DEPUIS le 16 septembre, le suisse Terminal Investment Ltd (TIL) a été désigné nouvel opérateur du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala (PAD). Ce n’est pas encore tout à fait acquis, fait savoir le groupe Bolloré qui a déposé des recours auprès des tribunaux de Douala et Paris. L’entreprise française aurait par ailleurs sollicité l’arbitrage direct de Paul Biya, le président de la République du Cameroun, pour préserver ses droits qu’elle estime floués. Selon toute vraisemblance, Cyrille Bolloré, fils du milliardaire français Vincent Bolloré, a imploré dans une lettre le président camerounais de ne pas lui retirer le port de Douala.
En dépit de plus de 20 ans de partenariats réussis avec l’État du Cameroun, plusieurs sociétés locales du groupe, ont fait l’objet récemment de traitements injustes. DIT s’est vu réclamer des pénalités, et dénier le droit de mettre en application un accord signé avec le port de Douala après 6 mois de négociations. Elle n’a pas été autorisée à répondre à l’appel d’offres relatif à sa propre succession.
Bolloré sollicite donc le haut arbitrage de Paul Biya afin que l’accord signé le 4 octobre 2017 entre le port de Douala et DIT soit mis en œuvre ; cette mise en œuvre permettrait de faciliter le lancement du port de Kribi en mettant en place une synergie entre les deux ports, de solder à l’amiable tous les différends opposant le PAD et DIT et enfin de relancer sereinement un appel d’offres de mise en concession du terminal à conteneurs de Douala sur une base équitable. Le contrat de DIT, filiale portuaire de Bolloré, a débuté en 2005 pour prendre fin en 2019.
Mais, le 17 septembre, l’Autorité portuaire du Cameroun a dévoilé le nom du nouvel opérateur du terminal à conteneurs du PAD, au terme d’un processus d’appel d’offres. Après quinze ans d’activité, Bolloré a ainsi perdu une position privilégiée sur ce port, l’un des plus importants sur la côte ouest-africaine. Le groupement Bolloré APMT, c’est quatre-vingts terminaux dans le monde et plus de trente-trois milliards d’euros de capitalisation boursière. Le groupe français conteste qu’il soit éliminé en phase de pré-qualification, mettant en relief la solidité financière et l’expérience. À ce niveau, et au vu des concurrents sur la liste, Bolloré pense qu’il n’y a pas photo.
Pour sa part, l’Autorité portuaire camerounaise se justifie, prétextant que le processus a été mené en toute transparence. Selon le PAD, les principaux résultats de l’analyse comparative de l’offre de Terminal Investment avec la concession actuelle de Douala International Terminal montrent que l’offre du nouveau concessionnaire est largement plus avantageuse pour le Cameroun. Toutes les redevances de concession proposées par TIL, sur les 15 années du contrat de concession, représentent au total 357 milliards de FCFA (543 millions d’euros), contre 62 milliards de FCFA (94 millions d’euros) pour la concession de DIT de Bolloré. Selon les chiffres du PAD, l’offre de l’opérateur suisse rapporterait donc 5,7 fois plus qu’actuellement.
Une telle différence se justifie à la fois par un taux moyen de redevance de 33 % au lieu de 11 %, et par une augmentation du chiffre d’affaires deux fois plus importante, suite à un programme investissement de 153 milliards de FCFA (contre 52 milliards de FCFA pour Bolloré).
Bolloré garde un pied
Le Guichet unique du commerce extérieur (GUCE) du Cameroun et la société Bolloré Transport & Logistics ont signé, le 17 septembre, une convention de partenariat, en marge de la conférence internationale des Guichets uniques sur le commerce électronique. L’accord vise l’amélioration de la compétitivité du transit au Cameroun et la facilitation des échanges à travers la simplification des procédures à l’import-export. Il s’agit de créer un cadre permanent de collaboration entre les deux entités, en vue de simplifier les opérations de transit et de dédouanement à travers la dématérialisation des procédures du commerce extérieur.
Pour rappel, Bolloré Transport & Logistics avait déjà signé, le 19 août 2016 et le 13 avril 2018, deux protocoles d’accords avec la Direction générale de la douane pour renforcer la facilitation, la sécurisation et la dématérialisation des procédures d’échanges commerciaux, la fluidification du passage des marchandises et la réduction des coûts et délais.