Bonnes perspectives pour le cobalt, le cuivre, le lithium et le nickel d’ici 2030

La CNUCED a annoncé que 23 millions de véhicules électriques devraient être produits d’ici 2030. Ce qui va doper la demande de matières premières pour les batteries de ces voitures particuliers.

DERRIÈRE la voiture électrique, il y a la batterie lithium-ion, et donc le cobalt, le lithium, le cuivre, le nickel ou les terres rares qui entrent dans le processus de leur fabrication. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) est formelle dans le rapport qu’elle a publié la semaine dernière : « Avec l’explosion des besoins due au boom des voitures électriques, la demande de matières premières utilisées pour la fabrication de batteries rechargeables augmentera rapidement à mesure que l’importance du pétrole en tant que source d’énergie diminuera… » En témoigne l’effondrement des prix dû à l’offre excédentaire et à la faible demande résultant de Covid-19. Ces dernières années, les ventes de voitures électriques ont explosé. Elles ont augmenté de 65 % en 2018 par rapport à l’année 2017, pour atteindre 5,1 millions de véhicules. « Cette hausse devraient même atteindre 23 millions en 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) », citée par la CNUCED. « Les sources d’énergie alternatives telles que les batteries électriques vont devenir encore plus importantes à mesure que les investisseurs se méfieront de l’avenir de l’industrie pétrolière », a confirmé Pamela Coke-Hamilton, la directrice du commerce international de la CNUCED, lors du lancement du rapport. Le marché de cathode pourrait dépasser plus de 58 milliards de dollars d’ici 2024, table l’agence onusienne dont le siège est à Genève en Suisse. Le marché mondial de cathode à base de lithium, la batterie automobile rechargeable la plus courante, était estimé à 7 milliards de dollars en 2018. « L’augmentation de la demande pour les matières premières stratégiques utilisées dans la fabrication des batteries de voitures électriques ouvrira davantage de débouchés commerciaux pour les pays qui fournissent ces matériaux », a déclaré Mme Coke-Hamilton.

Le rapport parie sur le dynamisme de ce secteur. Selon la CNUCED, les efforts en cours pour réduire les émissions de gaz à effet de serre devraient stimuler les investissements dans la production d’énergie verte, qui se sont maintenus au fil des ans, pour atteindre en moyenne 600 milliards de dollars par an. Les batteries rechargeables joueront un rôle important dans la transition mondiale vers un système énergétique à faible teneur en carbone. Pour la CNUCED, elles contribueront aussi à atténuer les émissions de gaz à effet de serre si les matières premières utilisées pour leur fabrication proviennent d’une source et sont produites de manière durable, indique le rapport.

Mais, souligne par ailleurs la CNUCED, il est aussi important pour les pays fournissant ces matériaux « de développer leur capacité à remonter la chaîne de valeur ». Surtout que la majeure partie de la valeur ajoutée aux matières premières utilisées dans la fabrication des piles rechargeables est générée en dehors des pays qui produisent ces matériaux.

La RDC interpellée

La CNUCED déplore, par exemple, que la valeur ajoutée aux minerais de cobalt par la République démocratique du Congo ne se limite qu’à des produits intermédiaires. Le traitement et le raffinage ultérieurs sont principalement effectués dans des raffineries en Belgique, en Chine, en Finlande, en Norvège et en Zambie pour obtenir les produits finaux utilisés dans les batteries rechargeables ainsi que pour d’autres applications.

Une façon pour l’agence onusienne de rappeler que Kinshasa, qui représente plus des deux tiers de la production mondiale de cobalt, n’a pas maximisé les avantages économiques de ce minerai en raison d’une infrastructure, d’une technologie, d’une capacité logistique et d’un financement limités et de l’absence de politiques appropriées pour encourager la valeur ajoutée locale. Le rapport de la CNUCED note que la fabrication d’électrodes positives pour les batteries de voiture est dominée par les pays d’Asie. En 2015, la Chine représentait environ 39 % du marché mondial, le Japon 19 % et la République de Corée 7 %. Dans le même temps, les réserves de matières premières pour les batteries automobiles sont fortement concentrées dans quelques pays. Près de 50 % des réserves mondiales de cobalt se trouvent en RDC. Près de 58 % des réserves de lithium se trouvent au Chili alors que 80 % des réserves de graphite naturel se trouvent en Chine, au Brésil et en Turquie. Selon la CNUCED, près de 75 % des réserves de manganèse se trouvent en Australie, au Brésil, en Afrique du Sud et en Ukraine. 

Pour la CNUCED, 20 % du cobalt fourni par la RDC proviennent des mines artisanales où le travail des enfants et les violations des droits de l’homme ont été signalés. Selon l’UNICEF, jusqu’à 40 000 enfants travaillent dans des conditions extrêmement dangereuses dans les mines pour un maigre revenu. Or, cette production très concentrée, susceptible d’être perturbée par l’instabilité politique et les effets néfastes sur l’environnement, suscite des inquiétudes quant à la sécurité de l’approvisionnement en matières premières des fabricants de piles. Le rapport avertit que les perturbations de l’approvisionnement peuvent entraîner un resserrement des marchés, une hausse des prix et une augmentation du coût des batteries de voiture, ce qui affectera la transition mondiale vers une mobilité électrique à faible intensité de carbone.

Un avenir radieux

Plus largement, si les véhicules électriques semblent promis à un avenir radieux, dynamisé par la transition écologique, le rapport met en lumière les impacts sociaux et environnementaux de l’extraction des matières premières pour les batteries de voiture. Au Chili, l’extraction du lithium utilise près de 65 % de l’eau de la région de Salar de Atamaca, l’une des zones désertiques les plus sèches du monde, pour pomper les saumures des puits forés. « Cela a provoqué l’épuisement et la pollution des eaux souterraines, obligeant les agriculteurs locaux de quinoa et les éleveurs de lamas à migrer et à abandonner les établissements ancestraux », fait remarquer la CNUCED. Le rapport souligne que cela a également contribué à la dégradation de l’environnement, à la dégradation des paysages et à la contamination des sols. Les effets néfastes sur l’environnement pourraient être réduits en augmentant les investissements dans les technologies utilisées pour recycler les piles rechargeables usagées.