Jusque-là, la province de l’Ouest était connue pour ses ports maritime et fluvial, ses cimenteries et barrages hydroélectriques. Désormais, il faudra compter avec elle pour l’or ou les diamants.
Selon une légende qui daterait de l’époque coloniale, l’actuel Bas Congo serait la réserve minière stratégique du Congo. Il viendrait à la rescousse du pays quand l’exploitation des ressources des autres provinces s’essoufflerait. Vrai ou faux, une chose est certaine : la province connaît une intense activité de l’artisanat minier en l’absence d’une vraie industrie minière. Certains sites du Bas-Congo se sont révélés être des mines à ciel ouvert riches en or, en diamants, en coltan et en malachite. L’exploitation artisanale des mines dans la province du Bas-Congo ne date pas d’aujourd’hui. Pendant l’époque coloniale et la première République, elle était strictement interdite. Mais la contrebande est passée par là. En 2010, avec la loi créant le service d’assistance et d’encadrement du Small Scan Mining au ministère des Mines, l’exploitation artisanale des minerais était désormais permise.
Cette loi qui, d’une part, interdit l’exploitation individuelle, encourage plutôt une exploitation en coopérative, association ou groupement (disposant d’un statut et d’une personnalité morale), la détention obligatoire d’une carte d’exploitant minier délivrée par le ministère ou ses services décentralisés, sans compter les frais administratifs. Le choix de l’exploitation en coopérative permet de résoudre les problèmes de la communauté ou de la corporation. Elle permet aussi à la structure d’être facilement identifiée et à l’Etat de percevoir facilement les taxes : 3 % sur le chiffre de vente de diamants et 1,3 dollar par gramme d’or. A Mbanza Mwembe, dans le territoire de Luozi, une coopérative qui a produit 50 kilos d’or de production en 2013, a permis à ses membres d’améliorer les conditions de vie de ses habitants, en aménageant la source d’eau potable, en dotant chacun d’une moto, et en achetant un véhicule de 10 tonnes pour évacuer régulièrement la production agricole de ce village situé sur un axe routier difficile d’accès. Mais, les abus de certains négociants qui sillonnent les carrières en proposant des prix dérisoires sont signalés. « Dix allumettes dans une balance ne font pas 1gramme d’or, mais plutôt 1,3 gramme. Pourtant, c’est cela la mesure utilisée par tous les négociants », dénonce le chef d’antenne du Small scan mining.
Arrivée d’opérateurs nationaux et étrangers d’envergue
Depuis quelques années, ces nouveaux acteurs abandonnent progressivement les pratiques traditionnelles pour une production qualifiée de semi industrielle. La Société minière du Bas-Congo (SOMIB) basée à Lukula utilise des dragues dans la rivière éponyme pour assurer l’exploitation de l’or et du diamant. Tout comme une autre société de même calibre dans le fleuve Loango à la frontière avec le Cabinda.
La société Orgamine, filière minière de la défunte Orgaman, a adopté une politique qui consiste à financer des coopératives en se réservant « le rachat exclusif de la production ». D’autres opérateurs, comme la société Ledia, possèdent d’importantes concessions transformées en carrés miniers qui contiendraient d’immenses réserves de minerais dont un gisement de manganèse encore difficile à exploiter à cause de l’absence de voies d’évacuation vers le port de Matadi et l’absence d’électricité pour une production industrielle. La même entreprise à une concession à Kongo dia Kati qui, de l’avis d’un agent du ministère des Mines du Bas-Congo, est une mine à ciel ouvert de malachite. « Tout le monde qui passe par là, peut voir ou ramasser une pierre verte qui est effectivement de la malachite autrement dit du cuivre carbonaté vert. Il y en a assez pour construire une usine », précise-t-il.
Au village de Ngandu, dans le secteur de Gombe Matadi, le responsable de la Coopérative d’exploitation minière pour le développement des Cataractes (CEMDV) qui serait en pleine exploitation artisanale, affirme avoir stocké quelque 25 tonnes de malachite. Les négociations seraient assez avancées avec un opérateur minier, l’indien Ravi, propriétaire de la société Arimex, qui détient une fonderie à Limete. Un responsable de la fonderie contacté confirme l’information. « Je peux vous assurer que tous les tests de laboratoires ont déjà été faits ici et à l’étranger.
Sans aucun doute, il s’agit de cuivre de très bonne teneur », a t il reconnu. En prévision d’une exploitation semi-industrielle, la société a acquis une petite usine moderne pour effectuer sur place des opérations d’hydrolyse avant toute exportation. Pour les observateurs, une nouvelle ère minière commence pour le Bas-Congo. Mais le plus grand défi se situe au niveau des études de certification des réserves pour attirer des opérateurs majeurs capables de créer des emplois et de générer des ressources financières importantes pour le développement du pays.