Le ministère des Transports et des Voies de communication annonce l’acquisition prochaine des bus pour la ville de Lisala, dans la province de la Mongala, dans l’ex-province de l’Équateur. En 2016, Transco, opérateur public, et Esprit de vie, consortium privé, ont bénéficié d’un appui d’un peu moins de 200 milliards de francs et plus de 285 millions pour des projets similaires qui n’ont guère abouti, alors que le transporteur public routier jouit également d’une subvention en nature (carburants et lubrifiants) qui a représenté près de 24 millions de dollars en 2015. Cette fois, le vice-1ER Ministre et ministre des Transports et des Voies des communications et ancien gouverneur élu de l’Équateur, José Makila Sumanda, semble avoir pris les choses en main.
Ce dernier tient à faire bénéficier sa province d’origine de grands projets de l’État dans le domaine de transport de masse. Déjà, sous le cabinet Badibanga, José Makila avait enjoint les responsables de Congo Airways à créer une ligne Kinshasa-Gbadolite. Congo Airways a cependant redouté de travailler à perte sur une ligne où le remplissage de l’un ou l’autre de ses aéronefs était loin d’être garanti. Le ministre des Transports et des Voies de communication a également programmé de doter la ville de Lisala d’un réseau de transport routier.
Ville natale du Maréchal
Selon des sources dignes de foi au ministère du Budget, le projet coûterait une bagatelle somme de 135.9 millions de francs et ne sera pas rabiotée sur les subventions de Transco et Esprit de vie. Principale cité rurbaine de la province de la Mongala, dans l’ex-Équateur, située sur la rive droite du fleuve Congo, Lisala s’est bâtie une renommée par le simple fait d’être la terre natale de l’ancien président zaïrois, Mobutu Sese Seko. Magnifiée telle une ville par les propagandistes du régime totalitaire de Mobutu, Lisala n’a guère connu une modernisation notable durant le long règne de Mobutu, 32 ans!
Lisala-ville et son territoire sont, en effet, traversés par la route nationale (RN 6) d’Est en Ouest, et par les routes R 328, R 329, R336, et R338. Mais c’est des routes en larges parties en sables battus, praticables lorsqu’elles sont entretenues. Le contour du territoire de Lisala est défini par la rivière Mongala au Nord et le fleuve Congo au Sud. Il y a encore quelques mois, un reporter de radio Okapi rapportait que des jeunes regroupés au sein de l’ONG Action pour la lutte contre la pauvreté des jeunes congolais avaient pris l’initiative de « sauver la ville de Lisala en proie des érosions ». Ces jeunes s’emploient avec des moyens du bord à lutter contre la tête d’érosion qui menace de couper l’avenue de la Mission. Et ils demandent le soutien des hommes de bonne volonté.
Les premiers travaux se sont déroulés au-delà du grand marché sur la principale artère de la cité, l’avenue de la Mission, à son croisement avec les avenues Beni 1 et 2.
« Les contributions de 1000 francs congolais (environ un dollar américain) que chacun donne chaque semaine nous ont permis de réaliser ce que nous avons fait », explique l’un des jeunes volontaires. Ces derniers essayent simplement de limiter l’avancée de cette érosion. Avec à leur tête l’ingénieur Neskes Lwizaluka, ils creusent des canalisations, remblaient les fosses, construisent des dalles pour empêcher que l’avenue soit coupée. « Nous avons plus de 150 jeunes. Nous travaillons manuellement. L’autorité de la place a autorisé l’Office des routes de nous donner une machine niveleuse », explique-t-il.
Cet appui tombe à pic, mais ne suffit pas au regard de l’immensité de la tâche. Les jeunes cherchent encore plus de pelles chargeuses, de barres de fer, de clous, de bois… « Si les moyens nous sont donnés, nous vous garantissons que nous allons sauver même les avenues oubliées », a assuré Jean Noel Wandenga, coordonnateur de l’ONG. Qui a lancé un cri d’alarme en direction des autorités. Près de 24 mois se sont passés depuis, mais la voirie de Lisala n’a guère connu un début de réfection. C’est sur des routes cahoteuses, sablonneuses, boueuses en temps de pluies, que devraient rouler des bus de Makila ? Voilà qui s’appelle, ni plus ni moins, éléphant blanc. Sinon dilapidation des deniers publics.
Il sied toutefois de rappeler que l’État congolais ne dispose d’aucune politique efficiente de transport urbain. Réunis à la faveur d’une conférence-débat à l’Institut supérieur de l’architecture et de l’urbanisme (ISAU), des experts ont fait part de la nécessité de développer le chemin de fer intra-urbain, de la ville, le transport fluvial urbain pour décongestionner les grandes agglomérations de la RDC. Le transport fluvial profiterait mieux à la ville de Lisala comme le pan est de la ville de Kinshasa (le district de la Tshangu) que le renforcement du parc de Transco et Esprit de vie. La problématique du développement du transport fluvial est également reprise dans le Plan d’organisation de secours en cas de catastrophe en RDC (ORSEC /RDC). Ce plan vise notamment à consolider la sécurité et la paix, promouvoir la bonne gouvernance et la dynamique communautaire, relancer l’activité économique et la croissance, soutenir les secteurs sociaux, assurer la protection sociale et garantir la protection urbaine. Les populations entières vivent dans l’isolement étant donnée la vaste étendue du territoire et la densité justifiée par l’inaccessibilité de leur milieu, et cela à la suite de la détérioration très avancée des routes et en l’absence de toute couverture par les media, lit-on dans le Plan ORSEC/RDC. Le réseau de transport date pour l’ensemble de l’époque coloniale et est constitué de 145 000 Km des routes avec 7400 Km d’axes urbains ainsi que de 270 aéroports dont 5 internationaux. Et pourtant le pays dispose également de 5 033 Km des voies ferroviaires et surtout de 16 238 Km des voies navigables.