts du ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques. Contrairement à la centrale de Katende, 64 mégawatts, dans la région du Kasaï,  qui n’a, à ce jour, été construit qu’entre 50 et 65 % par une autre entreprise indienne Angelic.

Cette dernière a été remplacée, mi-octobre, par une autre société indienne NPCC pour la poursuite des travaux de construction. Avec un coût initial estimé à 55 millions de dollars, la centrale hydroélectrique de Kakobola a, en effet, bénéficié en août 2010 d’un premier financement de l’ordre de 42 millions de dollars du gouvernement indien. Cette somme, d’après le ministère de l’Énergie et des  Ressources hydrauliques, a servi à la construction de la centrale. Puis New Delhi a encore opéré un deuxième décaissement de 40 millions de dollars, en mai 2015, pour le centre de dispersion et les lignes de transport. Alors que les fonds de contrepartie, en fait l’apport financier de l’État congolais qui était d’abord de 15,4 millions de dollars, n’aura été décaissé qu’à compte-goutte perturbant ainsi le rythme d’exécution des travaux de construction de Kakobola.

Par ailleurs, la seconde participation de la partie congolaise à l’investissement, soit 5,5 millions de dollars, ne devrait être activée qu’après l’attribution du marché de construction des lignes de transport de l électricité à la firme Wacops. Dans le budget de l’exercice 2017, le gouvernement a plutôt prévu, pour la poursuite des travaux des centrales de Kakobola et Katende, des crédits de l’ordre de 4 millions de dollars environ. Côté technique et technologie, les experts du ministère de tutelle indiquent que le volet  hydraulique  des études de faisabilité du projet a permis de dimensionner la centrale sur base d’un débit moyen de la rivière Lufuku  (15m2/s). Lequel garantit le fonctionnement optimal de la centrale même pendant la période d’étiage.  Avis d’experts, Kakobola ne représenterait que le dixième des besoins en énergie électrique de l’ex-province de Bandundu qui est demeurée, en dépit de son éclatement en trois provinces, à l’état de ruralité prononcée. Kikwit, Idiofa et Kenge sont plutôt rurbains qu’urbains. L’État a d’ailleurs mis en œuvre, pour quelque 3,5 milliards de francs, exercice 201, le projet ANSER (Agence nationale de service d’électrification rurale). Il nous revient que des crédits additionnels de l’ordre de 200 millions de francs ont également été accordés par le ministère de tutelle au même projet ANSER.