Déjà, les pros et les antis biogaz se livrent une guéguerre d’arguments à travers la toile. « Le biogaz est malodorant, en lien avec l’H2S qui le compose (le souffre est connu pour son odeur d’œuf pourri) », écrit ce site français. Réaction d’un site favorable, « l’odeur n’est bien gênante qu’en cas de fuite dans l’installation. Ce qui est très rare… ». Pour cet expert « le biogaz prend beaucoup de place : il faut 1000 m3 pour stocker l’équivalent de 700 litres de fioul ». Contre expertise, « le stockage sous pression permet de réduire ce volume ». Autre réaction et contre-réaction, « le gaz créé par la méthanisation est dangereux: c’est un gaz explosif, corrosif et toxique en raison de la présence d’H2S ». Un minimum de précaution doit être pris pour éviter la dégradation rapide des matériaux et les risques pour les personnes: appareils électriques adaptés, surveillance des fuites, usage des matériaux non corrosifs…
Recettes de l’État
Le biogaz est difficilement transformable en électricité: des générateurs qui condensent et décondensent le biogaz et qui créent ainsi de l’électricité existent, mais ne sont pas vendus en France.
En République démocratique du Congo, le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques a officiellement déclaré ses premières recettes sur le biogaz depuis que la taxe inhérente a été instaurée en février 2013. Selon la Direction générale des recettes administratives, domaniales, judiciaires et des participations, la taxe relative à l’autorisation d’installation des unités de biogaz a rapporté en juin 2017, quelque 33 816 014 FC alors même que le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, comme les années précédentes, n’y avait pas prévu des prévisions budgétaires.
À fin exercice, selon les dernières estimations, la barre symbolique de 100 millions de francs était à portée du service d’assiette percepteur. Mais l’énergie étant un des secteurs de plus enclins au coulage des recettes et ses corollaires (omission des prévisions budgétaires, fausses déclarations sur la clientèle, collaboration difficile avec la DGRAD, etc.), il est difficile de disposer des statistiques crédibles sur les producteurs de biogaz en RDC. D’ailleurs pour l’exercice 2018, le ministère a considérablement réduit les prévisions sur la taxe relative à l’autorisation d’installation des unités de biogaz à moins de 20 millions de francs. Pourtant, le biogaz, comme technique de production de l’électricité est en pleine expansion à travers le monde.
En tout, quelque 26 foires et salons internationaux sur le biogaz se tiendront en 2018 dans 21 villes et 12 pays dont six en Allemagne, quatre en France et deux en Chine. La participation de la RDC, au niveau étatique, dans l’une ou l’autre de ces assises n’a pas encore été confirmée de manière officielle. Pourtant, le gouvernement s’est engagé dans le biogaz depuis 2011, soit deux avant l’instauration de la taxe sur l’autorisation d’installation des unités de biogaz.
Bio-économie intégrée
L’expérimentation du biogaz ou gaz domestique à base des excréments du bétail a été lancée, il y a 7 ans, à la ferme présidentielle de la N’Sele, dans la périphérie est de Kinshasa. Au cours de la même année (2011), le gouvernement a lancé le projet du système Bio-économie intégré (BEI) avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA). Ce projet consiste notamment à la production et à la vente du biogaz. Cette fois, même les excréments humains avaient servi des matières premières aux côtés des défécations des animaux et de la fiente des volailles.
Il sied de noter d’autres matières peuvent également servir au biogaz dont les déchets végétaux, du bois mort, etc. Mais, plutôt que des agents du ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, ce sont des ingénieurs du ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Élevage venus notamment du Katanga, du Kongo-Central et du Sud-Kivu qui ont bénéficié du projet BEI. La RDC dispose également d’un laboratoire de recherche sur le biogaz, qui est rattaché à l’université de Kinshasa. Selon le PNUD, le biogaz, utilisé comme énergie, sert notamment à faire tourner les motos, les cuisinières et autres moteurs à gaz et peut servir également pour l’éclairage.
Le PNUD veut aider la RDC à étendre la culture du biogaz à tout le territoire national, en associant des engrais biologiques pour obtenir plus de capacité énergétique. Pour cette agence du système des Nations Unies, le biogaz a le mérite d’estomper, à long terme, le rythme de la coupe du bois.