Après la découverte d’un gisement pétrolier à 100 kilomètres au large des côtes sénégalaises, une grande incertitude plane sur la qualité de cet or noir. Personne ne s’emballe encore, en attendant la confirmation lors des forages prévus en 2015.
Le Sénégal va-t-il, à son tour, rejoindre le carré des pays africains producteurs de pétrole ? Joint par RFI, le directeur de l’Institut africain de l’énergie, Jean-Pierre Favennec, estime qu’il est difficile, à cette étape, de déterminer avec précision la qualité de ce pétrole. « Une campagne de forages est, je crois, prévue à partir du début de l’année prochaine. Et c’est à l’issue de cette campagne que l’on saura si ces indices très prometteurs que l’on a pour l’instant, permettent de mettre en production et d’assurer par conséquent, au Sénégal, une production pétrolière significative », a-t-il répondu. Même discours de patience, côté gouvernement sénégalais. Le ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, pense qu’il y a encore « beaucoup de pas à franchir. » Le potentiel de ce gisement est estimé à 250 millions de barils de pétrole (avec 90 % de probabilité) et à 2,5 milliards de barils (avec 10 % de probabilité). Ce qui pourrait avoir des retombées économiques importantes pour le Sénégal. Aly Ngouille Ndiaye indique cependant qu’il est encore très tôt d’en parler. « Il faudra un peu de patience pour évaluer son apport exact à l’économie », se méfie-t-il. Se référant aux analyses de l’échantillon, Jean-Pierre Favennec a souligné qu’il pourrait s’agir d’un brut relativement léger. Une fois produit, ce pétrole léger pourrait alimenter une partie de Dakar, la capitale sénégalaise, voire être exporté sans difficulté. Mais l’on n’en est pas encore à ce stade qui exige, pour y arriver, trois à quatre années de travaux, estime-t-il. Avant le premier baril de ce gisement, il faudra une série de forages d’exploration et la construction des installations de production. Le plus rassurant, pour lui, est que le premier forage ait donné des « indices intéressants du pétrole et du gaz. » Après plus de soixante ans de recherches, c’est finalement l’entreprise britannique Cairn Energy qui a réussi à découvrir ce gisement à 1427 mètres de profondeur sur le puits FAN-1 situé sur le bloc Sangomar profond (‘’Sangomar deep’’). Cette entreprise qui gère déjà trois blocs d’exploitation pétrolière au Sénégal a annoncé des travaux d’évaluation supplémentaires. Objectif : calibrer le puits et déterminer l’étendue de la découverte. Cairn Energy et ses partenaires, l’américain Conoco Phillips, l’australien FAR et la Société nationale pétrolière du Sénégal Petrosen se réjouissent, tout de même, d’une « avancée substantielle » dans leurs recherches. D’après Jean-Pierre Favennec, ce gisement n’a aucun lien avec celui des côtes mauritaniennes, au nord du Sénégal. Il y a au moins 1000 kilomètres qui séparent les deux gisements. Par ailleurs, il a relevé que l’Afrique de l’Ouest a un potentiel non négligeable en ressources pétrolières. Des recherches en off-shore qui se poursuivent dans cette région peuvent toujours révéler de nouveaux gisements.